Rubrique > établissements de santé
Titre > Lits d'hospitalisation et de réanimation
M. Nicolas Dupont-Aignan appelle l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la capacité du système de santé français en matière de lits d'hospitalisation et, en particulier, de lits de réanimation. Alors que M. le ministre de la santé déclarait le 18 novembre 2020, lors d'un séminaire professionnel des hospitaliers, vouloir sortir « totalement du dogme de la réduction des lits lorsqu'il y a des transformations de projets hospitaliers », la triste réalité du terrain est bien différente. Si, d'après la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), 4 000 lits ont été fermés en 2018 et 3 400 en 2019, s'ajoutant aux 69 000 places d'hospitalisations à temps complet déjà supprimées entre 2003 et 2017, cette tendance n'appartient hélas pas au passé ! En effet, en Essonne, la suppression à terme des trois structures de Longjumeau, Juvisy et Orsay au profit d'un nouvel établissement à Saclay, fera disparaître près de 600 lits. Au centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV), établissement de santé de référence de la circonscription de M. le député, c'est le service d'hospitalisation de psychiatrie qui sera supprimé (soit 24 lits), pour être transféré à l'hôpital Paul Guiraud de Villejuif, éloignant et isolant d'autant les patients très fragiles de leurs familles du fait de la distance. À Limeil-Brévannes, ce sont 150 autres lits qui seront supprimés suite à la reconstruction de l'hôpital gériatrique Émile-Roux dans des bâtiments neufs. Le nouvel hôpital de Saint-Ouen, prévu à l'horizon 2027, remplacera quant à lui les hôpitaux de Bichat et Beaujon et fera perdre 26 % de la capacité actuelle, soit 200 lits. À Nantes, ce sont 100 lits qui ont été supprimés en pleine crise sanitaire. À Reims, 184 lits seront supprimés au CHU d'ici 2027. À Nice, 200 lits devraient être supprimés si l'on s'en tient au contrat de retour à l'équilibre financier adopté par le direction du CHU de Nice en 2017. À Marseille, ce sont 230 lits qui devaient disparaître d'après le plan d'équilibre budgétaire adopté en 2019. Au CHU de Nancy, ce seront 174 lits et 598 postes en moins d'ici 2024. Tous les députés qui, avant le non-cumul des mandats, ont présidé les conseils d'administration de leur hôpital, pourront attester de cette sinistre réalité, alors même que la crise sanitaire actuelle sans précédent démontre le caractère indispensable des structures de proximité. Quant aux lits de réanimation, les déclarations contradictoires du Gouvernement rendent impossible une lecture éclairée de la situation du pays et de sa capacité de soin. Or une nouvelle souche plus agressive de la covid-19 est annoncée ; elle n'épargnera vraisemblablement pas la France et le Premier ministre n'exclut pas un troisième confinement qui tuera définitivement les forces vives de la Nation. Face à ce constat, on est en droit de savoir : quels sont les vrais chiffres des lits de réanimation ? Pourquoi le Président de la République a-t-il annoncé, dans son allocution du 28 octobre 2020, 9 000 patients en réanimation pour la mi-novembre 2020, alors que l'on sait désormais qu'ils n'ont été « que » 4 880 selon Santé publique France ? Où en est-on des déclarations et des engagements de M. le ministre qui, le 22 octobre 2020, assurait que « nous avions dans notre pays historiquement 5 100 places de réanimation (...) nous sommes montés à 5 800 lits dans la durée à la faveur de l'été (...) plus 15 % de places de réanimation. Nous sommes capables de monter à 7 700 lits dans un délai de 15 jours (...) et s'il devenait nécessaire d'augmenter davantage encore la capacité d'accueil en réanimation, sachez qu'au 15 avril dernier il y avait eu 10 700 lits de réanimation armés et mobilisés pour accueillir les malades » ? Qu'en est-il du recrutement et de la formation des 7 000 infirmiers et médecins qui devaient venir prêter main forte à leurs collègues pour gérer les flux tendus de l'hôpital ? Peut-on connaître le nombre exact d'interventions chirurgicales déprogrammées en raison de la pénurie de lits dans les hôpitaux et de la réaffectation de ceux-ci aux malades du covid ? Les Français qui, jusqu'en mars 2020, pensaient bénéficier du meilleur système de santé du monde, se sentent aujourd'hui en insécurité sanitaire et sont en droit de demander des comptes au Gouvernement. Il souhaite connaître les réponses à ces questions.
CAPACITÉ DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS