15ème législature

Question N° 1002
de M. Loïc Prud'homme (La France insoumise - Gironde )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire

Rubrique > environnement

Titre > politique de l'environnement

Question publiée au JO le : 14/06/2018
Réponse publiée au JO le : 14/06/2018 page : 6005

Texte de la question

Texte de la réponse

POLITIQUE DE L'ENVIRONNEMENT


M. le président. La parole est à M. Loïc Prud'homme, pour le groupe La France insoumise.

M. Loïc Prud'homme. Ma question s'adresse au ministre Nicolas Hulot. Monsieur le ministre, je ne peux plus vous qualifier de ministre de la transition écologique !

Vous acceptez sans broncher que la sortie du glyphosate ne soit pas inscrite dans la loi, laissant les lobbies de la chimie continuer à diffuser leurs pesticides et décider de notre santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Vous validez les projets de bétonnage généralisé, comme le grand contournement ouest de Strasbourg ou le projet EuropaCity, que votre collègue Jacques Mézard tente d'imposer sur 300 hectares de terres agricoles pour le plus grand bonheur du groupe Auchan !

Vous regardez sans frémir se dessiner une programmation pluriannuelle de l'énergie dont tout scénario de sortie du nucléaire a été gommé. Sans doute faites-vous confiance aux philanthropes d'EDF et d'Orano !

Vous soutenez sans réserve le projet de poubelle nucléaire Cigéo à Bure, sur lequel l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l'ANDRA, a déversé des millions d'euros de subventions pour acheter les consciences des élus et le silence des habitants : 130 ans de suivi assuré pour cet enfer nucléaire, alors que les déchets radioactifs le sont pour des milliers d'années. Là encore, le lobby du nucléaire a su vous convaincre.

Enfin, sur la déforestation, vous abdiquez sans regret, que ce soit en Guyane avec le projet minier de la « Montagne d'Or » ou en permettant l'importation de plus de 300 000 tonnes d'huile de palme pour la raffinerie de La Mède au profit de Total, et sans doute aussi pour aider votre collègue Le Drian à vendre quelques avions Rafale à l'Indonésie ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI.) Par votre décision, les grands singes et toute la biodiversité des forêts primaires sont condamnés à la disparition. Et, au passage, vous validez une hérésie : nos terres agricoles serviraient à faire rouler des voitures plutôt qu'à nourrir des gens.

Alors ma question est simple et bienveillante, monsieur le ministre. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Prendrez-vous ombrage si à l'avenir je pose ces questions de transition écologique et d'environnement directement à Bayer, Vinci, Auchan, Orano, Dassault Aviation ou Total, qui sont les vrais décisionnaires ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI ainsi que sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le député, je peux me soumettre à beaucoup d'exercices, mais vous répondre en deux minutes sur autant de caricatures… Je préférerais un autre format. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM et sur plusieurs bancs du groupe UDI-Agir.)

Croyez-moi, l'autosatisfaction dans le domaine de l'écologie, ce n'est pas mon genre. Parfois même, quand je nous regarde, je me désole ; mais quand je me compare, je me console. (Mêmes mouvements.) Car la France est leader en Europe sur beaucoup de sujets !

Je prends un seul exemple : celui du glyphosate. Vous avez oublié l'essentiel : sans l'intervention de la France, sans ma propre intervention, l'Europe repartait pour dix ou quinze ans de réutilisation du glyphosate, sans autres préconisations ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UDI-Agir et MODEM. - Mmes et MM. les députés du groupe LaREM se lèvent et applaudissent vivement.)

Ne l'oubliez pas ! Moi aussi, j'aurais préféré que la sortie du glyphosate soit inscrite dans la loi. Mais une seule chose compte : c'est que dans trois ans, nous allons sortir du glyphosate – et ensuite, ce sera le tour de toutes les molécules dont les nouvelles technologies nous aurons permis de vérifier la toxicité.

M. Ugo Bernalicis. La planète, elle, n'attend pas !

M. Jean-Luc Mélenchon. Ils lui ont enlevé le cerveau…

M. Nicolas Hulot, ministre d'État . Nous changeons d'échelle. Avant, on mettait tout sous le tapis ; maintenant, j'ai tout posé sur la table, et nous prendrons nos responsabilités.

Quant à mon bilan, je le dresserai, en toute objectivité, en temps voulu ! (Mmes et MM. les députés des groupes LaREM et MODEM se lèvent et applaudissent longuement. – Applaudissements sur les bancs du groupe UDI-Agir.)

M. Erwan Balanant. Ça suffit, les mensonges !