Question au Gouvernement n° 601 :
Premier ministre

14e Législature

Question de : M. Henri Guaino
Yvelines (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 28 février 2013

POLITIQUE DU GOUVERNEMENT ET INTÉRÊTS CATÉGORIELS

M. le président. La parole est à M. Henri Guaino, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Henri Guaino. Monsieur le Premier ministre, quand je vous regarde agir, quand je regarde votre gouvernement, votre majorité, je ne peux pas m'empêcher de penser...
Un député du groupe SRC. Ne pensez pas !
M. Henri Guaino. ...aux hommes de la IVe République qui passaient leur temps à marchander avec tout le monde jusqu'à ce que la faillite économique et politique amène le pays au bord du gouffre. (" Bravo ! " et applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Depuis dix mois, vous servez tour à tour les minorités agissantes, les corporatismes, les communautarismes, les partis qui, le soir du 6 mai 2012, place de la Bastille, vous réclamaient déjà leur dû. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Quand tout est négociable, rien ne vaut rien, rien n'est sacré, aucun principe, aucune institution.
Et vous marchandez tout : le nucléaire, le mariage, le jour de carence des fonctionnaires, les impôts, le droit de vote des étrangers, et même la Constitution !
Quand vous recréez sous un autre nom les IUFM, pour rendre le pouvoir aux pédagogistes qui ont fait tellement de mal à l'école de la République ...(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)
M. Jean Lassalle. C'est vrai !
M. Henri Guaino. ...c'est encore la vieille politique des clientèles que vous mettez à l'honneur.
Les petits arrangements, le clientélisme ne font pas une politique. Mais ils feront, comme toujours, le malheur du pays.
À quand la facture de ce clientélisme présentée aux contribuables, aux retraités, aux familles, aux travailleurs ?
À quand l'impunité pour les voyous après la conférence de consensus sur la récidive, où vous n'avez invité que vos amis ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
À quand la PMA ? À quand la GPA pour plaire à une minorité ?
À quand la drogue en vente libre après les salles de shoot ?
À quand les quotas de jeunes que l'on commence à vous réclamer ?
À quand les quotas ethniques que l'on vous réclamera avec encore plus d'insistance ? (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
À quand le règne sans partage des appareils qu'amèneront l'interdiction du cumul des mandats et la proportionnelle ? (Huées sur les mêmes bancs.)
À quand le retour des principautés pour faire plaisir aux caciques locaux du parti socialiste qui se rêvent en grands féodaux ? (Exclamations persistantes sur les bancs du groupe SRC.)
Quand, monsieur le Premier ministre, ferez-vous en sorte que chacun de vos ministres cesse de se regarder comme le porte-parole d'une minorité ou d'un intérêt catégoriel ?
Quand cesserez-vous donc, monsieur le Premier ministre, d'être un Président du Conseil de la IVe République, pour devenir enfin un vrai Premier ministre de la Ve ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - De nombreux députés de ce groupe se lèvent pour applaudir. - Exclamations sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste, dont de nombreux membres se lèvent), que l'on écoute en silence.
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, ce discours que je viens d'entendre...
M. François Loncle. Délirant !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Je ne sais pas pour qui il était écrit, mais son auteur n'avait cessé d'écrire les discours d'un Président que les Français ont désavoué à cause de l'échec de sa politique ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste. - Exclamations et huées sur les bancs du groupe UMP.)
N'est pas Malraux qui veut. Il ne suffit pas de faire des effets de manches ! Je le répète ici, j'attends avec impatience le rendez-vous de la motion de censure que l'UMP annonce chaque semaine. Mais les orateurs de l'UMP et ses porte-parole ne sont pas toujours les mêmes... C'est normal, ils sont tous concurrents entre eux ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)
Nous, nous avons en charge les affaires de la France et l'avenir du pays. Et ce rendez-vous de la confrontation entre la France que vous nous avez laissée et la France que nous voulons redresser, oui, je l'attends avec impatience !
Le cap que nous avons fixé, c'est le cap du redressement du pays dans la justice. Vous savez dans quel état nous avons trouvé la France, les déficits qui n'ont cessé d'augmenter, la dette qui a explosé, le chômage qui n'a cessé de croître, avec un million de chômeurs de plus en cinq ans, la France qui s'est affaiblie sur le plan de la politique industrielle. C'est l'état dans lequel nous avons trouvé la France ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Eh bien, cela ne nous fait pas peur, parce que notre devoir, c'est de faire repartir la France. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC. - Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
C'est ce que nous avons engagé. La tâche est rude, mais nous allons la poursuivre, avec énergie et ténacité, parce que nous, nous avons confiance dans les capacités de la France, des Françaises et des Français. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Moi, monsieur Guaino, je n'ai pas de leçon à recevoir de votre grandiloquence. Moi, j'aime la France, je l'aime autant que vous et j'ai confiance dans les capacités des Françaises et des Français pour que notre pays redevienne un grand pays puissant en Europe et dans le monde. Cela demande du travail et du courage. Eh bien, nous, nous en avons ! (Mmes et MM. les députés des groupes SRC et écologiste se lèvent et applaudissent longuement. - Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et RRDP.)

Données clés

Auteur : M. Henri Guaino

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 28 février 2013

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