plan de lutte contre le trafic de stupéfiants
Question de :
M. Saïd Ahamada
Bouches-du-Rhône (7e circonscription) - La République en Marche
Question posée en séance, et publiée le 18 septembre 2019
PLAN DE LUTTE CONTRE LE TRAFIC DE STUPÉFIANTS
M. le président. La parole est à M. Saïd Ahamada.
M. Saïd Ahamada. Ma question, à laquelle j'associe les députées de Marseille Cathy Racon-Bouzon, Claire Pitollat et Alexandra Louis, s'adresse à M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur, et concerne le marché de la drogue.
M. Éric Straumann. Marché en pleine expansion !
M. Saïd Ahamada. Ce premier marché du crime en France atteint un niveau industriel. Deux chiffres parmi tant d'autres : il engendre 3 milliards d'euros de bénéfices et 80 % de règlements de comptes lui sont liés.
M. Pierre Cordier. Comment le savez-vous ?
M. Saïd Ahamada. Ce marché prospère sur le terreau de la misère humaine. Il ne s'agit pas tant de pauvreté que du fait qu'une minorité de jeunes – car c'est souvent de jeunes qu'il s'agit – ne trouve pas d'espoir dans ce pays et est contrainte de se tourner vers ce secteur.
Pour lutter contre ce fléau, nous devons marcher sur deux pieds. Le premier – que ce Gouvernement a incarné – est celui de la lutte contre les inégalités du destin : dédoublement de classes, argent dédié dans les territoires à la formation professionnelle, lutte contre la pauvreté.
M. Éric Straumann. C'est bisounours !
M. Saïd Ahamada. Le deuxième est évidemment celui de la répression. Dans ce domaine, nous devons introduire le principe de la tolérance zéro. Cela implique de changer de méthode, d'où le plan que vous avez présenté ce matin à Marseille, accompagné de Laurent Nunez, secrétaire d’État, Nicole Belloubet, garde des sceaux, et Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Le fait d'agir au niveau interministériel montre déjà le changement de méthode et la volonté de travailler ensemble, tous ministères confondus, pour lutter de manière efficace contre ce fléau. Monsieur le ministre, pouvez-vous préciser à la représentation nationale les grands axes de ce que vous et vos collègues prônez pour lutter contre la délinquance et les stupéfiants ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Nous étions ce matin à Marseille, à la cité Campagne Lévêque. En effet, Marseille, comme hélas de trop nombreuses villes de France, connaît aujourd'hui cette réalité : la drogue, ce sont 200 000 personnes mises en cause l'année dernière, 30 tonnes de cannabis qui entrent en France chaque mois et 20 000 personnes qui en vivent. C'est cela, la réalité du trafic de drogues ; mais ce sont aussi des violences et des règlements de comptes, des halls d'immeubles occupés et des familles qui voient leurs enfants se perdre dans la consommation et le trafic.
Comme vous l'avez dit, monsieur le député, ce matin, avec Laurent Nuñez, la garde des sceaux et le ministre de l'action et des comptes publics, nous avons posé un principe simple : plus qu'un enjeu policier, la lutte contre la drogue doit être un enjeu de société, une priorité pour nos quartiers et pour notre jeunesse. L'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants – organisme chargé de la lutte contre le trafic de drogues – n'a pas connu d'évolution depuis soixante-six ans. Nous voulons proposer un plan d'action de cinquante-cinq mesures qui permettront à tous les acteurs de terrain d'être mobilisés à chaque instant et qui nous donneront les moyens d'agir en matière de renseignement, d'interpellations et de sanctions. Notre volonté est simple : plutôt que de faire de grandes promesses et de proposer un énième plan, nous devons être tous unis contre les trafiquants et le crime organisé.
M. Ugo Bernalicis. Mais vous êtes contre la légalisation du cannabis !
M. Christophe Castaner, ministre. Pour cela, il faut privilégier l'unité et la solidarité, et éviter la rivalité entre les services et, plus encore, la guerre des polices. Avec patience et détermination, sans faire de fausses promesses et sans cultiver d'illusions dans ce domaine, nous allons mener un travail de tous les instants pour être en mesure de sanctionner tous les trafics, de la cage d'escalier à l'international. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Auteur : M. Saïd Ahamada
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Drogue
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 septembre 2019