Question au Gouvernement n° 1452 :
forêts et forestiers

15e Législature

Question de : M. Ugo Bernalicis
Nord (2e circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 29 novembre 2018


FORÊTS ET FORESTIERS

M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis.

M. Ugo Bernalicis. Chaque jour, partout en France, je les vois abattus sous le poids des coupes. Nombreux sont ceux qui ne se relèveront plus, ne laissant rien derrière eux. Parce qu'on ne les entend pas, on préfère garder le cap et fermer les yeux devant ces paysages dévastés. Ils sont au cœur de réelles scènes d'anarchie, que vous organisez.

Pendant que vous restez sourds aux revendications des gilets jaunes, sous couvert d'impératifs et d'urgence écologique, on détruit nos arbres et nos forêts, qui préservent l'écosystème permettant la vie humaine grâce au stockage du carbone, au bon fonctionnement du cycle de l'eau et à la préservation de la biodiversité. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI.)

Encore une fois deux poids, deux mesures.

Pourtant garants d'un service public de qualité, l'Office national des forêts – ONF – et le sens du métier de forestier ont été sacrifiés sur l'autel de l'austérité. Preuve en est la suppression d'un tiers des effectifs de l'ONF en vingt-cinq ans.

Ah ça, vous savez manier la langue de bois, en employant l'expression orwellienne de « sylviculture dynamique », qui applique en réalité la même recette que l'agriculture intensive, court-termiste, qui épuise les sols et se gave de pesticides !

Vous cassez ainsi le modèle de production historique, pourtant durable et respectueux de la forêt comme des femmes et des hommes qui y travaillent. Forestiers et militants désespèrent devant leur sort et celui réservé à nos biens communs – la forêt de Mormal, le parc du Morvan, la forêt de Saint-Gobain, la Corniche des forts, la forêt de Retz…

Mais que fait réellement l'État de nos poumons verts ? Il génère un cycle mortifère : déstructuration de leur formation, remplacement des bûcherons par des abatteuses de 20 tonnes détruisant tout sur leur passage, en particulier les routes forestières, tout cela subventionné par les collectivités, qui n'ont plus les moyens de réparer les dégâts. Sans parler des nombreux suicides chez les forestiers. Il massifie les coupes rases et les damiers parfaits de la monoculture intensive, en lieu et place d'une sylviculture diversifiée. Il méprise les plans de gestion et le code forestier. Il ne suit qu'une seule logique : le pognon d'abord, la mal-forestation ensuite, le climaticide enfin.

Dans ce contre-la-montre face au dérèglement climatique, vous persistez à refuser la règle verte proposée par la France insoumise. Quand interdirez-vous les coupes rases et la monoculture ? Quand renforcerez-vous l'ONF dans sa mission de gestion durable de nos forêts ? Quand reconstituerez-vous la formation professionnelle publique dans la filière bois ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le député, j'ai écouté avec beaucoup d'attention votre question, mais sans bien comprendre de quel pays et de quel sujet vous parliez, pardon de vous le dire de cette manière. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Je répondrai donc sur ce qui se passe en France, même si ce n'est pas de notre pays que vous avez parlé.

La forêt française, comme toutes les forêts, est un bien très précieux. C'est un joyau. C'est un capteur de carbone.

Mme Danièle Obono. Justement !

M. Didier Guillaume, ministre . Tous les forestiers sont des gens qui aiment leur métier. Ce gouvernement, comme ceux qui l'ont précédé, considère que la forêt est un bien très précieux.

M. Pierre Cordier. Mais vous souteniez le gouvernement précédent !

M. Didier Guillaume, ministre . Cela a été dit à plusieurs reprises par le Président de la République, le Premier ministre et le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire : dans le cadre de la transition énergétique et de la lutte pour un meilleur climat, la forêt joue un rôle essentiel.

Mme Danièle Obono. Et qu'en faites-vous ?

M. Didier Guillaume, ministre. La forêt française est un bien précieux, que ce gouvernement veut conserver. Cette forêt surnuméraire, nous devons la gérer, et les forestiers, au sein de l'ONF, la gèrent parfaitement bien. Et je veux rendre hommage à tous les forestiers, à toutes celles et tous ceux qui travaillent à l'ONF. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

Je veux rendre hommage aux communes forestières qui les entretiennent ainsi qu'à tous les sylviculteurs – ce n'est pas un gros mot –, à toutes celles et à tous ceux qui entretiennent notre forêt. (Mêmes mouvements.)

M. Ugo Bernalicis. Vous êtes en train de détruire tous ces gens !

M. Didier Guillaume, ministre . Notre forêt est un lieu indispensable. Et je peux vous assurer, monsieur Bernalicis, que, dans mes fonctions ministérielles, je suis tout engagé, comme l'ensemble du Gouvernement, à la développer, à l'exploiter et à faire en sorte d'en être encore plus fiers demain. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Ugo Bernalicis. Ouvrez les yeux !

Données clés

Auteur : M. Ugo Bernalicis

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Bois et forêts

Ministère interrogé : Agriculture et alimentation

Ministère répondant : Agriculture et alimentation

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 novembre 2018

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