Rémunération des enseignants
Question de :
Mme Michèle Victory
Ardèche (2e circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 19 février 2020
RÉMUNÉRATION DES ENSEIGNANTS
M. le président. La parole est à Mme Michèle Victory.
Mme Michèle Victory. Monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, c'est terrible, mais quelque chose ne fonctionne vraiment pas entre, d'un côté, vous et vos propositions, et, de l'autre, la communauté éducative dans son ensemble. En effet, chacune de vos propositions vient ajouter de nouvelles craintes et accentuer ce sentiment, que vous refusez obstinément d'entendre, d'épuisement des personnels de votre administration, au point que le métier d'enseignant ne fait plus rêver les étudiants. C'est la jeunesse qui pourrait bien payer le prix de votre incapacité à comprendre, au fond, ce qui se joue dans la carrière des enseignants.
Le projet de loi sur la transformation des régimes de retraite vous a donné l'occasion de faire miroiter aux enseignants un parfum de revalorisation des salaires. Toutefois, des 10 milliards d'euros promis par votre Gouvernement afin de compenser les conséquences désastreuses de la réforme, il ne reste plus que 500 millions dans le budget pour 2021, et les nouveaux scénarios proposés dressent la perspective d'un marché de dupes : seulement 200 millions d'euros seront distribués aux enseignants, soit une hausse d'environ 14 euros par mois, le reste étant une supposée contrepartie généreusement offerte aux enseignants qui accepteraient des tâches supplémentaires, contrepartie habilement habillée sous le concept moralisateur, libéral et inopérant de la rémunération au mérite. C'est une provocation pure et simple !
Oui, il y a des personnels en détresse, désespérés par le gouffre qu'ils vivent, au quotidien, entre les discours de l'institution et la réalité. L'institution ne sait pas accompagner ces personnels, mais expliquez-nous en quoi ces enseignants auraient démérité ? Or ce sont bien eux que vous désignez, en creux, à la critique.
Aucun des quatre scénarios que vous proposez n'est en phase avec leurs attentes, soit parce qu'ils ne concernent qu'une partie des enseignants, soit parce que l'enveloppe budgétaire reste constante. Monsieur le ministre, vous faites fausse route en imaginant qu'une telle fable fasse rentrer dans le rang des personnels qui ne vous font plus confiance. Quand sortirez-vous de cet enfermement ? (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC et GDR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame Victory, je vais vous rassurer et vous faire plaisir. Si vous êtes sincère et que l'amélioration du système de l'éducation nationale vous intéresse plus que les vaines polémiques, sachez que tout ce que nous allons faire va dans le sens que vous souhaitez. Le nombre de professeurs va substantiellement augmenter. Aucun des chiffres que vous avez donnés n'est exact. Rassurez-vous, l'augmentation salariale sera bien supérieure à 14,50 euros – je ne sais pas où vous avez trouvé ce montant.
Le dialogue social est nourri : de janvier à juin, nous élaborons, en lien avec les organisations syndicales, le niveau de l'augmentation. Je vous le dis très clairement, devant le Premier ministre et le ministre de l'action et des comptes publics, qui se sont exprimés sur ce point, les augmentations budgétaires programmées sont très importantes.
M. Fabrice Brun. Ce n'est pas comme si l'État était en déficit !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Ainsi, en 2021, elles représenteront 500 millions d'euros, et il s'agit de la première marche d'une vision pluriannuelle du sujet. Voilà donc une excellente nouvelle pour le milieu éducatif. Cette mesure sera de plus en plus visible pour les enseignants, mais vous profitez de cette période d'attente pour essayer de répandre des nouvelles fausses – car ce que vous avez dit n'était pas exact.
M. David Habib. Personne ne vous croit !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Je rectifie volontiers et avec grand plaisir vos propos, afin d'aller dans le sens de vos souhaits : oui, les professeurs seront augmentés, et oui, nous en profiterons pour améliorer le service public de l'éducation. L'effort portera sur l'ensemble de la profession, notamment sur les plus jeunes et les personnels en milieu de carrière, afin que les professeurs français deviennent, au cours de la décennie 2020, parmi les mieux payés en Europe.
M. Frédéric Reiss. On en est loin !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Voilà notre objectif. J'évoque même ce sujet à l'échelle européenne : il en sera question jeudi à Bruxelles, l'objectif étant que cette stratégie soit partagée dans l'Union européenne.
Cette vision stratégique d'amélioration de l'éducation nationale se traduira concrètement sur les bulletins de paie dès 2021, ce qui devrait vous réjouir. Honnêtement, nous devrions être unis sur un tel sujet, à moins que vous ne cherchiez qu'à polémiquer. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)
Auteur : Mme Michèle Victory
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale et jeunesse
Ministère répondant : Éducation nationale et jeunesse
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 février 2020