15ème législature

Question N° 265
de Mme Constance Le Grip (Les Républicains - Hauts-de-Seine )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Enseignement supérieur, recherche et innovation
Ministère attributaire > Enseignement supérieur, recherche et innovation

Rubrique > enseignement supérieur

Titre > réforme de l'accès à l'université

Question publiée au JO le : 09/11/2017
Réponse publiée au JO le : 09/11/2017 page : 4494

Texte de la question

Texte de la réponse

RÉFORME DE L'ACCÈS À L'UNIVERSITÉ


M. le président. La parole est à Mme Constance Le Grip, pour le groupe Les Républicains.

Mme Constance Le Grip. Monsieur le Premier ministre, vous avez dévoilé le 30 octobre votre Plan étudiants et une réforme de l'accès à l'université. Nous en attendions beaucoup, tant il est vrai que bien peu s'était passé, depuis la grande réforme sur l'autonomie des universités portée par Nicolas Sarkozy et Valérie Pecresse.

Notre université souffre. Elle est devenue dans bien des cas une orientation par défaut. Elle étouffe dans des locaux souvent vétustes. Elle est mal notée dans les classements internationaux. Surtout, elle peine terriblement à faire réussir nos étudiants et est devenue, bien malgré elle, une fabrique à échec : 60 % des étudiants échouent en première année de licence. Quel immense gâchis !

Pour remédier à cette situation, monsieur le Premier ministre, vous aviez la possibilité de l'audace. Vous aviez le choix de la réforme dans la liberté et dans la responsabilité.

Hélas, vous n'osez pas franchir totalement le Rubicon – vous vous arrêtez au milieu ! Vous avez certes, dont acte, mis fin au tirage au sort, injuste et arbitraire, mais le projet alternatif que vous proposez est bien peu ambitieux eu égard à l'importance de l'enjeu.

Pour ne fâcher personne, vous ne parlez ni de sélection, ni de prérequis, comme si les mots faisaient plus peur que les problèmes eux-mêmes. Vous évoquez des « attendus », un terme certes aimable.

Vous êtes dans le ni-ni : ni sélection, ni ouverture totale. Agrémenté à la sauce du « en même temps », votre projet ressemble fort à une usine à gaz, lourde, complexe, bureaucratique.

M. Marc Le Fur. Très juste !

Mme Constance Le Grip. En réalité, hormis quelques filières sous tension, chaque bachelier pourra continuer à s'inscrire dans une filière universitaire, qu'il en ait l'aptitude ou pas.

Pourtant, l'opinion publique est prête comme jamais à une vraie réforme, qui permette aux universités d'établir des procédures de sélection.

Monsieur le Premier ministre, pourquoi avoir renoncé à une réforme courageuse et audacieuse de l'accès à l'université ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la députée, heureusement, les universités ne se résument pas à la description que j'ose qualifier de caricaturale que vous venez d'en faire. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM ainsi que quelques bancs du groupe LC.)

Nous avons choisi de mener une réforme qui est juste (Exclamations sur les bancs du groupe LR). Pourquoi ? Parce qu'à la question « faut-il supprimer la sélection par le tirage au sort, la plus arbitraire qui soit ? » nous avons répondu oui.

Parce qu'à la question « faut-il supprimer la sélection par l'échec, qui est la plus injuste socialement qui soit ? » nous avons répondu oui. Vous ne pouvez ignorer, mesdames, messieurs les députés de l'opposition, la part de la réforme qui vise à accompagner l'ensemble des bacheliers, dans leur diversité, et à leur donner les moyens de réussir. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe REM.)

Parce qu'à la question « avons-nous besoin d'une jeunesse de plus en plus formée et de plus en plus diplômée ? » nous avons aussi souhaité répondre oui. (« Ce n'est pas la question ! » sur les bancs du groupe LR.) Cela signifie que nous donnerons aux établissements les moyens d'accueillir l'ensemble des bacheliers, dans leur diversité, et de les former, afin qu'ils atteignent la réussite.

M. Claude Goasguen. Quelle erreur ! Non, ils n'atteindront pas la réussite !

Mme Frédérique Vidal, ministre . Notre réforme est aussi une réforme équilibrée. Nous croyons à la motivation pour réussir, et nous demandons à la jeunesse de faire confiance à son enseignement supérieur pour la guider vers cette réussite.

Enfin, c'est une réforme que nous avons voulue réaliste, puisqu'elle a été construite à l'issue de cent cinquante heures de concertation pendant lesquelles ceux-là mêmes qui devaient agir dès la rentrée ont fait des propositions qui leur paraissaient crédibles et réalistes. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM et MODEM.)