15ème législature

Question N° 1756
de Mme Valérie Boyer (Les Républicains - Bouches-du-Rhône )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Affaires européennes
Ministère attributaire > Affaires européennes

Rubrique > Union européenne

Titre > politique européenne de la France

Question publiée au JO le : 14/03/2019
Réponse publiée au JO le : 14/03/2019 page : 2216

Texte de la question

Texte de la réponse

POLITIQUE EUROPÉENNE DE LA FRANCE


M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer.

Mme Valérie Boyer. Monsieur le Premier ministre, après avoir vanté une « souveraineté européenne », le Président de la République a publié une tribune où il appelle à une renaissance de l'Europe. Or cette renaissance se révèle être une obsolescence : toujours plus d'élargissements, de bureaucratie, de dystopie fédéraliste, d'immigration ; toujours plus de ce qui ne marche pas, d'où davantage de fractures avec nos partenaires européens. (Murmures sur les bancs du groupe LaREM.)

Alors qu'il sature tous les médias avec un grand débat, commencé dans la panique suscitée par les gilets jaunes et dont la conclusion est aujourd'hui dans le brouillard, le Président de la République s'est aussi mis à dos nos partenaires européens. En s'autoproclamant leader de l'Europe, en s'adressant directement aux citoyens européens par-dessus les chefs d'État, en leur faisant la leçon, Emmanuel Macron isole la France, alors qu'il incarne une compétitivité en berne, le pire déficit de la zone euro, une crise sociale sans précédent. (Mêmes mouvements.)

Les pays de l'Est, les pays nordiques et l'Italie prennent leurs distances. L'Allemagne elle-même vient de nous adresser une réponse cinglante. À l'image d'une France en pleine crise sociale, en panne, Emmanuel Macron a également mis la France en marge de l'Europe. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Il n'a été suivi par aucun pays sur ses propositions, qu'il s'agisse de la réforme de la zone euro, de l'immigration ou de la taxation des GAFA.

M. Thibault Bazin. Tout à fait !

Mme Valérie Boyer. Pour masquer son absence de résultats nationaux comme européens, il met en scène un dangereux clivage entre nationalisme et populisme, s'arrogeant l'exclusivité du camp du bien, se servant de l'extrémisme comme d'une assurance vie. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. Thibault Bazin. Elle a raison !

Mme Valérie Boyer. Son clip de campagne est édifiant : c'est « moi ou le chaos ». Une formule glaçante le résume : « vous n'avez pas le choix ». Pour paraphraser Brecht, les peuples pensent mal, donc votent mal. Il faut donc changer les peuples, ils n'ont pas le choix.

Pour notre part, nous avons choisi une autre voie : une Europe des actes, de l'intelligence et de l'efficacité, qui respecte les frontières et la souveraineté, qui respecte les Français comme nos partenaires européens ; une Europe qui nous permette de maîtriser à nouveau notre destin.

Monsieur le Premier ministre, comment prétendre à une renaissance quand on ne peut rassembler ni en France ni en Europe ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – M. Jean Lassalle applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des affaires européennes.

Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Je vous remercie, madame la députée, d'être revenue sur une tribune européenne, que, manifestement, vous n'avez pas bien lue,… (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM – Exclamations sur les bancs du groupe LR)

M. Pierre Cordier. Nous avons peine à croire ce que nous avons lu !

Mme Nathalie Loiseau, ministre . …mais qui a été largement saluée à travers l'Union européenne. En Suède, en Finlande, aux Pays-Bas, dans tous les pays du Benelux,…

M. Jean-François Parigi. Tous les libéraux, bravo !

Mme Nathalie Loiseau, ministre . …au Portugal, en Espagne, en Grèce,…

Mme Danièle Obono. En Hongrie ?

Mme Nathalie Loiseau, ministre . …les responsables politiques ont remercié la France de faire entendre sa voix en Europe. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. - Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

En Allemagne, le SPD – Parti social-démocrate – a accueilli chaleureusement la tribune du Président de la République. (M. Florian Bachelier applaudit.)

M. Thibault Bazin. Vos amis socialistes !

M. Éric Straumann. Macron est un socialiste !

Mme Nathalie Loiseau, ministre . Cette tribune a été accueillie de manière beaucoup plus tiède par la CDU – Union chrétienne-démocrate. Quelle surprise ! (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. Seule Mme Loiseau a la parole, mes chers collègues ! Un peu d'écoute et de respect, s'il vous plaît ! Je vous prie de continuer, madame la ministre.

Mme Nathalie Loiseau, ministre . Je ne sais pas si nous sommes seuls, madame Boyer, mais vous êtes très mal accompagnés ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. - Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

La CDU, ô surprise, siège dans le même gouvernement que le SPD, mais est en concurrence avec lui pour les élections européennes.

Plusieurs députés du groupe LR . Et vous, vous allez siéger où ?

Mme Nathalie Loiseau, ministre . Quand l'un dit blanc, l'autre dit noir. La CDU, votre alliée en Europe, a choisi, quelle surprise, le camp de la conservation.

La CDU ne veut pas d'un salaire minimum européen. C'est votre alliée, et nous ne sommes pas d'accord. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. - Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Fabien Di Filippo. Sortez les rames !

Mme Nathalie Loiseau, ministre . La CDU voudrait que la France cède son siège de membre permanent au Conseil de sécurité. C'est votre alliée, et nous ne sommes pas d'accord. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Nous ne partagerons cette idée ni avec l'Allemagne, ni avec quiconque.

La CDU voudrait que nous renoncions au siège du Parlement européen à Strasbourg. C'est votre alliée, et nous ne sommes pas d'accord. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Strasbourg est la capitale de la démocratie européenne,…

M. le président. Merci, madame la ministre.

Mme Nathalie Loiseau, ministre . …et c'est notre fierté. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. Mes chers collègues, Mme Boyer a soulevé des sujets très importants, et cela appelait une réponse complète de Mme la ministre. Il me semble que le fait de traiter ainsi, par le brouhaha, les sujets européens est une faute éloquente. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)