15ème législature

Question N° 2800
de Mme Virginie Duby-Muller (Les Républicains - Haute-Savoie )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Solidarités et santé
Ministère attributaire > Solidarités et santé

Rubrique > santé

Titre > Lutte contre l'épidémie de covid-19 et politique du Gouvernement en matière de dépistage

Question publiée au JO le : 25/03/2020
Réponse publiée au JO le : 25/03/2020 page : 2690

Texte de la question

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE L'ÉPIDÉMIE DE COVID-19 ET POLITIQUE DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE DE DÉPISTAGE


M. le président. La parole est à Mme Virginie Duby-Muller.

Mme Virginie Duby-Muller. Je veux d'abord rendre hommage à notre personnel soignant, mobilisé sans relâche, épuisé mais debout, et à ces femmes et ces hommes qui endurent comme ils peuvent la vague épidémique. Nous pouvons faire beaucoup pour les y aider.

Monsieur le Premier ministre, les immunologistes sont aujourd'hui formels : le diagnostic par les tests fait cruellement défaut en France, où l'on réalise seulement 5 000 tests par jour. L'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, a expliqué, à raison, qu'on ne pouvait pas combattre un incendie les yeux bandés. Le dépistage est le meilleur rempart pour endiguer le coronavirus, comme l'illustrent les exemples sud-coréen et allemand. Allez-vous enfin mettre en place une politique de dépistage massif et tester prioritairement le personnel soignant et les forces de l'ordre, qui sont en première ligne face à l'épidémie ?

Notre pays manque cruellement aussi de masques de protection. L'heure n'est pas à la polémique ; le temps du bilan viendra. Ma question est simple : comment sommes-nous passés de 1,4 milliard de masques en 2012 à seulement 145 millions lors de la prise de fonctions d'Olivier Véran ? Avec un temps de retard, vous commencez cette semaine à livrer de nouveaux masques, mais le coronavirus ne vous a pas attendu.

Qu'ils soient dans des EHPAD – établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – ou qu'ils bénéficient des services de soins à domicile, nos aînés sont souvent oubliés. Les retours du terrain sont clairs : certains soignants manquent de masques, se mettant alors en danger et mettant également en danger, malgré eux la vie de leurs patients. C'est notamment le cas dans mon département de Haute-Savoie, où le taux d'attaque du virus est le plus fort de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce sont, d'ailleurs, des entreprises ou des collectivités comme le département de Haute-Savoie qui pallient vos carences.

Monsieur le Premier ministre, quelle est votre stratégie pour produire et distribuer en grande quantité et dans les plus brefs délais de nouveaux stocks de masques ? Le « en même temps » est moins que jamais adapté en période de crise. Nous attendons des mesures-choc d'ampleur. Vous pourrez compter sur notre soutien pour les voter.

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la députée, vous avez posé de nombreuses questions dans une seule. Sans doute aurai-je moi-même à répondre aujourd'hui à beaucoup de questions. Permettez-moi de commencer, comme vous l'avez fait, par saluer l'engagement de tous les soignants qui, en ce moment même, dans les hôpitaux, dans les cabinets de ville et sur le terrain, sont en train de sauver des vies, parfois au péril de la leur. La grande famille des soignants et des médecins a été plusieurs fois endeuillée hier : c'est très douloureux pour notre pays, pour les Français. Il y a évidemment union nationale pour saluer l'engagement de nos soignants sur le terrain et l'engagement sans faille de toutes celles et tous ceux qui, au quotidien, depuis maintenant plusieurs semaines, sans relâche, sans jamais renoncer, sont au contact des Français pour permettre à chacune et à chacun de bénéficier des soins et des services indispensables à leur vie quotidienne.

Pour ce qui concerne les tests, que j'ai évoqués hier et samedi lors de conférences de presse, nous en réalisons actuellement plus de 5 000 par jour, ce qui nous place au-dessus de la moyenne européenne. L'Allemagne nous dépasse, mais elle réalise de 10 000 à 12 000 tests par jour, et non pas 160 000 comme j'ai pu le lire ou l'entendre. Qu'importe, du reste, car l'objectif est très clair : tester, tester, tester ! Nous avons entendu l'appel de l'Organisation mondiale de la santé, comme nous avions entendu son premier appel, lorsqu'elle demandait, pendant les stades 1 et 2 que l'on ne teste que les nouveaux cas apparaissant sur le territoire, les personnes fragiles et les soignants.

Nous sommes désormais parfaitement mobilisés, avec l'ensemble des biologistes de notre pays et du monde entier, pour développer un test de sérologie permettant de déterminer au moyen d'une prise de sang qui a été malade et qui ne l'a pas été, – c'est sans limite des dizaines ou des centaines de milliers de tests pourront être faits chaque jour –, ainsi qu'un test plus rapide et plus simple que celui qui existe actuellement, très compliqué, reposant sur des plateformes de PCR – réaction en chaîne par polymérase – avec des réactifs complexes, qui est disponible aujourd'hui dans 120 établissements de notre pays et que nous renforcerons dans les jours et les semaines à venir.