Rubrique > politique extérieure
Titre > G5 Sahel
M. Bruno Fuchs attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur le soutien de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis à la Force conjointe du G5-Sahel et à la Force multinationale mixte du bassin du lac Tchad. Le récent Sommet de la communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui s'est tenu à Ouagadougou, au Burkina-Faso, le 14 septembre 2019 et auquel étaient associés le Tchad et la Mauritanie, aura, en effet, vu la confirmation de la nécessité de lier réponse militaire et résilience économique et sociétale, via une indispensable et urgente mobilisation de l'ensemble des 17 États d'Afrique de l'ouest et de la bande sahélo-saharienne impactés par le terrorisme. S'il faut se réjouir de la contribution financière des États participants au sommet, à hauteur de 898 millions d'euros, prévue sur les quatre prochaines années, tant les besoins financiers et capacitaires des pays concernés sont énormes, l'on est, néanmoins, en droit de s'interroger sur les conditions et l'effectivité du décaissement des contributions promises par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, respectivement de 91 millions d'euros et 27 millions d'euros. Dans un passé pas si lointain, le financement par ces États de mosquées, madrasas, écoles et centres culturels prônant un wahhabisme prosélyte, a été la matrice de la radicalisation islamiste dans la région et sa mutation en groupes et organisation terroristes. Cette triste réalité qui a sévèrement touché les États sahélo-sahariens, tout comme le Nigéria, semble également se confirmer aujourd'hui, à travers les rapports de plusieurs ONG présentes sur place, notamment au Niger et au Tchad, mettant en garde contre le recrutement - par des entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD), notamment émiraties -, de tchadiens et nigériens se retrouvant de facto à combattre sur les théâtres libyens et yéménites. La présence effective à Ouagadougou, comme observateurs, d'une délégation saoudienne et émirienne - au même titre que la France, du reste -, vient ainsi confirmer que la question de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne est devenue un enjeu, voire un vecteur du conflit opposant plusieurs pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) entre eux, notamment depuis le conflit les opposant au Qatar, depuis juin 2017. À cet égard, il lui demande de lui indiquer comment la France entend garder sa stricte neutralité, dans ce contexte, et ce, en tant que puissance « médiatrice » entre le Qatar et le « Quartet » (Arabie saoudite, EAU, Bahreïn et Égypte). Car cette question impacte désormais sur la légitimité, l'efficacité et la capacité de la France à juguler le terrorisme sur le continent africain.