15ème législature

Question N° 1409
de Mme Emmanuelle Ménard (Non inscrit - Hérault )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Action et comptes publics
Ministère attributaire > Action et comptes publics

Rubrique > ordre public

Titre > mouvement des "Gilets jaunes"

Question publiée au JO le : 21/11/2018
Réponse publiée au JO le : 21/11/2018 page : 12313

Texte de la question

Texte de la réponse

MOUVEMENT DES "GILETS JAUNES"


M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, au titre des députés non inscrits.

Mme Emmanuelle Ménard. Monsieur le Premier ministre, bien sûr, samedi, j'étais aux côtés des « gilets jaunes ». (Rires et exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)

Mme Brigitte Bourguignon. Nous n'en doutions pas !

Mme Olivia Gregoire. Quel courage !

M. Rémy Rebeyrotte. Quel aveu !

M. le président. Mes chers collègues, seule Mme Ménard a la parole.

Mme Emmanuelle Ménard. Pas seulement à cause du prix du carburant, mais pour ma ville, pour les villages des alentours, pour tous ceux qui n'ont pas la chance, comme moi, comme nous, de ne pas s'inquiéter pour leurs fins de mois.

Chez moi, à Béziers, c'est exactement cette France d'en bas, cette France méprisée, regardée avec condescendance, cette France sans cesse montrée du doigt, à qui vous faites toujours la morale, votre petite morale. (Exclamations continues sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Rémy Rebeyrotte. Récupération !

Mme Emmanuelle Ménard. En 2017, les automobilistes auront supporté 67 milliards d'euros de taxes et d'amendes diverses – c'est presque autant que l'impôt sur le revenu.

Cette France, elle n'en peut plus, elle ne s'en sort plus, et vous auriez tort de croire que tout cela n'est qu'un feu de paille. Cette France ne vous fait plus confiance, elle ne vous veut plus. Vous êtes « l'élite-kérosène en butte au populisme-diesel », comme j'ai pu le lire dans la presse.

M. Rémy Rebeyrotte. Collabo !

Mme Emmanuelle Ménard. Et quand vous la traitez de poujadiste, de nationaliste, de populiste, savez-vous ce qu'elle vous répond, cette France ? Si être du côté des petites gens, des laissés-pour-compte, des plus démunis, c'est être poujadiste, nationaliste ou populiste, alors oui, elle est tout cela. Et en plus, elle en est fière !

Monsieur le Premier ministre, trouvez-vous normal, acceptable ou supportable d'avoir plafonné, dans le budget de la sécurité sociale, la revalorisation des pensions de retraite et des allocations familiales à 0,3 %, et « en même temps », comme vous dites, d'avoir revalorisé les allocations pour les demandeurs d'asile de 1,6 % ? (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Je vous propose d'aller expliquer cela à tous ceux qui sont descendus dans la rue samedi dernier et qui y sont encore aujourd'hui, aux familles pauvres et aux retraités. Mais c'est vrai, ils ne comptent probablement pas car ils sont, comme vous dites, poujadistes, nationalistes et populistes. (Applaudissements parmi les députés non inscrits.)

M. Rémy Rebeyrotte. Et ménardistes !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'action et des comptes publics.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Madame la députée, vos propos sont des carburants, mais des carburants pour la fin de la démocratie. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Vous mélangez tout, madame Ménard.

D'abord, vous auriez pu dire que, dans la ville où vous avez manifestement défilé avec un gilet jaune, le maire, que vous connaissez manifestement bien, a payé avec de l'argent public…

Mme Olivia Gregoire. Très bien !

M. Gérald Darmanin, ministre . …des affiches totalement scandaleuses. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM. – M. Vincent Ledoux applaudit également.) Vous avez réussi à utiliser l'argent public, l'argent du contribuable, pour faire de la politique politicienne tout en dénonçant l'augmentation de la fiscalité. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)

M. Pierre Cordier et M. Maxime Minot . La campagne pour les élections européennes n'a pas encore commencé !

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues ! Seul M. le ministre a la parole.

M. Gérald Darmanin, ministre . Madame Ménard, vous mélangez la fiscalité avec l'accueil des étrangers. Votre carburant, vous le trouvez chez ceux qui souffrent car vous vivez des problèmes – vous ne voulez pas les résoudre. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et MODEM. – M. Vincent Ledoux applaudit également.)

M. Rémy Rebeyrotte. Eh oui !

M. Gérald Darmanin, ministre . Aujourd'hui, si le peuple gronde, si certains Français vivent dans la misère et connaissent des difficultés, cela ne date pas de dix-sept mois. Nous avons vu l'élimination de tous les hommes politiques ayant participé à un gouvernement.

Mme Marine Le Pen. Et vous, monsieur Darmanin ?

M. Gérald Darmanin, ministre . Mme Le Pen, qui est devant vous, a rassemblé 11 millions de voix à l'élection présidentielle. Qui peut dire, au bout de dix-sept mois, que la France est réparée ? La majorité est bien sûr consciente du travail très important à mener pour répondre à la souffrance des Français. (Exclamations parmi les députés non inscrits.) Il y a ceux qui veulent jeter de l'essence et du diesel sur le feu qui se consume dans le pays, et ceux qui veulent éteindre l'incendie. Pour ma part, je suis fier d'appartenir au Gouvernement, sous la présidence d'Emmanuel Macron. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – M. Vincent Ledoux applaudit également.)

M. Éric Straumann. Pompier pyromane !

M. Éric Diard. Vous êtes à sec !