croissance et emploi
Question de :
M. Guillaume Chevrollier
Mayenne (2e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 29 mai 2013
DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À LEIPZIG
M. le président. La parole est à M. Guillaume Chevrollier, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Guillaume Chevrollier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Notre Président de la République est le maître du double jeu : en dehors de nos frontières, il vante des politiques qu'il n'applique pas en France.
Un très bon exemple de ce double langage est le discours qu'il a prononcé à Leipzig, où il a jugé bon de se rendre pour fêter le 150e anniversaire du parti social-démocrate allemand. Il y a fait l'éloge de l'unité - très bien -, mais il a aussi loué l'action de ses camarades socialistes allemands, qui ont su lutter pour l'emploi avec le succès que l'on connaît.
Notre Président va-t-il enfin apporter à notre pays les réformes dont il a besoin ? Ses propos ont relancé notre espoir : " Le progrès, c'est aussi de faire des réformes courageuses pour préserver l'emploi [...]. On ne construit rien de solide en ignorant le réel. [...] Le réformisme, ce n'est pas l'acceptation d'une fatalité mais l'affirmation d'une volonté. "
M. Michel Vergnier. Très bien !
M. Guillaume Chevrollier. Mais les intentions courageuses n'ont été que de courte durée, car notre Président s'est ensuite défaussé en disant : " [...] tout n'est pas transposable. Nos pays sont différents. "
Monsieur le Premier ministre, quand votre Gouvernement entreprendra-t-il donc les réformes structurelles dont notre pays a besoin pour redresser le niveau de l'emploi : donner sa place au travail au lieu d'en alourdir le coût, comme vous l'avez fait pour les heures supplémentaires des ouvriers et des employés ; aider les entreprises au lieu de les taxer ; baisser les dépenses publiques qui gangrènent notre budget ; rendre le moral aux Français au lieu d'augmenter leurs impôts et leurs contraintes, des hausses qui frappent tout le monde, y compris les retraités et, désormais, les familles, avec la réforme des allocations familiales ?
Monsieur le Premier ministre, quand les socialistes français lutteront-ils efficacement contre le chômage ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances. Tout d'abord, je remercie M. Chevrollier d'avoir évoqué " notre " Président de la République, car celui-ci est en effet le président de tous les Français et vous ne devriez pas, sur certains bancs, l'oublier.
Quant au 150e anniversaire du SPD, il n'y a pas d'anomalie à ce que le Président de la République s'y soit rendu. Permettez-moi de souligner les raisons qui le justifiaient. Le SPD a été - avec l'autre grand parti allemand, la CDU-CSU - l'un des deux piliers de la reconstruction de la démocratie en Allemagne et de la lutte contre le nazisme. C'est la raison pour laquelle - vous l'avez sans doute remarqué - Mme Merkel était également présente à cet anniversaire. C'est une forme de dignité du débat public qu'il faut saluer et dont chacun devrait s'inspirer.
Le Président de la République a prononcé un discours dans lequel il a fait l'éloge du courage, du réformisme, de la capacité, au besoin, à bousculer certains tabous. C'est ce que nous faisons : nous menons une politique réformiste, courageuse.
M. Guillaume Chevrollier. Non !
M. Pierre Moscovici, ministre. Hier, j'ai passé la journée en Seine-Maritime et dans la Somme pour voir comment les entreprises appliquaient le crédit d'impôt compétitivité emploi. Je tiens à dire ici que cette mesure fonctionne : le préfinancement est en place, la Banque publique d'investissement a été rejointe par les banques privées. Cet effort pour la compétitivité est sans précédent.
Vous savez également que nous avons réformé le marché du travail. Nous l'avons évoqué ce matin avec M. Michel Sapin, Mme Ursula von der Leyen et M. Wolfgang Schäuble. C'est la plus importante réforme du marché du travail qui a été faite depuis quarante ans.
En matière de réforme - de réforme réelle, permettant le progrès - comme en matière de courage, nous n'avons vraiment pas de leçons à recevoir de vous...
M. Claude Goasguen. La France va bien !
M. Pierre Moscovici, ministre. ...car c'est en effet ce pays que nous voulons transformer, redresser, auquel nous voulons ouvrir des perspectives. Celles-ci viendront avec ce travail patient, acharné, positif, en prenant l'offensive ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
Auteur : M. Guillaume Chevrollier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Économie et finances
Ministère répondant : Économie et finances
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 mai 2013