Attaque terroriste au Nigéria
Publication de la réponse au Journal Officiel du 21 juillet 2020, page 4963
Question de :
M. Patrice Anato
Seine-Saint-Denis (3e circonscription) - La République en Marche
M. Patrice Anato interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les violences terroristes en Afrique de l'Ouest. Le 24 mars 2020, différentes sources militaires ont indiqué à l'agence France-Presse (AFP) que près de 70 soldats nigérians ont été tués lors d'une attaque de convoi, menée par des membres d'ISWAP - branche de Boko Haram affiliée au groupe État islamique. Cette embuscade se serait déroulée dans la région de Konduga, dans l'État du Borno, zone particulièrement en proie aux violences terroristes depuis 2009. Alors que la France, par le biais d'un communiqué diplomatique, a condamné l'attaque terroriste qui s'est déroulée le 23 mars 2020 au Tchad, plusieurs associations œuvrant pour la paix dans cette région déplorent le silence de la France concernant l'attaque à l'encontre des forces armées nigérianes. Il lui demande, en conséquence, de préciser la position de la France concernant l'attaque perpétuée au Nigéria, ainsi que, plus globalement, les actions menées pour aider les pays ouest-africains à lutter contre le terrorisme qui y sévit.
Réponse publiée le 21 juillet 2020
En mars, les attaques perpétrées par les différentes branches de Boko Haram confirment que cette organisation terroriste représente une menace persistante. Le 23 mars, à Bouma, au Tchad une attaque a fait près de 100 morts et plus de 50 blessés parmi les militaires tchadiens ; 47 soldats nigérians sont morts le même jour, selon le bilan officiel, dans une embuscade tendue par des combattants de la faction de Boko Haram liée à l'État islamique, à Gorgi, à la frontière entre le Borno et le Yobe. Plusieurs attaques ont également été à déplorer dans l'extrême sud-est du Niger au cours du mois de mars. Un regain d'activité est malheureusement habituel en début de saison sèche, mais son ampleur cette année s'avère particulièrement préoccupante. Cela traduit une radicalisation des modes d'action des deux branches du groupe, notamment ISWAP (Islamic State's West Africa Province) dont le leadership a récemment changé. La faction dirigée par Abubakar Shekau poursuit par ailleurs une stratégie de terreur en multipliant les attaques contre les forces armées et la population civile. Les tensions restent également fortes dans le centre du Nigéria où les conflits agropastoraux mettent aux prises des éleveurs transhumants et des agriculteurs. Ces conflits ont fait de très nombreuses victimes dans l'ensemble de ces communautés. En complément des opérations de la Force multinationale mixte, force régionale qui associe depuis 2015 les armées nationales des pays riverains du Lac Tchad, le Tchad a lancé une opération militaire d'envergure le 29 mars qui a permis de reprendre les principaux postes de commandement de Boko Haram au Tchad, au Nigéria et au Niger et aurait également permis de neutraliser environ un millier de terroristes selon les autorités tchadiennes. La France, avec l'Union européenne, accompagne la Force multinationale mixte, notamment à travers la cellule de coordination et de liaison basée à Ndjamena ainsi qu'un important soutien financier européen, qui atteint 50 millions d'euros. Nous menons également des actions de coopération avec les armées nationales nigériane, tchadienne, nigérienne et camerounaise. En lien avec nos partenaires, nous continuerons de soutenir le Nigéria et les pays de la région dans leurs efforts pour protéger leurs populations et lutter contre le fléau du terrorisme.
Auteur : M. Patrice Anato
Type de question : Question écrite
Rubrique : Terrorisme
Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères
Ministère répondant : Europe et affaires étrangères
Signalement : Question signalée au Gouvernement le 8 juin 2020
Dates :
Question publiée le 7 avril 2020
Réponse publiée le 21 juillet 2020