15ème législature

Question N° 2021
de Mme Mathilde Panot (La France insoumise - Val-de-Marne )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire

Rubrique > transports ferroviaires

Titre > Fret ferroviaire

Question publiée au JO le : 05/06/2019
Réponse publiée au JO le : 05/06/2019 page : 5283

Texte de la question

Texte de la réponse

FRET FERROVIAIRE


M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot.

Mme Mathilde Panot. Madame la ministre chargée des transports, il y a deux semaines, vous avez promis ; il y a deux semaines, vous avez menti. (« Oh ! » sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Vous aviez promis que la ligne ferroviaire reliant Rungis à Perpignan serait maintenue au-delà de l'été. Or, hier, les syndicalistes qui luttent pour le maintien de cette ligne ont alerté sur l'arrêt des trains à partir du 15 juillet.

Il est inacceptable de tromper ainsi les gens qui luttent et croyaient avoir remporté une victoire. Cette victoire, ils ne l'avaient pas remportée seulement pour eux-mêmes : ils s'étaient battus pour l'intérêt général.

Lorsque votre gouvernement accepte de remplacer un train qui transporte 400 000 tonnes de fruits et légumes chaque année par 25 000 camions, il se bat contre l'intérêt général et pour le tout marché. Vous faites toujours ce même choix. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI, ainsi que sur quelques bancs des groupes GDR et SOC.)

Un député du groupe LR . Ce n'est pas faux !

Mme Mathilde Panot. Votre politique du « tout camion » tue : 67 000 personnes meurent en effet chaque année de la pollution de l'air. Vos mesures ne sont pas seulement hostiles à l'atténuation du changement climatique, elles sont aussi hostiles à nos poumons et à nos vies.

Vous savez très bien qu'il faut remettre des trains partout pour le transport de marchandises et de personnes, investir massivement pour que notre économie s'adapte enfin à notre temps. Depuis trente ans, le fret ferroviaire a été divisé par trois, tandis que le nombre de camions sur nos routes augmentait de 40 %. Pourquoi continuez-vous ce désastre ?

N'avez-vous pas entendu les cris de la jeunesse devant notre assemblée ce matin ? Ils ne veulent pas de ce monde où, pour des raisons économiques de plus en plus absurdes, nous sommes privés de futur vivable. Ils demandent une politique qui rouvre l'horizon, nous donne l'élan de transformer notre société avec, depuis et pour le peuple.

Pour sauver cette ligne ferroviaire, il suffit de 25 millions d'euros. Vous êtes prêts à vous asseoir sur 3 milliards de niches fiscales pour soutenir le transport aérien, mais n'êtes pas capables de trouver 25 millions ! (Mêmes mouvements.) Une idée : si vous avez besoin de millions, allez voir ceux à qui vous avez offert des milliards ! Un jour ou l'autre, il faudra que les riches soient réintégrés à la solidarité nationale. « Les mauvais jours finiront ».

En attendant, ma question est simple : allez-vous, oui ou non, maintenir le dernier train primeur ? (Nouveaux applaudissements sur les bancs du groupe FI, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes GDR et SOC.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des transports.

Mme Élisabeth Borne, ministre chargée des transports. Personne, madame Panot, ne se résout à ce que le transport des marchandises dont vous parlez passe du rail à la route : alors que 138 000 tonnes de fruits et légumes ont été transportées par ce train en 2017, cela serait totalement contraire à l'objectif de relance du fret ferroviaire de ce gouvernement.

Aussi, dès le mois de mai, j'ai réuni l'ensemble des acteurs au ministère afin de trouver une solution pérenne. Le seul avenir possible est la poursuite d'une desserte par le train. Nous avons donc pris plusieurs décisions. La première est la mise à l'étude d'une solution ferroviaire pérenne par transports combinés, laquelle pourrait être mise en service d'ici à la fin de l'année. D'ici là, Fret SNCF a annoncé que le train continuera de circuler, au moins jusqu'à la fin de la haute saison en cours. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

Fret SNCF a aussi proposé de prolonger la ligne ferroviaire Perpignan-Rungis jusqu'à la fin de l'année, et ce aux conditions actuelles du contrat. (Mêmes mouvements.)

M. Erwan Balanant. Et voilà ! Qui a menti ?

Mme Élisabeth Borne, ministre . L'intégralité de ces engagements, madame la députée, ont été confirmés. Ce matin même, la SNCF a réaffirmé sa proposition de maintenir le train, je le répète, aux conditions actuelles du contrat, jusqu'à la fin de l'année. Elle attend désormais la confirmation de l'intérêt, pour les chargeurs, clients du train, de poursuivre la liaison par ce moyen.

M. Éric Coquerel. Et l'intérêt des populations ?

Mme Élisabeth Borne, ministre. Pour que ce train fonctionne, il faut bien des marchandises pour le remplir.

Chacun, désormais, est face à ses responsabilités. (« Ce sont les vôtres ! » sur plusieurs bancs du groupe FI.) Le Gouvernement prend les siennes. On peut faire de grands discours sur le fret ferroviaire mais, pour ma part, je préfère l'action : c'est le choix que nous avons fait sur ce dossier. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Erwan Balanant. C'est vous qui avez menti, chers collègues du groupe FI !