Question au Gouvernement n° 2567 :
Incendies en Australie

15e Législature

Question de : Mme Perrine Goulet
Nièvre (1re circonscription) - La République en Marche

Question posée en séance, et publiée le 8 janvier 2020


INCENDIES EN AUSTRALIE

M. le président. La parole est à Mme Perrine Goulet.

Mme Perrine Goulet. Monsieur le ministre de l'intérieur, la terre brûle. Après les événements en Amazonie, une nouvelle catastrophe environnementale a lieu sous nos yeux, en Australie, en proie à des incendies exceptionnels. Un espace d'une surface quasiment équivalente à celle de la région Nouvelle-Aquitaine a disparu dans les flammes. La base même de l'écosystème australien, la forêt, le bush, a partiellement disparu.

La faune est également touchée, 500 millions d'animaux sauvages ayant déjà été touchés par ces incendies. Des espèces endémiques vont souffrir de cette catastrophe et risquent de disparaître définitivement – je pense notamment aux koalas, particulièrement touchés parce qu'ils tendent à se réfugient au sommet de leur arbre de prédilection, l'eucalyptus, particulièrement inflammable car gorgé d'huile.

Les hommes, les femmes, les enfants et les pompiers seront affectés à long terme, parfois durement, par la toxicité des fumées qu'ils respirent depuis plusieurs semaines. Malheureusement ce n'est même pas encore ce que les pompiers australiens appellent la haute saison des incendies. De mémoire d'homme, une telle intensité de feu n'avait jamais été observée. Dans leurs projections, les spécialistes évoquent des brasiers qui dureront jusqu'en mars, voire avril prochain. Ces derniers ont déjà rejeté 250 millions de tonnes de CO2, et les fumées, nous l'apprenions ce matin, ont atteint l'Argentine et le Chili, à 11 000 kilomètres de là.

Le Chili, c'est justement là que devait initialement se tenir la COP25. Déplacée à Madrid, elle a, de l'aveu de tous, été un échec. Nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux de sauvegarde de notre planète. S'il fallait convaincre les plus sceptiques, ces incendies sont une matérialisation criante et cruelle du réchauffement climatique. En la matière, la prise de conscience doit être mondiale : nous agissons, mais ce n'est clairement pas assez.

Le 5 janvier dernier, le Président de la République a exprimé sa solidarité avec le peuple australien et a proposé l'aide opérationnelle immédiate de la France. Notre pays dispose en effet d'une expertise et d'une technique internationalement reconnues dans la lutte contre les feux de forêts.

Monsieur le ministre, pouvez-vous indiquer à la représentation nationale si l'Australie a accepté cette aide, et, dans l'affirmative, quelle en sera la traduction ?

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Comme l'a fait Élisabeth Borne tout à l'heure, je souhaite rappeler l'enjeu du combat actuellement mené par les forces qui luttent contre les incendies survenus partout en Australie, provoquant des dégâts humains et environnementaux épouvantables. Près de 1 million d'animaux ont ainsi été emportés, et l'on compte une vingtaine de morts : voilà la réalité du sinistre qui frappe ce pays.

Au-delà de ce constat, il faut certes mener une politique de fond de lutte pour la biodiversité et le développement durable, mais également agir immédiatement. Le Président de la République s'est entretenu dimanche avec le Premier ministre australien, M. Scott Morrison, pour lui faire part de la solidarité de la France et de sa disponibilité pour accompagner l'Australie. Hier midi, j'ai reçu l'ambassadeur d'Australie en France, M. Brendan Berne, pour lui soumettre et lui présenter tous les dispositifs que nous pouvions mettre à disposition.

Après de rapides échanges, nous avons déterminé ce matin la composition de la première mission que nous enverrons sur place : cinq experts des différents sujets sur lesquels nous pourrions apporter notre soutien, non parce que l'Australie ne saurait pas faire – c'est un grand pays, qui a hélas l'expérience et un très grand savoir-faire dans la lutte contre les incendies –, mais parce qu'elle nous a sollicités pour que nous l'accompagnions dans les stratégies de lutte aérienne, de gestion de crise en matière de lutte contre les feux de forêt et sur d'autres spécialités que nous avons hélas développées – je dis « hélas », car elles l'ont été à cause de ce que nous avons connu dans le Sud de la France.

L'équipe de la première mission partira ce soir : demain, en fin de journée, elle sera sur place en Australie et pourra déterminer avec les autorités australiennes comment nous pourrons, dans un second temps, renforcer encore les moyens humains. En fonction de ce qui sera sollicité, près d'une centaine de personnes pourront être mobilisées dans un cadre européen, expression de notre solidarité au-delà même de l'expertise qui débutera dès ce soir. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

Données clés

Auteur : Mme Perrine Goulet

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Climat

Ministère interrogé : Transition écologique et solidaire

Ministère répondant : Transition écologique et solidaire

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 janvier 2020

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