Situation du système de santé
Question de :
Mme Caroline Fiat
Meurthe-et-Moselle (6e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 15 mai 2019
SITUATION DU SYSTÈME DE SANTÉ
M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat.
Mme Caroline Fiat. Madame la ministre des solidarités et de la santé, une fois encore, une fois de plus, une fois de trop, je vous interroge sur notre système de santé – car je ne désespère pas de vous faire entendre raison.
Dimanche, à l'occasion de la journée internationale des infirmiers, vous avez tweeté votre reconnaissance à cette profession, synonyme, disiez-vous, « de dialogue, d'empathie et d'attention ». Quelle hypocrisie ! Peut-être n'êtes-vous pas au courant mais, par manque d'écoute de votre part, quatre syndicats infirmiers ont lancé une plateforme pour recueillir les souffrances des soignants.
M. Alexis Corbière. Exact !
Mme Caroline Fiat. Alors que les Français ont réclamé plus de moyens pour les hôpitaux lors du fameux grand débat, quelle a été la seule réponse d'Emmanuel Macron ? Un mensonge : « nous ne fermerons plus d'hôpitaux » ! Franchement, pensez-vous les Français assez idiots pour tomber dans le panneau ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes SOC et LR ainsi que parmi les députés non inscrits.) Car, comme pour les écoles, tout le monde a bien compris votre intelligence et votre subtilité : on ne ferme pas d'école, mais on ferme des classes ; on ne ferme pas d'hôpital, mais on ferme des lits. L'hôpital public agonise de ces fermetures ! Ça suffit ! (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
La conséquence de cette politique irresponsable ? Aujourd'hui, quarante-quatre hôpitaux sont en grève. Partie des services d'urgences de Paris, la mobilisation s'étend à Dieppe, Bordeaux, Brest ou Strasbourg. C'est tout un territoire qui suffoque. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – M. Jean Lassalle applaudit également.)
Allez-vous écouter les soignants, qui réclament des moyens humains et matériels, qui vous alertent, qui vous disent être obligés de soigner dans l'improvisation, qui vous expliquent la maltraitance – pire, qui vous racontent avoir eu à choisir quel patient sauver devant deux urgences vitales ? (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Mais non, votre préoccupation : ficher les gilets jaunes passés dans les services d'urgence ! Inadmissible ! (Applaudissements sur les bancs des groupes FI ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
La semaine dernière, une jeune interne a mis fin à ses jours, allongeant la liste des suicides chez les soignants.
Madame la ministre, je vous le dis sans détour, la santé des Français ne doit plus être une simple ligne comptable sur un document de technocrates. Elle mérite mieux que cela ! Alors que les soignants sont au bord du gouffre, quelles réponses allez-vous apporter à leurs revendications ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR ainsi que sur de nombreux bancs du groupe SOC.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Le constat a été fait depuis longtemps : les conditions de travail dans les établissements de santé ont subi différentes réformes, et elles se sont dégradées. Je pense notamment à la tarification à l'activité, qui a poussé les soignants à devoir augmenter toujours davantage l'activité, sans prise en considération du temps de soignant nécessaire pour accompagner les patients ; je pense également à la réforme des 35 heures, qui a eu des conséquences à l'hôpital. (Protestations sur les bancs du groupe FI.)
Cette année, pour la première fois depuis dix ans, j'ai augmenté de 450 millions d'euros les tarifs hospitaliers. (Protestations sur les bancs du groupe FI.) Ainsi, les établissements de santé pourront respirer un peu, en attendant la réforme structurelle que nous avons décidée, qui vise notamment à modifier les modes de tarification hospitaliers.
Vous m'interrogez sur les conditions de travail des infirmières et sur la souffrance au travail. Je veux vous rappeler que nous avons mis en place, l'année dernière, un observatoire de la qualité de vie au travail des soignants. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
Mme Danièle Obono. Un observatoire des souffrances !
Mme Agnès Buzyn, ministre . Il me rendra cet été un rapport, et me fera des recommandations.
Mais, vous le savez comme moi, sans une réforme structurelle qui permettra de mieux tarifer le temps que les soignants passent auprès des malades, de mieux reconnaître la qualité des soins et l'effort consenti par les soignants, nous ne progresserons pas vraiment. C'est tout l'objet du plan « ma santé 2022 ». Le Parlement a voté cette réforme ; elle est aujourd'hui examinée au Sénat.
C'est le seul moyen, aujourd'hui, de rendre de l'espoir à tous les soignants, infirmiers, médecins… Les urgences souffrent de désorganisation : cette réforme répond à ce problème.(Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Protestations sur les bancs du groupe FI.)
Auteur : Mme Caroline Fiat
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 mai 2019