15ème législature

Question N° 2829
de M. Ludovic Pajot (Non inscrit - Pas-de-Calais )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Solidarités et santé
Ministère attributaire > Solidarités et santé

Rubrique > santé

Titre > Lutte contre l'épidémie de covid-19

Question publiée au JO le : 01/04/2020
Réponse publiée au JO le : 01/04/2020 page : 2717

Texte de la question

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE L'ÉPIDÉMIE DE COVID-19


M. le président. La parole est à M. Ludovic Pajot.

M. Ludovic Pajot. En cette période d'état d'urgence sanitaire, de nombreux Français sont légitimement inquiets. Ils sont inquiets de voir chaque jour le nombre de contaminations augmenter et de nouveaux décès.

Ils sont inquiets du risque d'engorgement de nos services de soins intensifs et de réanimation. Le risque concerne désormais l'épuisement même des stocks de produits nécessaires à la réanimation, qu'il s'agisse de respirateurs, de curare et même de bouteilles d'oxygène. L'initiative d'Air Liquide de se lancer dans la fabrication de respirateurs, avant même toute demande officielle, est salutaire, mais révélatrice de l'absence d'État stratège et de souveraineté nationale.

Ils sont inquiets du manque de masques et d'équipement pour nos soignants qui se trouvent en première ligne, aussi bien en secteur hospitalier qu'en médecine de ville, et sans oublier les infirmières libérales. N'oublions pas non plus les aides à domicile, les policiers, les gendarmes, les salariés du transport, du commerce, les pompes funèbres et bien d'autres secteurs stratégiques. L'exigence de disposer de 200 millions de masques par mois n'est pas en passe d'être respectée.

Face à cette situation, les responsables politiques doivent la transparence aux Français, mais aussi se montrer visionnaires. Les experts de l'OMS s'accordent à dire qu'une des clés de la réussite face à cette épidémie est la généralisation des tests. Contrairement à la France, l'Allemagne et la Corée du Sud les ont très rapidement multipliés et ont isolé les malades. Notre pays est en retard aussi dans ce domaine.

Monsieur le ministre, peut-on espérer avoir, dans les prochains jours, les premiers résultats des essais cliniques actuellement en cours, comme celui intitulé Discovery ? Et pouvez-vous nous confirmer qu'en cas d'identification d'une molécule efficace pour combattre le virus, les stocks seront prêts pour approvisionner les établissements de soins dans les meilleurs délais ? Il s'agit d'un élément indispensable pour la sortie du confinement.

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le député, vous comparez la France avec d'autres pays en matière de stratégie de tests. Vous auriez pu comparer la France avec d'autres pays s'agissant de la stratégie du confinement. Vous verriez, je vous l'assure, que la France a été très avance par rapport à tous les autres pays, que nous avons même impulsé une dynamique européenne, et que nous avons incité très fortement des pays qui se trouvaient en retrait vis-à-vis de ces politiques de confinement à nous rejoindre.

Vous auriez pu suivre les interventions des membres du Gouvernement lors des différentes réunions européennes, tels que les conseils européens – elles sont d'ailleurs publiques. Vous auriez vu que la France a été, avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et quelques autres pays, l'un des premiers États membres de l'Union européenne à dire que la menace épidémique était réelle et qu'il fallait que l'Europe se prépare et s'arme. J'estime que les comparaisons doivent être faites dans leur globalité.

Je salue, puisque vous avez cité l'Allemagne, notre voisin allemand, qui nous aide énormément dans cette période, qui nous prête du matériel, qui est capable de transférer des malades de la région Grand Est vers son territoire national et qui permet de soulager les réanimations. Cette solidarité européenne, à laquelle nous croyons profondément, qui fait la beauté de l'Europe ainsi que son harmonie, et qui fait que nous sommes attachés à l'idéal européen, fonctionne à plein, monsieur le député.

Si nous n'avions pas l'Europe, nous n'aurions pas ce très fort soutien de l'Allemagne, et nous ne serions pas en mesure de tendre la main à nos voisins espagnols, avec qui nous avons même un hôpital commun – situé en Catalogne, du côté français –, ou à nos voisins italiens, qui se trouvent en difficulté. Deux jours après l'émergence des premiers malades, j'étais ainsi à Rome, en Italie, pour tendre la main à nos voisins européens. Cette solidarité européenne, je profite d'en avoir l'occasion pour vous le dire, nous aide et sauve des vies.

Je vous répondrai ensuite que nous n'avons pas attendu votre intervention, monsieur le député, pour demander à Air Liquide de travailler. Nous l'avons fait il y a de très nombreuses semaines. Posez donc la question aux industriels et demandez-leur à quel moment nous les avons contactés et à quel moment ils nous ont répondu favorablement pour produire des masques, des respirateurs, des solutions hydroalcooliques, des médicaments. Appelez les acteurs industriels : ils vous diront que nous n'avons pas attendu que vous vous réveilliez, monsieur le député, pour leur demander leur aide et de se mettre en fonctionnement pour le pays et les soignants.

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Voilà !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Très bien !