Nouvelle-Calédonie
Question de :
M. Philippe Gomes
Nouvelle-Calédonie (2e circonscription) - Union des démocrates et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 1er février 2017
ATTAQUES DE VÉHICULES EN NOUVELLE-CALÉDONIE
M. le président. La parole est à M. Philippe Gomes, pour le groupe de l'Union des démocrates et indépendants.
M. Philippe Gomes. Monsieur le Premier ministre, je m'adresse à vous aujourd'hui avec une certaine gravité. Imaginez-vous au volant de votre véhicule sur une route de France que vous devez obligatoirement emprunter quotidiennement. Imaginez que, de façon récurrente, les automobilistes y fassent l'objet de tirs par armes à feu et de caillassages organisés.
Eh bien cette situation, depuis plus de trois mois, 15 000 Calédoniens la vivent chaque jour lorsqu'ils traversent la tribu de Saint-Louis, principalement les Mont-Doriens. C'est la peur au ventre qu'ils entrent dans cette zone, craignant pour leur vie et celle de leurs enfants.
La situation s'est aggravée ces derniers jours puisque pas moins de quatre véhicules ainsi que des blindés de gendarmerie ont fait l'objet de tirs nourris qui ont conduit à interrompre la circulation pendant trente-six heures.
Cette situation n'est pas tolérable sur le territoire de la République et il doit y être mis fin. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants et sur quelques bancs du groupe Les Républicains.)
J'en profite pour saluer le travail courageux effectué par les gendarmes dans un contexte particulièrement dangereux.
L'ensemble des formations politiques de Nouvelle-Calédonie, indépendantistes et non indépendantistes, a condamné unanimement ces exactions et mis en exergue le risque qu'elles faisaient peser sur la paix dans notre pays, paix à laquelle aspire l'immense majorité de la population.
Il faut donc revoir le dispositif en place aux abords de la tribu de Saint-Louis et mettre en place une zone de sécurité permanente, 24 heures sur 24, qui permette à nos concitoyens de circuler en toute sérénité lorsqu'ils traversent cette tribu.
Cette zone devra être maintenue tant que les auteurs des faits délictueux, ces tueurs en puissance, n'auront pas été incarcérés. Il faut agir vite avant qu'un drame ne survienne car après, il sera peut-être trop tard. Tel est le sens de mon interpellation. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Bruno Le Roux, ministre de l'intérieur. Monsieur le député, vous me permettrez, avant de répondre à votre question, d'adresser des vœux de prompt rétablissement aux quatre militaires de la marine nationale qui ce matin, lors d'un crash, ont été blessés, en particulier l'un d'entre eux. Je sais que je peux aussi leur adresser ces vœux en votre nom.
J'ai suivi de façon très attentive la situation sur la route provinciale 1 au niveau de Mont-Dore sur la tribu de Saint-Louis. Je vous l'assure, la situation ne peut pas durer plus longtemps.
Je veux rendre hommage aux quatre escadrons de gendarmerie, d'ailleurs à présent rejoints par un cinquième. Certains gendarmes ont été relevés et sont arrivés à Paris dimanche soir. Dès lors qu'ils auront pris leur permission, j'irai les voir pour parler avec eux de ce qu'ils ont vécu.
Cette situation de tension extrême a des conséquences graves sur nos concitoyens qui sont obligés d'emprunter chaque jour cette route.
J'ai demandé au directeur général de la gendarmerie nationale d'étudier avec le préfet la façon dont nous pourrions réadapter notre dispositif pour faire en sorte qu'il soit mis fin à cette situation de barrage et à l'escalade de la violence. Ce week-end, une voiture de gendarmerie a été transpercée, non pas avec une arme de guerre mais avec une balle qui a été transformée pour perforer le véhicule, donc pour tuer.
Cette situation n'est pas acceptable. Je veux être précis : nous procédons à des enquêtes sur ces violences. Elles ont conduit au placement en garde à vue de quarante-six personnes, à l'incarcération de onze individus et au placement sous contrôle judiciaire de dix personnes. Trois individus, dont nous soupçonnons qu'ils ont participé à ces attaques, sont activement recherchés.
En bref, c'est avec un nouveau dispositif, le renforcement des effectifs et une nouvelle stratégie que nous mettrons fin à une situation qui ne peut plus durer sur cette route provinciale. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
Auteur : M. Philippe Gomes
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er février 2017