15ème législature

Question N° 2257
de M. Gilles Le Gendre (La République en Marche - Paris )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > élevage

Titre > Sommet de l'élevage

Question publiée au JO le : 09/10/2019
Réponse publiée au JO le : 09/10/2019 page : 8682

Texte de la question

Texte de la réponse

SOMMET DE L'ÉLEVAGE


M. le président. La parole est à M. Gilles Le Gendre.

M. Gilles Le Gendre. Monsieur le Premier ministre, depuis trois mois, les députés du groupe La République en marche subissent des agressions de la part d’agriculteurs en colère.

M. Fabien Di Filippo. Il faudrait arrêter de leur mentir !

M. Gilles Le Gendre. Une cinquantaine de nos permanences ont été dégradées.

Depuis trois mois, je me suis refusé à prendre la parole dans cet hémicycle pour dénoncer ces actes inadmissibles.

Nous savons les inquiétudes du monde paysan et nous les entendons. Et surtout, cela a été rappelé, votre gouvernement et notre majorité travaillent sans relâche pour leur apporter les réponses utiles.

Depuis trois mois, nous demandons aux responsables de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, la FNSEA, de se désolidariser de ceux de ses membres qui commettent ces dégradations. Depuis trois mois, ils restent muets !

M. Pierre Cordier. Il attaque la FNSEA !

M. Charles de la Verpillière. Député du VIIe !

M. Éric Diard. Il n'a jamais vu une vache !

M. Gilles Le Gendre. Jeudi dernier, deux membres de notre assemblée étaient conviés au sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne : Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques, et Jean-Baptiste Moreau, lui-même agriculteur.

À peine étaient-ils invités à s’exprimer qu’ils ont été pris à partie et sortis de force du salon par des manifestants.

M. Pierre Cordier. Ça fait partie du jeu !

M. Gilles Le Gendre. Au nom de mon groupe, je condamne ces actes inadmissibles et je suis sûr que mes collègues, sur tous les bancs, auront à cœur d’en faire autant. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Monsieur le Premier ministre, comment pouvons-nous contribuer à résoudre cette crise de confiance du monde agricole et faire en sorte que la raison l’emporte sur la violence ?

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Depuis que je suis tout petit, je sais que le dialogue entre les gouvernements et les agriculteurs peut être vif et parfois tendu.

M. Éric Straumann. Petit, il était déjà grand !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Depuis que je suis tout petit, je sais que les permanences des parlementaires peuvent faire l'objet de déversements de purin, de mesures désagréables, qui vont parfois au-delà du désagréable et flirtent même avec des limites que nous préférerions ne pas connaître.

Vous le savez, nous le savons ; ce n'est pas neuf. Ce n'est pas acceptable pour autant, mais cela existe.

Ce qui s'est passé jeudi dernier au sommet de l'élevage ne me semble pas relever exactement de la même logique. Voici ce qui s'est produit : deux parlementaires – le président de la commission des affaires économiques et un député – qui s'étaient rendus sur place à l'invitation des organisateurs de l'événement pour participer à une discussion se font sortir manu militari, alors même qu'ils ont engagé la discussion, sans que personne ne trouve véritablement à y redire.

Je ne crois pas, monsieur le président Le Gendre, que ce type d'agissements soit représentatif de ce que pensent foncièrement nos agriculteurs ni de la qualité du dialogue qu'ils espèrent nouer avec la majorité et le Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe MODEM.)

M. Éric Straumann. Ils se sentent trahis ! C'est ça, le problème !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . Oui, être agriculteur, c'est difficile ; et la vérité, c'est qu'être agriculteur, dans notre pays, a toujours été difficile. Le métier n'a jamais été facile.

M. Charles de la Verpillière. Surtout dans le 7e arrondissement !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. L'un de vos collègues citait tout à l'heure le fameux « ça eut payé, mais ça ne paie plus ». La vérité, je le répète, c'est que cela n'a jamais été facile.

Vous savez parfaitement, monsieur le président Le Gendre,…

M. Charles de la Verpillière. Non, il n'y connaît rien !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. …comme nous tous ici, que jamais les agriculteurs ne se sont plaints de la difficulté de leur métier. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) Ce qu'ils évoquent parfois aujourd'hui, c'est bien plutôt le fait – qui est neuf – que leur activité est désormais regardée par une partie significative de la population comme dangereuse pour l'environnement ou contraire aux intérêts mêmes du pays.

M. Pierre Cordier. Avec le glyphosate, vous contribuez au phénomène !

M. Frédéric Reiss. Il faut y mettre fin !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. C'est à la fois neuf et préoccupant. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Et il faut comprendre – je le dis comme je le pense – les agriculteurs, les paysans, les éleveurs qui, critiqués parfois brutalement, ont le sentiment que l'un des éléments du pacte social qui les lie au pays est remis en cause.

M. Pierre Cordier. C'est vous qui le dites ! Mais passez aux actes !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Reste que tous les discours qui incitent à la violence, qui interdisent le débat, qui laissent penser que nous ne prendrions pas en considération ce que disent les agriculteurs ni leurs intérêts ne font pas de bien à l'agriculture. Les problèmes de l'agriculture ne sont pas simplement les problèmes des autres. Nous pouvons, je crois, nous tourner vers les syndicats agricoles, les distributeurs, les filières (Exclamations sur les bancs du groupe LR) et dire que plusieurs problèmes relèvent aussi de la désorganisation de certaines filières. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – M. Jean-Pierre Cubertafon applaudit également.) Dire cela, ce n'est pas critiquer les agriculteurs, mais mettre sur la table des problèmes que chacun connaît. Nous voulons les résoudre ; pour y parvenir, il faut parler aux agriculteurs.

M. Thibault Bazin. Il ne suffit pas de parler !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. C'est tout à fait l'intention du ministre de l'agriculture et du Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe MODEM.)

M. le président. La parole est à M. Gilles Le Gendre.

M. Gilles Le Gendre. Pour aller dans votre sens, monsieur le Premier ministre, j'indiquerai simplement que notre groupe recevra cet après-midi une délégation de la FNSEA emmenée par sa présidente, Christiane Lambert. Malgré les incidents de jeudi, nous n'avons pas voulu annuler cette rencontre fixée de longue date. (Vives exclamations et rires sur les bancs du groupe LR.) Car comme vous l'avez dit, en dépit de tout, le dialogue avec le monde agricole doit se poursuivre ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)