15ème législature

Question N° 126
de M. Pierre-Yves Bournazel (UDI, Agir et Indépendants - Paris )
Question orale sans débat
Ministère interrogé > Intérieur
Ministère attributaire > Intérieur

Rubrique > drogue

Titre > Le trafic et la consommation de crack dans le métro parisien

Question publiée au JO le : 23/01/2018
Réponse publiée au JO le : 31/01/2018 page : 574

Texte de la question

M. Pierre-Yves Bournazel appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur la présence de trafic et de consommateurs de crack dans le métro parisien, problème manifeste depuis plusieurs années. Le phénomène, qui a lieu aux yeux de tous, est particulièrement sensible dans les stations du nord-est de la capitale sur les lignes 4 et 12, mais également sur les lignes 8, 9 et 5. Il a interpellé officiellement à plusieurs reprises la maire de Paris et le préfet de police sur ce sujet. Le 1er août 2017, il a adressé une question écrite pour connaître les mesures prises par le ministère de l'intérieur en termes de sécurité vis-à-vis des usagers et en termes de concertation entre la préfecture de police, la RATP, la ville de Paris et la région Île-de-France. Il apparaît que le phénomène s'est amplifié depuis quelques mois. La RATP reconnaît en effet des difficultés croissantes, un impact sur le sentiment de sécurité des voyageurs et du personnel, sur la régularité du trafic, ainsi que sur des dégradations matérielles qui entraînent des dépenses de maintenance significatives. Il est à noter que la RATP tente de mener des actions de sécurité et de prévention, y compris à travers la formation de ses agents. Toutefois, la situation qui perdure semble souffrir d'un manque de coordination des différents acteurs. Les stations touchées par la présence de deal et de consommation de crack sont localisées. Les individus consommateurs, dont la situation demande une prise en charge médico-sociale adaptée, sont pour la plupart identifiés dans la mesure où ils squattent les quais. Les dealers agissent au sein même des stations. Il souhaiterait connaître le plan d'actions en termes d'objectifs et de calendrier que le ministère de l’intérieur compte mettre en œuvre pour : renforcer la présence humaine sur le terrain ; lutter contre les trafics ; améliorer la coordination entre les services de l'État, la ville de Paris et la RATP ; prendre en charge plus efficacement les consommateurs sur le plan médico-social.

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE LE TRAFIC ET LA CONSOMMATION DE CRACK DANS LE MÉTRO


Mme la présidente. La parole est à M. Pierre-Yves Bournazel, pour exposer sa question, n°  126, relative à la lutte contre le trafic et la consommation de crack dans le métro.

M. Pierre-Yves Bournazel. Madame la ministre chargée des transports, ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

La présence du trafic et de consommateurs de crack dans le métro parisien, notamment sur les lignes 4 et 12, dans le nord-est de la capitale, pose de véritables problèmes de sécurité et de tranquillité publiques, tant pour le personnel de la RATP que pour les usagers. Les difficultés durent depuis de nombreuses années, avec parfois des pics ; récemment, il y a eu beaucoup d'agressions qui inquiètent les usagers et les membres de la RATP.

Face à cette situation, il faut évidemment assurer la sécurité et la tranquillité en permettant une meilleure coordination des services : la préfecture de police, le Syndicat des transports d'Île-de-France, la ville de Paris et la RATP. Il faut également instaurer un meilleur suivi psychologique et social des personnes dépendantes du crack, livrées à elles-mêmes. Les associations font un travail formidable, mais il faut amplifier le soutien pour sortir les consommateurs de drogue de cette spirale infernale.

Le ministre d'État a annoncé la création d'une police de sécurité du quotidien. Je soutiens cette mesure, qui va dans le bon sens – je voudrais d'ailleurs qu'on aille encore plus loin en créant enfin à Paris une police municipale, mais, cette démarche nécessitant de changer la législation, on y reviendra plus tard. Le Gouvernement peut-il nous informer sur la police de sécurité du quotidien ? Que pourra-t-elle faire ? Comment pourra-t-elle agir pour améliorer la sécurité, en coopération avec les différents partenaires, sur les lignes 4 et 12 ? Je souhaite que le 18e arrondissement soit pilote pour l'accueil de cette force. Je vous remercie par avance pour vos réponses car beaucoup de Parisiennes et de Parisiens attendent des engagements et une action durable.

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre chargée des transports.

Mme Élisabeth Borne, ministre chargée des transports. Monsieur Bournazel, la lutte contre la toxicomanie et les trafics de stupéfiants dans les transports en commun de la capitale constitue une mission prioritaire pour les services de l'État. La préfecture de police dispose d'une structure dédiée : la brigade des réseaux franciliens, la BRF, qui déploie dans les stations sensibles de la capitale des équipes spécialisées en tenue et des agents en civil. Dans les zones de sécurité prioritaires, comme celle de Barbès-Château rouge, dans le 18e arrondissement, les effectifs ont été renforcés dès 2012, ce qui a malheureusement conduit à un déport du phénomène, démontrant les limites d'une action concentrée sur la stratégie d'éviction.

C'est pourquoi, dès 2016, la préfecture de police mettait sur pied un plan d'action visant à lutter contre les dealers de crack et autres drogues dures dans les stations de métro des lignes 4 et 12. En un semestre, plus de 110 affaires étaient traitées, en association avec le groupe de protection et de sécurisation des réseaux, le GPSR, service de sécurité interne de la RATP. Étendues au printemps 2017 aux lignes 8 et 9, ces mesures, appuyées par le parquet de Paris, produisent des effets judiciaires et les vendeurs de crack sont condamnés systématiquement à des peines d'emprisonnement fermes. Entre 2016 et 2017, plus de 400 affaires liées à ce trafic de stupéfiants ont été traitées, conduisant à l'interpellation de 283 vendeurs et 406 consommateurs.

Le plan d'action comporte également des opérations sur la ligne 12, associant un nombre important d'agents de la BRF, du GPSR et de la gendarmerie mobile. Depuis le 9 novembre 2017, une convention partenariale entre la préfecture de la région Île-de-France et la RATP prévoit la mise en place de maraudes communes. Depuis le début de l'année 2018, la préfecture de police, la RATP et le parquet de Paris ont renforcé leur action pour assurer une présence ciblée sur les lignes où le problème est le plus prégnant, afin de sécuriser les usagers et les conducteurs et agents de la RATP.

Enfin, pour améliorer l'efficacité de ces actions de lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants, le parquet de Paris a récemment annoncé la création d'un GTLD – groupe local de traitement de la délinquance –, placé sous l'autorité du procureur de Paris, qui aura pour mission de traiter spécifiquement le problème des stupéfiants dans les transports.

Vous le voyez, c'est bien par une action conjointe et déterminée que nous parviendrons à endiguer ce phénomène.

Mme la présidente. La parole est à M. Pierre-Yves Bournazel.

M. Pierre-Yves Bournazel. Je vous remercie, madame la ministre, pour votre réponse. J'insiste beaucoup sur ce problème, source de graves difficultés. Un chiffre : ce deal est responsable de 800 mises hors tension du service public ; il engendre donc des ennuis au quotidien. Je souhaite voir s'instaurer une meilleure coordination entre les partenaires et les services impliqués afin que l'on obtienne des résultats tant en matière de sécurité et de tranquillité – on le doit aux usagers et au personnel – que de suivi des personnes dépendantes du crack, qu'il faut sortir de cette spirale infernale de la drogue. Il s'agit là d'une action sur le temps long, qu'il convient de mener avec les associations.