15ème législature

Question N° 158
de Mme Marie-Noëlle Battistel (Nouvelle Gauche - Isère )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Relations avec le Parlement
Ministère attributaire > Relations avec le Parlement

Rubrique > emploi et activité

Titre > usine General Electric de Grenoble

Question publiée au JO le : 12/10/2017
Réponse publiée au JO le : 12/10/2017 page : 2994

Texte de la question

Texte de la réponse

USINE GENERAL ELECTRIC DE GRENOBLE


M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Battistel, pour le groupe Nouvelle Gauche.

Mme Marie-Noëlle Battistel. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Monsieur le Premier ministre, M. Castaner a, à l'instant, assuré mon collègue Boris Vallaud de votre mobilisation en faveur de notre industrie ; j'espère qu'elle est sincère et réelle.

Pour ma part, monsieur le Premier ministre, je souhaite vous parler des conséquences des choix et de ce qu'il se passe quand l'État n'est pas suffisamment vigilant. L'histoire récente nous l'a montré, malheureusement, et l'on s'apprête aujourd'hui à sacrifier un secteur industriel stratégique.

M. Jean-Luc Reitzer. Très juste !

Mme Marie-Noëlle Battistel. Pour preuve, General Electric, qui s'était pourtant engagé lors du rachat d'Alstom à créer 1 000 emplois nets en France auprès du ministre de l'économie de l'époque, Emmanuel Macron, a annoncé avant l'été la suppression de 345 emplois sur le site grenoblois.

La société Neyrpic a été un fleuron de l'industrie de notre pays, fournissant les turbines hydrauliques de la plupart des centrales française et de nombreux barrages à travers le monde. Cette entreprise grenobloise, intégrée à Alstom puis à General Electric Hydro, reste aujourd'hui à la pointe de l'innovation à l'ère de la transition énergétique. C'est, à terme, le démantèlement total de la branche hydraulique qui est à craindre, ainsi que l'abandon de toute politique industrielle française dans cette filière d'excellence.

Au-delà de la stupéfaction face à la violence de cette annonce, les salariés et les élus locaux de toutes sensibilités se mobilisent pour trouver une issue et permettre le maintien de l'emploi. Au-delà du discours de fermeté tenu ici par tous et des bonnes intentions, nous devons donner à l'État les moyens de peser dans la discussion. Au-delà du poing que vous frappez sur la table, nous devons donner les moyens à l'État de revenir sur cette décision aux conséquences inacceptables.

M. Jean-Luc Reitzer. L'État démissionne !

Mme Marie-Noëlle Battistel. Quelques jours après la cession de la branche ferroviaire du groupe à l'allemand Siemens, le groupe Nouvelle Gauche rappelle que tout n'est pas à vendre, dans une logique de gain à courte vue, mais que notre devoir est de lutter contre la désindustrialisation de notre pays et ses conséquences néfastes pour l'emploi. Je me permets d'insister au nom des 345 personnes concernées par ce plan social. (Applaudissements sur les bancs du groupe NG et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement.

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement. Madame la députée, vous avez raison : vous évoquez un sujet de préoccupation non pas locale, mais nationale, pour notre économie, pour l'enjeu de notre industrie, pour les emplois. Le Gouvernement, vous le savez, suit la situation de très près.

M. Jean-Luc Reitzer. Vraiment ?

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. Il est tenu informé au quotidien par le préfet et un certain nombre de rencontres ont déjà eu lieu. Le secrétaire d'État, Benjamin Griveaux, a, dès le mois d'août, reçu l'ensemble des acteurs ; il les recevra de nouveau sur ce sujet, le 16 octobre, parce qu'il faut être très vigilant. C'est nécessaire parce que la restructuration des activités hydroélectriques de ce groupe n'est conforme ni aux engagements pris, ni au projet industriel qui doit être le nôtre.

Le vrai sujet concerne les conditions du plan social que General Electric mène à Grenoble et, au-delà,…

M. Christian Hutin. Le vrai sujet, c'est l'industrie !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État . …les conditions dans lesquelles le PSE – plan de sauvegarde de l'emploi – doit être négocié.

M. Christian Hutin. Ils veulent tout brader !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État . Je m'étonne que ce soit ceux qui étaient dans la majorité à l'époque où le choix a été fait qui s'expriment aujourd'hui sur ce sujet ! (Exclamations sur les bancs du groupe NG. – Rires et exclamations sur les bancs du groupe LR. – Applaudissements sur les bancs du groupe REM.)

M. Laurent Furst. Et Valls, il était où ?

M. Christian Hutin. Vous en étiez de cette majorité !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. Ainsi, 345 emplois… (Exclamations persistantes sur les bancs des groupes NG et LR.)

Il n'est jamais bon de crier, ni pour sa santé, ni pour défendre un dossier ! (Mêmes mouvements.)

M. Pierre Cordier. Vous aussi, vous étiez au PS à l'époque !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État . Le plus simple consiste à inviter les uns et les autres à respecter les engagements. Le Gouvernement sera extrêmement attentif à ce que General Electric respecte tous ses engagements, notamment la création nette de 1 000 emplois. C'est ce qu'il compte faire en investissant, par exemple, à Belfort, dans le développement de l'impression 3D. C'est ce que nous devons faire aussi à Cherbourg, avec des objectifs sur l'éolien.

Mais il faut accélérer, et le Gouvernement a une arme pour cela : la pénalité de 50 000 euros par emploi manquant, que nous actionnerons pour faire en sorte que General Electric respecte les engagements qu'il a pris auprès du Gouvernement que vous souteniez, et moi aussi. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM.)