gilets jaunes
Question de :
M. Olivier Faure
Seine-et-Marne (11e circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 29 novembre 2018
GILETS JAUNES
M. le président. La parole est à M. Olivier Faure.
M. Olivier Faure. Monsieur le Premier ministre, ce n'est pas une révolution, mais ce n'est pas non plus une simple grogne. La situation est devenue socialement explosive.
Ces gilets jaunes, ce sont des lanceurs d'alerte. Ils disent quelque chose des difficultés et de la souffrance vécues par des millions de femmes et d'hommes qui partagent la même histoire, et à présent la même colère.
Ce mouvement n'appartient à personne. Quiconque tentera de le récupérer s'y efforcera en vain.
M. François Cormier-Bouligeon. Ce n'est pas du tout ce que vous faites !
M. Olivier Faure. Pour autant, nous devons tous, ici, être mus par un souci commun : apporter des réponses et garantir une issue positive à cette crise. (Mme Valérie Rabault applaudit.)
Le Président de la République s'est exprimé hier. Il n'a pas convaincu, parce qu'il n'a répondu à aucune des deux questions qui lui sont posées : la fin du mois et la fin du monde. Les choix structurants sont renvoyés à plus tard. Les investissements demeurent très insuffisants ; surtout, ils ne correspondent absolument pas à ce que rapporte la fiscalité écologique.
M. Fabien Di Filippo. Le Gouvernement est dépassé.
M. Olivier Faure. S'agissant du pouvoir d'achat, rien. Pourtant, les Français ne vous demandent pas l'aumône ! Ils vous demandent l'égalité. Pourquoi les salaires sont-ils désormais davantage taxés que la rente et la spéculation ?
M. Éric Alauzet. Que n'avez-vous taxé la finance ?
M. Olivier Faure. Comment demander plus à ceux qui n'ont rien quand ceux qui ont tout bénéficient de vos largesses ?
Je vous fais donc, au nom des socialistes, deux propositions très simples : premièrement, retrouver 5 milliards par an pour le pouvoir d'achat des Français, en revenant sur vos cadeaux fiscaux ; deuxièmement, suspendre les augmentations de taxes prévues en janvier, dans l'attente de vrais États généraux. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
Mme Valérie Rabault. Les deux en même temps !
M. Olivier Faure. Quand le Président de la République invite à un dialogue tout en annonçant d'ores et déjà sa conclusion, cela ne peut pas marcher. Il faut tout mettre sur la table : le pouvoir d'achat, les taxes comme les salaires, et le financement de la transition énergétique.
M. Stéphane Trompille. Tout ce que vous n'avez pas fait !
M. Olivier Faure. Monsieur le Premier ministre, ne cherchez pas à gagner du temps ! Ne jouez pas le pourrissement ! Ne... (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
M. le président. Merci, cher collègue. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.
M. François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le député, s'agissant du mouvement des gilets jaunes, j'ai rencontré, vous le savez sans doute, deux de leurs porte-paroles hier soir. (« Ouah ! Bravo ! » sur les bancs du groupe LR.) L'un réside d'ailleurs dans votre département de Seine-et-Marne.
Ils m'ont tenu des propos qui méritent en effet d'être entendus. Ils m'ont d'abord dit, avant de le répéter publiquement, que la question des carburants et de la transition écologique ne représentait que 1 % de leurs préoccupations (Exclamations sur les bancs du groupe MODEM et du groupe LR), qui sont bien plus vastes, tout comme leurs revendications et leurs propositions – dont ils avaient d'ailleurs la liste.
M. David Habib. Leur préoccupation, c'est la crise économique !
M. François de Rugy, ministre d'État . Leurs revendications vont du pouvoir d'achat au niveau de vie, en passant par le montant des taxes, la suppression du Sénat,…
M. Pierre Henriet. Très bonne mesure !
M. François de Rugy, ministre d'État . …le recours au référendum et la substitution d'une assemblée citoyenne à l'Assemblée nationale.
M. Boris Vallaud. Comprenez-vous ce qui se passe ?
M. François de Rugy, ministre d'État . Comme vous le voyez, il s'agit de préoccupations très diverses. Elles méritent d'être entendues et débattues. C'est pourquoi M. le Premier ministre et moi-même allons rencontrer de nombreux acteurs sociaux et associatifs, en vue de bâtir ensemble une façon d'organiser le débat sur le terrain.
M. Robin Reda. Enfumage !
M. François de Rugy, ministre d'État . Quant au fond de votre question, les mesures prises depuis dix-huit mois ne sauraient suffire à corriger les augmentations d'impôt et de taxes réalisées pendant dix ans. Toutefois, la diminution des cotisations salariales est une hausse du pouvoir d'achat par le travail. La hausse de la prime d'activité est une hausse du pouvoir d'achat par le travail.
M. Pierre Cordier. Quinze euros par smicard !
M. François de Rugy, ministre d'État . L'accompagnement social et solidaire de la transformation écologique, dont nous avons déjà débattu et auquel nous continuerons à travailler,…
Mme Valérie Rabault. Pour lequel il manque 55 milliards !
M. François de Rugy, ministre d'État . …sera également un moyen d'améliorer le quotidien de nos compatriotes. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et quelques bancs du groupe MODEM.)
M. le président. Mes chers collègues, j'apprécierais que chacun prenne l'habitude d'arriver à l'heure. (Applaudissements.) Je compte sur les présidents de groupe pour faire respecter cette discipline. Sinon, les premiers intervenants sont gênés, et les premières réponses troublées par un brouhaha… (Même mouvement.)
Auteur : M. Olivier Faure
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Transition écologique et solidaire
Ministère répondant : Transition écologique et solidaire
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 novembre 2018