Question au Gouvernement n° 4588 :
politique de l'emploi

14e Législature

Question de : Mme Marianne Dubois
Loiret (5e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 26 janvier 2017


CHIFFRES DU CHÔMAGE

M. le président. La parole est à Mme Marianne Dubois, pour le groupe Les Républicains.

Mme Marianne Dubois. Monsieur le Premier ministre, les chiffres du chômage dévoilés hier nous ont révélé une bien mauvaise surprise. Vous nous aviez promis une baisse spectaculaire et à nouveau nous constatons une augmentation.

Vous communiquez sur la tendance à la baisse de la catégorie A mais cette tendance semble bien fragile puisque la réalité, c'est que le nombre de chômeurs augmente de 0,8 %. Au total, il y a 550 000 Français de plus qu'en 2012 à se retrouver sans aucun emploi.

En réalité, les chiffres d'hier soir nous apprennent une chose : malgré tous vos artifices, vous n'arrivez pas à endiguer la hausse du chômage. Malgré les contrats aidés – coûteux et peu efficaces –, malgré le Plan « 500 000 formations », malgré une dizaine de lois inutiles, la courbe ne s'est pas inversée.

Votre quinquennat, c'est cinq milliards d'euros d'emplois d'avenir. C'est deux milliards d'euros pour l'aide « Embauche PME », dont le Trésor redoute un effet nul d'ici à cinq ans. Ce sont les milliards du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploie – CICE – mal utilisés et qui n'ont pas apporté le souffle d'air espéré aux entreprises. L'actualité des groupes Whirlpool et Vivarte en témoigne. Quel gaspillage !

Votre quinquennat, c'est l'échec des lois « Macron » et « El Khomri » : aucune réforme structurelle malgré l'inflation législative et des lois vidées de leur substance à coup de 49-3. C'est le quinquennat des velléités, non de la volonté.

Finalement votre quinquennat, c'est une ardoise qui continue de s'alourdir avec 1,1 million de demandeurs d'emploi supplémentaires depuis 2012, et aucune explication ne peut justifier ce gâchis.

M. Marc Le Fur. Eh oui !

Mme Marianne Dubois. Un parlementaire déclarait ce matin sur une chaîne nationale : « le bilan hélas du quinquennat sur ces questions d'emploi restera négatif ». Ce collègue n'est autre que Benoît Hamon. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Monsieur le Premier ministre, avez-vous conscience que, derrière ces chiffres, il y a des femmes, des hommes, des familles qui souffrent et qui se demandent de quoi sera fait demain ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Madame la députée, il n'a échappé à la sagacité de personne dans cet hémicycle que nous sommes en période électorale…

M. Christian Jacob. En pleine primaire du PS, oui !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. …et que cette période va conduire les différentes formations politiques et les candidats qui les représentent à s'affronter.

Mme Bérengère Poletti. Cela ne change rien aux chiffres du chômage !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Il est tout à fait normal qu'il y ait un débat sur la politique de l'emploi et sur la politique économique – c'est même hautement souhaitable pour éclairer les choix des Français.

M. Christian Jacob. Merci de nous autoriser à poser des questions !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. En même temps, madame la députée, vous conviendrez avec moi que si nous voulons que ce débat soit de qualité et respectueux de nos concitoyens, il doit s'articuler aux faits, à la réalité des chiffres et à rien d'autre.

C'est donc d'abord à la réalité que je voudrais faire référence. Est-ce que le chômage, l'an dernier, en France, a baissé ou pas ? La réponse est oui.

M. Christian Jacob. A-t-il baissé pendant le quinquennat ? La réponse est non ! Il y a un million de chômeurs de plus !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. On compte 107 000 chômeurs de moins, parce que nous avons mis en place une politique extrêmement offensive depuis cinq ans, car quelle situation avions-nous trouvé – cela votre question ne le dit pas, madame Dubois – ? (« Encore l'héritage ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il y a eu un million de chômeurs supplémentaires ; 750 000 emplois industriels ont été détruits, la compétitivité des entreprises a été fortement dégradée et leurs marges laminées. (« Faux ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Précisément parce que nous voulions mener des politiques structurelles, nous avons pris la décision de changer cet ordre des choses pour engager le pays dans un redressement durable.

Qu'avons-nous fait ? (« Nous savons ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. le président. S'il vous plaît !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Nous avons redressé la compétitivité des entreprises à travers la mise en place du pacte de responsabilité …

M. le président. On peut écouter la réponse !

M. Christian Jacob. Il n'y a rien dans sa réponse !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. …qui a permis une restauration des marges des entreprises de deux points et qui a permis à l'investissement industriel de repartir : cette année il est de 3,4 % alors qu'il était négatif lorsque vous avez quitté le pouvoir.

M. Christian Jacob. Hollande reviens, ils sont tellement bons !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Nous avons créé 240 000 emplois dans le secteur marchand au cours des dix-huit derniers mois et le chômage des jeunes, au moment où ce quinquennat s'achève, est plus bas qu'il ne l'était au moment où vous avez quitté le pouvoir.

M. Pierre Lequiller. Dans ce cas pourquoi François Hollande ne se représente-t-il pas ?

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je vous demande donc, lorsque vous posez des questions sur notre politique, de restituer la réalité (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain) et de ne pas être, sur ce sujet comme sur les autres, dans la dissimulation, dans la manipulation, de manière à éviter d'avoir à rendre compte de ce que vous avez fait quand vous étiez au pouvoir, au regard de ce que nous avons fait nous-mêmes. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain. – Vivres protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Je dis aux députés de la majorité dans son ensemble, quelles que soient les sensibilités qui la traversent : soyez fiers d'avoir soutenu un gouvernement qui, pendant cinq ans, a contribué à restaurer la situation des entreprises. (« Levez-vous ! Levez-vous ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.) Soyez fiers d'avoir restauré les marges des entreprises, soyez fiers d'avoir créé les conditions d'une relance de l'emploi industriel. (Mêmes mouvements sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Marleix. Allez debout !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Soyez fiers d'avoir contribué à inverser la tendance de la courbe du chômage et soyez fiers de contribuer aussi par le débat à restituer ce qu'est la réalité du bilan calamiteux du précédent quinquennat. (Mmes et MM. les députés du groupe socialiste, écologiste et républicain se lèvent et applaudissent.– Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Données clés

Auteur : Mme Marianne Dubois

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Emploi

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 janvier 2017

partager