Rubrique > bois et forêts
Titre > Projet de Méga Scierie à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées
Mme Bénédicte Taurine interroge Mme la ministre de la transition écologique sur le projet de méga scierie à Lannemezan dans le département des Hautes-Pyrénées. « En ces temps d'urgence climatique, détruire le réservoir à C02 que sont les forêts, c'est du suicide » : ces propos sont ceux d'un des porte-paroles du collectif de 43 associations présent dimanche 11 octobre 2020 sur le plateau de Lannemezan pour manifester contre l'installation de la méga scierie du groupe italien FLORIAN. Le groupe industriel a pour projet d'exploiter 50 000 m3 par an de grumes de bois d'œuvre de hêtre de bonne qualité (cela implique l'abatage de 450 000 à 500 000 m3 de hêtres toutes qualités confondues) provenant de la chaîne pyrénéenne, sur une durée de seulement 10 ans. D'après l'ONF, 45 % de ce volume n'est pas immédiatement disponible, d'importants travaux seront nécessaires, par exemple de nouvelles pistes et routes forestières, multiplication de exploitations par câble mais aussi augmentation du transport routier. Mme la députée s'interroge sur le fait que le groupe sollicite 60 % de subventions publiques pour son projet à 11 millions d'euros avec seulement 25 emplois directs ; il s'agit d'une maigre compensation au désastre écologique à venir. Comme le dit très bien l'association Sos Forêt Pyrénées, le flou sur lequel se base ce projet, relève plus du pari industriel que d'une étude de faisabilité sérieuse et solide. Il faut pérenniser une gestion et un usage local et alternatif des forêts où associations et entreprises locales travaillent main dans la main en respectant l'environnement. Est-il concevable d'imaginer que les panneaux qui sortiront de l'usine de Lannemezan seront exportés et reviendront ensuite sous forme de meubles. Il faut donner les moyens aux entreprises locales d'inventer une filière complète, de l'abattage à la transformation, susceptible d'assurer une exploitation raisonnée de la ressource forestière et de créer de vrais emplois durables et non pas d'installer une entreprise sur une période de 10 ans. Le lancement d'une réflexion avec tous les acteurs concernés pour tracer d'autres pistes pour l'exploitation des forêts est nécessaire. Mme la députée s'oppose à l'industrialisation et à la marchandisation de la forêt. C'est ce qu'elle fait en dénonçant les projets de méga scierie, le démantèlement et la privatisation de l'ONF. Le projet de Lannemezan est symptomatique du mal qui est fait aux forêts et à la filière bois françaises. L'exemple des forêts est emblématique des logiques économiques libérales et productivistes qui conduisent dans le mur. La pandémie de la covid-19 a mis à nu la nécessité de souveraineté. On doit valoriser les matières premières nationales. Et la France est une grande nation forestière ! La forêt est un bien commun essentiel dans la lutte contre la crise climatique et écologique. Les forêts stockent le carbone, participent du bon fonctionnement du cycle de l'eau. On est certain que l'absence de planification conduit à la catastrophe. Elle lui demande si elle est prête à stopper ce projet et à mettre en œuvre de façon planifiée une filière bois française durable et pourvoyeuse d'emplois.
PROJET DE SCIERIE DU GROUPE FLORIAN À LANNEMEZAN.