15ème législature

Question N° 1464
de M. Damien Abad (Les Républicains - Ain )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire

Rubrique > énergie et carburants

Titre > annonces du Premier ministre

Question publiée au JO le : 05/12/2018
Réponse publiée au JO le : 05/12/2018 page : 13129

Texte de la question

Texte de la réponse

ANNONCES DU PREMIER MINISTRE


M. le président. La parole est à M. Damien Abad.

M. Damien Abad. Monsieur le Premier ministre, avec le Président de la République, vous êtes à la tête d'un pays qui bascule dans le chaos et ne doit son salut qu'à l'attitude exemplaire et au courage admirable de nos forces de l'ordre, auxquelles nous devons une fois encore rendre hommage. (Applaudissements sur tous les bancs.)

Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, vous êtes tétanisé ; vous l'avez souvent sous-estimé, parfois caricaturé et toujours méprisé.

Plusieurs députés du groupe LR . Exact !

Mme Sylvie Tolmont. Absolument !

M. Damien Abad. Si votre seule réponse est le report des taxes Macron sur les carburants, c'est que vous n'avez toujours pas pris conscience de la gravité de la situation. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR.) Vos annonces de ce matin condamnent les Français à un sursis de quelques mois. Ce qu'ils vous demandent, ce n'est pas la suspension des taxes sur les carburants mais son annulation. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et sur quelques bancs du groupe SOC.)

Monsieur le Premier ministre, c'est trop peu, trop tard : trop peu face à la colère profonde et légitime des Français à l'égard de votre politique de matraquage fiscal permanent ; trop tard face à une colère sociale…

M. Erwan Balanant. Que vous n'aviez jamais écoutée auparavant !

M. Damien Abad. …qui est l'expression d'une profonde fracture territoriale.

Ce que nous vous demandons, ce n'est pas un sursis, c'est un changement de cap. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR.) Changez de cap en rétablissant l'ordre et l'autorité de l'État ! Changez de cap en secourant la France des territoires ! Changez de cap en augmentant le pouvoir d'achat des classes moyennes !

M. Philippe Chalumeau. Autant de choses que vous n'avez pas faites quand vous étiez au pouvoir !

M. Damien Abad. Changez de cap en renonçant à votre politique fiscale anti-retraités ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.)

Vous, l'ancien maire du Havre, l'ancien député de Seine-Maritime, comment pouvez-vous rester sourd à l'appel des Français et de tous ces gilets jaunes qui ne demandent qu'une seule chose : pouvoir boucler leurs fins de mois grâce au fruit de leur travail ?

M. Maxime Minot. Il a raison !

M. Damien Abad. Pensez-vous vraiment que c'est avec le simple report des taxes et un moratoire sur le nouveau contrôle technique que vous allez rétablir l'ordre républicain et la justice sociale dans notre pays ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et sur quelques bancs du groupe UDI-Agir.)

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Michel Herbillon. Ce n'est même pas le Premier ministre qui répond ? Bravo !

Mme Émilie Bonnivard. Le Gouvernement nous méprise comme il méprise les gilets jaunes !

M. le président. On se calme !

M. François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur Abad, le Premier ministre a annoncé ce matin un certain nombre de mesures à la suite des discussions que nous avions eues la semaine dernière avec tout le monde :…

M. Damien Abad. Elles ont duré dix minutes !

M. Loïc Prud'homme. Manœuvre ! Enfumage !

M. François de Rugy, ministre d'État. …les partenaires sociaux, des associations, des élus locaux de grandes et de petites villes, des élus nationaux, les responsables des partis politiques et des groupes parlementaires – que nous avons encore rencontrés hier –,…

M. Sébastien Leclerc. Ce n'est pas vrai !

M. François de Rugy, ministre d'État. …et des représentants du mouvement des gilets jaunes. Nous avons discuté avec eux directement, comme vous l'avez sans doute fait vous-même, à l'instar de nombreux députés de la majorité, dont je salue le sens du dialogue à cette occasion.

M. Pierre Cordier. Quel succès !

M. François de Rugy, ministre d'État. Nous avons décidé en effet de faire une pause sur les questions de la fiscalité carbone, du rattrapage du prix du diesel par rapport à celui de l'essence, et du prix du gazole non routier utilisé par un certain nombre d'entreprises.

M. Nicolas Forissier. Bonne décision !

M. André Chassaigne. Le Gouvernement s'y était refusé pas plus tard que la semaine dernière !

M. François de Rugy, ministre d'État. Nous avons décidé de faire ce geste fort car tout le monde nous a dit que c'était le préalable à l'ouverture d'un dialogue et d'un temps de discussion sur l'ensemble des sujets dont vous avez parlé…

M. Jean-Yves Bony. On ne vous l'avait jamais dit auparavant ?

M. François de Rugy, ministre d'État. …et dont nous comptons bien parler directement avec les Français : le niveau des impôts et des taxes – car tous les gilets jaunes que j'ai rencontrés ne me parlaient plus, au bout d'une minute, de la fiscalité écologique, mais de l'ensemble des impôts et taxes qui ont été augmentés ces dernières années –…

Mme Geneviève Levy. Plutôt ces derniers mois !

M. Pierre Cordier. Allez le dire à François Hollande, votre ancien ami, monsieur le ministre d'État ! Vous faisiez partie de sa majorité présidentielle !

M. François de Rugy, ministre d'État . …et la façon dont les Français peuvent se faire entendre dans le débat démocratique. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. S'il vous plaît ! On écoute le ministre d'État !

M. François de Rugy, ministre d'État . Monsieur Abad, l'esprit de responsabilité, aujourd'hui, consiste à faire un geste fort. Sachez-le bien : le ministre chargé de l'écologie que je suis sait s'effacer derrière le responsable des affaires de l'État. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

Nous le faisons parce que nous voulons que le temps soit désormais à l'apaisement. Les responsables politiques que nous sommes et que vous êtes doivent appeler à faire cesser les blocages…

M. le président. Merci, monsieur le ministre d'État.

M. François de Rugy, ministre d'État. …et tous les rassemblements qui conduisent à des violences. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Fabien Di Filippo. Tartuffe ! Mythomane !