Question au Gouvernement n° 639 :
Mali

14e Législature

Question de : M. Philippe Folliot
Tarn (1re circonscription) - Union des démocrates et indépendants

Question posée en séance, et publiée le 14 mars 2013

MOBILISATION DE L'EUROPE AU SAHEL

M. le président. La parole est à M. Philippe Folliot, pour le groupe Union des démocrates et indépendants.
M. Philippe Folliot. Perdue de vue, disparue : bientôt un avis de recherche pourrait être lancé. Où est passée Mme Ashton, Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ? Si l'on parle du Mali, où est passée, avec Mme Ashton, l'Europe ?
Depuis le 11 janvier 2013, la France est engagée au Mali. Plus précisément, la France est engagée seule au Mali.
Dès l'annonce de l'opération Serval, les députés du groupe UDI et leur président Jean-Louis Borloo ont apporté un soutien sans réserve au Président de la République et au Gouvernement, dans un esprit de responsabilité et d'union nationale, face à une situation d'extrême urgence et de danger, tant pour la population malienne que pour les 6 000 ressortissants français de Bamako. Un hommage tout particulier doit être rendu à nos hommes, à nos soldats sur le terrain qui, dans des conditions difficiles, font un travail tout à fait remarquable. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI et UMP et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
Toutefois, dès les premières heures de l'intervention de nos troupes au Mali, et compte tenu de la gravité de la situation, le groupe UDI a demandé la réunion d'un sommet européen a appelé le Président de la République à un tour des capitales de l'Europe. Il a appelé le Gouvernement à une mobilisation véritablement européenne qui, à notre grand regret, n'a pas réellement eu lieu.
Trois mois après le début de l'opération Serval, où sont nos partenaires européens ? Au-delà d'un soutien logistique et hors l'aide à la formation, la France est toujours seule sur le terrain.
Pourtant, au-delà du Mali ou du Nord-Mali, c'est tout l'arc sahélien, méditerranéen, s'étendant jusqu'à l'Afrique centrale, qui est concerné. C'est bien la région tout entière qui connaît une grave crise et se trouve déstabilisée, par des trafics mais aussi par une guerre djihadiste. Face à un sujet panafricain, c'est donc une réponse paneuropéenne et internationale, qui est nécessaire. À ce titre, nous saluons la perspective de la mise en place d'une opération de maintien de la paix de l'ONU au Mali.
Monsieur le ministre, quel est votre plan d'action pour une mobilisation politique de l'Europe en Afrique en général, au Mali en particulier ?
M. le président. La parole est à M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, merci de votre soutien renouvelé, puisque vous la soutenez depuis le début, à l'initiative de la France au Mali - nous avons eu l'occasion d'en parler plusieurs fois.
M. Canfin vient d'expliquer, à juste raison, que, sur la partie développement, qui est importante même si, bien sûr, ce n'est pas la seule, nous avions le soutien de l'Europe. Nous l'avons demandé, nous l'avons obtenu, très bien.
De la même façon, pour être parfaitement honnête vis-à-vis de l'Europe, il faut reconnaître que la formation de l'armée malienne sera assurée, dans une large mesure, par des soutiens européens, comme vous le savez, monsieur Folliot. C'est une bonne chose.
En revanche, pour la partie sécurité, initiative militaire, votre constat est malheureusement assez exact : c'est essentiellement sur la France et sur les troupes africaines qu'il a fallu s'appuyer.
M. André Schneider. Eh oui !
M. Laurent Fabius, ministre. On comprend bien que c'était nécessaire au début. Nous n'allions pas, alors que l'attitude des groupes terroristes était ce que vous savez et que la décision devait être prise en quelques heures, consulter l'ensemble des partenaires. Certains nous ont aidés, et il faut le reconnaître. J'en discutais tout à l'heure avec mon collègue et ami M. Le Drian : en ce qui concerne le ravitaillement et un certain nombre d'aides logistiques, vous l'avez souligné, il y a eu des aides. Cependant, c'est vrai, la France et ses soldats, auxquels vous avez à juste titre rendu hommage, assument l'essentiel de la charge du travail et de la responsabilité.
M. Claude Goasguen. Pourquoi ?
M. Laurent Fabius, ministre. Ce n'est malheureusement pas surprenant, parce qu'il n'y a pas de politique de défense européenne. Nous devons, monsieur Folliot, unir nos efforts pour qu'il y ait vraiment, à l'avenir, dans ces circonstances et dans toutes les autres une véritable action européenne.
La France n'est pas seule, on le verra à l'ONU. Simplement, une fois de plus, elle est à l'initiative.

Données clés

Auteur : M. Philippe Folliot

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 mars 2013

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