PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2020
Question de :
M. Éric Woerth
Oise (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 2 octobre 2019
PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2020
M. le président. La parole est à M. Éric Woerth.
M. Éric Woerth. Adieu veau, vache, cochon, couvée ! Monsieur le ministre de l'action et des comptes publics, vous abandonnez en rase campagne tous les objectifs de finances publiques que vous aviez vous-même fixés. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
Le budget 2020 est celui du moindre effort.
M. Maxime Minot. Eh oui !
M. Éric Woerth. En trois ans, la dette publique a augmenté de 190 milliards d'euros, les dépenses publiques de 78 milliards d'euros et le déficit de l'État lui-même de 25 milliards d'euros. En trois ans, vous êtes passé d'une timide politique de l'offre, plutôt favorable aux entreprises, à l'activité économique et donc à l'augmentation du pouvoir d'achat par les revenus, à une politique de la demande, qui repose sur des baisses d'impôts et des hausses de transferts sociaux, le tout abondamment financé par la dette.
Vous privilégiez le court terme aux impératifs de long terme. Vous misez tout sur les bonnes nouvelles extérieures au lieu de réaliser des économies.
Mme Véronique Louwagie. Eh oui !
M. Éric Woerth. Suppressions de quarante-sept postes dans la fonction publique d'État, baisse d'un euro de la redevance audiovisuelle... Que d'efforts !
Mme Virginie Duby-Muller. Le compte n'y est pas !
M. Éric Woerth. Vous annoncez une baisse massive des impôts l'année prochaine, mais les entreprises paieront 16 milliards d'euros supplémentaires d'impôt sur les sociétés, et les ménages 3 milliards d'euros supplémentaires d'impôt sur le revenu. Les bonnes nouvelles se transforment en mauvaises nouvelles…
M. Thibault Bazin. Eh oui !
M. Éric Woerth. …car vous reprenez en partie d'une main ce vous avez donné de l'autre.
Tout d'abord, la réforme du CICE – le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – conduit à augmenter mécaniquement l'impôt sur les sociétés, sans que vous ayez cherché à le compenser.
M. Thibault Bazin. C'est vrai !
M. Éric Woerth. Ensuite, le prélèvement à la source entraîne une hausse de l'impôt sur le revenu, notamment parce qu'il prend en compte les revenus de l'année en cours, souvent plus importants que ceux de l'année précédente.
En vérité, je pense que c'est le budget qu'il ne fallait pas faire – et que vous ne vouliez pas faire. À l'heure où de lourds nuages pèsent sur la croissance européenne et mondiale, les politiques monétaire et budgétaire sont à bout de souffle. Monsieur le ministre, comment comptez-vous sortir de cette impasse ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'action et des comptes publics.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur le président de la commission des finances, j'ai l'impression que vous n'arrivez pas à dire que le prélèvement à la source est une bonne chose pour les Français.
M. Thibault Bazin. Ce n'est pas la question !
M. Gérald Darmanin, ministre. Or il faut savoir reconnaître les erreurs que l'on a pu commettre. C'est une belle mesure, qui permettra aux Français de bénéficier, dès le mois de janvier, de la baisse d'impôt sur le revenu que vous ne manquerez certainement pas de voter, avec nous, dans quelques jours. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Plusieurs députés du groupe LR . Ce n'est pas la question !
M. Thibault Bazin. Vous noyez le poisson !
M. Gérald Darmanin, ministre . Puisque vous jugez nos deux premiers budgets favorables aux entreprises,…
M. Maxime Minot. Non !
M. Gérald Darmanin, ministre . …pourquoi avez-vous voté contre ? Le troisième exercice vous paraît aujourd'hui désolant.
Il est vrai qu'une différence nous oppose…
M. Jean-Paul Lecoq. Il n'y en a aucune !
M. Gérald Darmanin, ministre . …puisque nous affirmons trois priorités dans le budget que nous présentons : la baisse des impôts, la baisse des impôts et la baisse des impôts. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)
M. Thibault Bazin. Vous mentez, vous mentez, vous mentez !
M. le président. La parole est à M. Éric Woerth.
M. Éric Woerth. Monsieur le ministre, votre priorité semble plutôt être l'augmentation de la dette, l'augmentation de la dette et l'augmentation de la dette ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Gérald Darmanin, ministre. Monsieur Woerth, ai-je besoin de vous rappeler que, lorsque vous étiez ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, la dette a connu une augmentation importante tandis que le pays traversait une crise économique ? (Protestations sur les bancs du groupe LR.)
M. Maxime Minot. Et vous, vous étiez où ? Un peu d'humilité !
M. Gérald Darmanin, ministre . Pour la première fois depuis vingt ans, le déficit est passé en dessous de la barre des 3 %. Il baissera continuellement pour atteindre 2,2 %. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Protestations sur les bancs du groupe LR.)
Pour la première fois depuis plus de trente ans, la dépense publique est en baisse, passant de 54 % à 53,4 % des prélèvements obligatoires. (Mêmes mouvements.)
M. Maxime Minot. Arrêtez le pipeau !
M. Gérald Darmanin, ministre . Pour la première fois depuis une époque à laquelle je n'avais même pas le baccalauréat, la dette, qui n'avait cessé d'augmenter, baissera – certes faiblement, de 0,1 %, mais après avoir été stabilisée pour la première fois depuis dix ans. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Réjouissez-vous, monsieur Woerth : les impôts baissent, le chômage baisse et les comptes publics se rétablissent. Voilà ce que fait la majorité parlementaire ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)
M. Maxime Minot. Nous ne vivons pas sur la même planète !
M. Michel Herbillon. Ce n'est pas la première fois que vous mentez !
M. Thibault Bazin. Pinocchio !
M. Fabien Roussel. Arrêtez, vous allez vous marier aux municipales !
M. Pierre Cordier. Et depuis, monsieur le ministre, avez-vous eu le bac ?
Auteur : M. Éric Woerth
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Action et comptes publics
Ministère répondant : Action et comptes publics
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 2 octobre 2019