15ème législature

Question N° 2161
de Mme Mathilde Panot (La France insoumise - Val-de-Marne )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Europe et affaires étrangères (M. le SE auprès du ministre)
Ministère attributaire > Europe et affaires étrangères (M. le SE auprès du ministre)

Rubrique > traités et conventions

Titre > urgences écologique et CETA

Question publiée au JO le : 24/07/2019
Réponse publiée au JO le : 24/07/2019 page : 7521

Texte de la question

Texte de la réponse

URGENCE ÉCOLOGIQUE ET CETA


M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot.

Mme Mathilde Panot. Je salue la présence de Greta Thunberg aujourd'hui à l'Assemblée nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI, dont les membres se lèvent, ainsi que sur les bancs du groupe GDR et sur certains bancs du groupe LaREM.)

Avec elle, ce sont des centaines de milliers de jeunes que vous devez voir et entendre, comme tous ceux qui vous disent d'arrêter votre marche vers le chaos.

L'urgence écologique et climatique est là. Toutes les données de dizaines de milliers de scientifiques sont sur la table. Avez-vous pris connaissance de ces données ? Savez-vous que le permafrost est en train de fondre avec soixante-dix ans d'avance ? Que 60 % des mammifères ont disparu ces quarante dernières années ? Savez-vous qu'un tiers des oiseaux a disparu en vingt ans des campagnes européennes ? Que la survie de toute l'espèce humaine est désormais engagée ?

Dans cette situation, l'inaction est criminelle. Comme l'a dit Greta Thunberg il y a heure à peine, « le plus grand danger, c'est quand les politiques et les chefs d'entreprises font semblant d'agir alors que rien n'est fait, sauf de belles campagnes de communication ». (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR.)

Comment pouvez-vous prétendre régler le problème à partir du système qui l'a produit ? Comment osez-vous applaudir le mouvement des jeunes pour le climat et, le même jour, voter cet accord de libre-échange avec le Canada ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.)

Ce jour symbolique dévoilera le vrai visage de ceux qui y sont favorables : celui d'imposteurs qui disent faire de l'écologie, mais font surtout plaisir aux lobbys. Celui de baratineurs sacrés champions de la Terre, alors que leur politique augmente les émissions de gaz à effet de serre. Celui de tartuffes qui prétendent protéger la biodiversité, mais défendent un monde pesticidé. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe LR.) Celui d'hypocrites qui applaudissent Greta et vont voter le CETA ! (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR.)

La réalité est que nous ne sommes pas obligés de faire venir de l'autre bout du monde des marchandises dont nous n'avons pas besoin, et sûrement pas des marchandises pleines de pesticides, de farines animales, d'antibiotiques et autres pétroles de schiste.

Entendez que c'est dans ce modèle où tous doivent consommer n'importe quoi pour l'enrichissement de quelques-uns que se trouve la source de tous nos maux présents et à venir.

Combien de temps allez-vous continuer à vous voiler la face et à duper les Français ? La seule écologie possible est l'écologie qui reprend le contrôle de l'économie.

Entre le CETA et Greta, il faut choisir. Alors, chers collègues, choisissez maintenant. Les générations futures vous regardent. Et si vous votez pour le CETA, l'histoire vous jugera. (Applaudissements sur les bancs des groupes FI, GDR et SOC – Mme Frédérique Meunier applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Fabien Di Filippo. Où est de Rugy ?

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Grâce au travail conduit depuis deux ans, l'accord entre l'Union européenne et le Canada a été amélioré et complété. Nous y avons notamment intégré un volet environnemental et climatique qui constitue une avancée considérable, tout simplement parce que nous avons obtenu que le veto climatique soit inscrit noir sur blanc. (Vives exclamations sur les bancs du groupe LR. – « C'est faux ! » sur les bancs du groupe FI.) Le Canada y a donné son accord. C'est capital : cela permettra qu'aucune entreprise ne puisse venir attaquer nos normes – nos normes environnementales, mais aussi sociales. (Vives exclamations sur les bancs des groupes LR, FI et GDR.)

Par ailleurs, comme le Conseil constitutionnel l'a reconnu, le principe de précaution est tout à fait respecté par l'accord. Naturellement, nous avons fait en sorte que les accords de Paris soient également pris en compte. (« C'est faux ! » sur les bancs du groupe FI.)

C'est toute la politique commerciale que nous plaçons désormais sous ce signe : celui d'une ambition environnementale et climatique. (Vives exclamations sur les bancs du groupe LR.) Vous disiez la semaine dernière, lors de la conclusion des débats, « la patrie ou la mort ! ». Je crois que c'est être patriote, justement, que permettre à nos filières d'excellence de continuer à exporter ; c'est être patriote que permettre aux indications géographiques protégées, qui sont le fruit du labeur des femmes et des hommes de nos terroirs, d'être reconnues partout… (« Menteur ! » sur les bancs du groupe LR.)

Vous faites parler Mme Greta Thunberg, qui nous regarde. Mais je l'ai écoutée, et qu'a-t-elle dit ? Qu'elle n'avait pas d'opinion sur ce traité. Alors, ne nous faites pas choisir : oui à Greta, oui au CETA ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

Mme Sylvie Tolmont. N'importe quoi !

M. le président. Je vous demande d'écouter la réponse sans vocifération, sinon, la prochaine fois, je l'interromprai purement et simplement. Ainsi, vous en serez pour vos frais.

M. Jean-Paul Dufrègne. Ce n'est pas une réponse !