Premier ministre
Question de :
M. Xavier Bertrand
Aisne (2e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 17 avril 2013
GOUVERNEMENT DE LA FRANCE
M. le président. La parole est à M. Xavier Bertrand, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaireM. Xavier Bertrand. Ma question s'adresse normalement à monsieur le Premier ministre car un premier ministre normal daigne répondre à l'opposition quand elle l'interpelle. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Un premier ministre normal ne s'enfuit pas de la salle du conseil national du Parti socialiste quand des salariés de PSA entrent dans cette salle (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP - Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Un premier ministre normal ne se laisse pas contredire tous les jours par le président de l'Assemblée nationale, que les députés de gauche viennent d'applaudir.
M. Marcel Rogemont. Il faudrait aussi avoir une UMP normale !
M. Xavier Bertrand. Un Premier ministre normal ne se laisse pas insulter par son ministre du redressement productif. Et un Premier ministre normal ne se laisse pas contredire par le ministre chargé des relations avec le Parlement quand il s'agit de la publication de la déclaration de revenus des parlementaires.
Alors comme, bien évidemment, vous ne répondrez pas, je vous demande de transmettre ce message à celui qui dirige vraiment le Gouvernement - le Président de la République -, et de lui rappeler, comme le disait M. Montebourg, que la France ne se dirige pas comme un conseil municipal. Dites-lui aussi, comme M. Cherki, que la France ne se gouverne pas comme un conseil général. Dites-lui enfin qu'il n'est plus à la tête du parti socialiste et qu'il ne s'agit pas de faire le dos rond, de faire plaisir à tout le monde et de rester enfermé dans son bureau pour gouverner la cinquième puissance mondiale.
Aujourd'hui, sur la question du mariage pour tous, vous ne passerez pas comme cela, monsieur le Premier ministre. François Mitterrand n'était pas obligé, en 1984, de souhaiter un référendum mais il a compris que la France serait profondément déchirée et que cela ne passerait pas comme cela. Alors effectivement, c'est maintenant qu'il faut un référendum, pour donner le pouvoir au peuple !
M. Henri Emmanuelli. Frustré !
M. Xavier Bertrand. Sur toutes ces questions, souhaitez-vous réellement que les Français sortent de l'attitude qui est la leur ? Ils sont soit exaspérés par la façon que vous avez de ne pas les respecter, soit inquiets pour l'avenir économique et social. Il est temps de changer, il est temps d'abandonner les ficelles politiques et l'enfumage sur la transparence, il est temps aussi de changer de politique, et que vous découvriez le courage politique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. (Mmes et MM. les députés des groupes SRC, écologiste et RRDP se lèvent et applaudissent.) Monsieur le député, je vous connais bien. Vous avez été pratiquement dix ans membre du gouvernement de droite. Vous avez une responsabilité dans la situation dans laquelle nous avons trouvé le pays. Vous demandez des comptes au Gouvernement, vous en avez le droit, mais ne laissez pas croire aux Français que, onze mois après, nous puissions régler dix ans d'incurie, d'abandon, de conduite de politiques qui ont affaibli la France et dont vous avez la responsabilité (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Alors, oui, " le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire " : c'est une phrase de Jean Jaurès, et c'est ma référence ! Le courage, c'est de dire la vérité, et la vérité, c'est que le pays s'est affaibli depuis dix ans, que vous l'avez conduit au déclin, et que le courage de ce gouvernement, c'est non seulement de le dire, mais de relever le défi du redressement (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC), de le faire dans la justice, dans la durée, pour que la France devienne non seulement forte, mais plus juste, qu'elle puisse peser en Europe et retrouver le rôle de leader qu'elle a perdu. Moi, je ne renoncerai pas ! Ce combat, nous l'avons engagé ! Monsieur le député, vous avez le droit de dénigrer le Gouvernement, de le mépriser, mais moi je respecte les Français, je suis là au service de la France, et je continuerai avec le Gouvernement et l'appui de la majorité tout entière ! (Mmes et MM. les députés des groupes SRC, écologiste, RRDP et GDR se lèvent et applaudissent)
Auteur : M. Xavier Bertrand
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 avril 2013