mouvement des "Gilets jaunes"
Question de :
M. Sébastien Leclerc
Calvados (3e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 21 novembre 2018
MOUVEMENT DES « GILETS JAUNES »
M. le président. La parole est à M. Sébastien Leclerc, pour le groupe Les Républicains.
M. Sébastien Leclerc. J'associe mon collègue Damien Abad à ma question.
Monsieur le Premier ministre, le week-end dernier, ceux que le Président de la République a si brillamment surnommés les « Gaulois réfractaires » et les « fainéants » se sont vêtus de jaune dans chacune de nos circonscriptions.
C'est un mouvement spontané qui ne doit rien au hasard mis qui résulte d'un écœurement fiscal à la suite de la succession de mesures que vous avez prises depuis plusieurs mois : baisse de l'aide personnalisée au logement – APL –, relèvement du taux de la CSG, durcissement des règles du contrôle technique des véhicules, mise en place, unilatéralement, de la limitation de vitesse à 80 kilomètres-heure et, pour finir, explosion de la fiscalité sur les carburants !
Monsieur le Premier ministre, c'est la France qui travaille, la France des classes moyennes, la France qui se lève tôt, la France qui n'a pas d'autre solution que de prendre sa voiture pour aller prendre son poste à quarante kilomètres de distance (Applaudissements sur les bancs du groupe LR), c'est cette France-là qui est aujourd'hui en jaune, et ce n'est pas votre plan de conversion écologique, bricolé à la hâte, annoncé en catastrophe mercredi dernier, qui répondra à la colère des Français !
Les aides que vous proposez ne sont pas à la hauteur de la situation alors que ceux qui manifestent n'arrivent déjà plus à boucler leurs fins de mois. Pensez-vous vraiment qu'ils pourront avancer l'argent pour s'acheter une nouvelle voiture ? Pas du tout ! Ils n'ont souvent même pas le premier euro à y mettre ! Vous proposez des aides pour compenser vos propres taxes !
Monsieur le Premier ministre, plus encore que vos mesures, c'est votre arrogance, celle de votre Gouvernement, celle, par exemple, de son porte-parole qui stigmatise les Français « qui fument des clopes et qui roulent au diesel »…
M. Thibault Bazin. Propos scandaleux !
M. Maxime Minot. Et en plus, il en rit !
M. Sébastien Leclerc. …c'est tout ce mépris de la « France des éloignés » qui est aujourd'hui responsable de cette situation.
Samedi dernier, les Français étaient en jaune. C'était pour vous un avertissement. Monsieur le Premier ministre, vous dites entendre leur colère mais nous vous demandons quant à nous, désormais, de réagir avant que toute cette colère ne dégénère. Au lieu de mettre de l'huile sur le feu, annulez, comme le demandent les Républicains, vos nouvelles augmentations de taxes sur les carburants ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) Mettez enfin un terme à cette accumulation sans fin de taxes que les Français ne peuvent plus supporter ! Rendez du pouvoir d'achat aux Français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'action et des comptes publics.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur le député, je suis vraiment…
M. Christian Jacob. Si vous ne savez pas quoi dire, vous pouvez vous taire !
M. Gérald Darmanin, ministre . …touché, monsieur le président Jacob, que vous-même et M. le député Leclerc n'ayez pas eu un mot à propos du décès d'une personne, pas un mot pour les personnes qui ont été grièvement blessées pendant les manifestations (Protestations sur les bancs du groupe LR), pas un mot pour condamner des violences racistes et homophobes ! (Protestations sur les mêmes bancs.)
M. Pierre Cordier. Ce sont des épiphénomènes !
M. le président. S'il vous plaît ! Seul le ministre a la parole.
M. Gérald Darmanin, ministre. Monsieur Jacob, nous pouvons partager ce constat – une partie des Français est en colère – mais nous ne pouvons pas cautionner la démagogie…
M. Ludovic Pajot. C'est vous, le démagogue !
M. Gérald Darmanin, ministre . …ni, manifestement, le manque de courage politique qui vous caractérise pour expliquer votre bilan aux Français (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) Au lieu de souffler sur les braises de la contestation, vous feriez mieux d'être solidaires de cette politique qui, bien que nécessaire, a suscité la colère !
Oui, monsieur le député Leclerc, permettez-moi d'être particulièrement choqué que, dans votre intervention, vous n'ayez pas eu un mot pour les blessés graves et pour la personne décédée aujourd'hui ! (Protestations sur les bancs du groupe LR.)
M. Maxime Minot. À cause de qui ?
M. Gérald Darmanin, ministre. Permettez-moi de vous faire remarquer que vous n'avez pas eu un mot pour les dizaines et les dizaines de blessés parmi les forces de l'ordre !
M. Maxime Minot. Ça mouline…
M. Sébastien Leclerc. Vous ne répondez pas à la question !
M. Gérald Darmanin, ministre. Ce matin, le ministre de l'intérieur, Christophe Castaner, a eu raison de dire que la manifestation, ce n'est pas l'anarchie, et qu'aujourd'hui des dizaines de gendarmes et de policiers ont été blessés. Or, vous n'en avez pas dit un mot dans votre intervention ! Ce qui vous intéresse, monsieur Leclerc, ce n'est pas de résoudre les problèmes des Français…
M. Jean-Yves Bony. Vous les méprisez !
M. Gérald Darmanin, ministre. …mais de surfer sur cette colère en proposant par démagogie des solutions que vous n'avez pas su apporter !
Alors oui, il faut rester humble ! La majorité doit rester humble et l'opposition aussi, parce que le ras-le-bol fiscal n'est pas nouveau. Si vous aviez été au pouvoir, vous auriez sans doute été confrontés au même problème.
M. Pierre Cordier. Nous, monsieur, nous n'aurions pas trahi notre camp !
M. Gérald Darmanin, ministre. En effet, aujourd'hui, il faut baisser considérablement les impôts et écouter la France populaire. Ce n'est manifestement pas en surfant, par démagogie, sur la situation et sur les colères que l'on y arrivera ! Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas la même façon de faire de la politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe MODEM.)
Auteur : M. Sébastien Leclerc
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Ordre public
Ministère interrogé : Action et comptes publics
Ministère répondant : Action et comptes publics
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 21 novembre 2018