15ème législature

Question N° 290
de Mme Célia de Lavergne (La République en Marche - Drôme )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > énergie et carburants

Titre > situation d'EDF

Question publiée au JO le : 16/11/2017
Réponse publiée au JO le : 16/11/2017 page : 4932

Texte de la question

Texte de la réponse

SITUATION D'EDF


M. le président. La parole est à Mme Célia de Lavergne, pour le groupe La République en marche.

Mme Célia de Lavergne. Monsieur le Premier ministre, lundi, EDF a annoncé une révision à la baisse de ses objectifs financiers pour 2018, ce qui a conduit immédiatement à une chute de 12 % du cours du titre en bourse. L'entreprise avait déjà annoncé, en octobre dernier, des résultats financiers plus faibles qu'attendus pour l'année 2017.

De telles annonces soulèvent la question de la solidité financière d'EDF et de sa capacité à financer les investissements importants programmés dans les prochaines années. Plus largement, ces annonces conduisent à s'interroger sur la stratégie et les moyens d'EDF dans les mutations du secteur énergétique que nous sommes en train de vivre.

Monsieur le Premier ministre, mardi 7 novembre, RTE – Réseau de transport d'électricité – a présenté cinq scénarios possibles pour la transition énergétique, conformément aux dispositions du code de l'énergie et en préparation de la future programmation pluriannuelle de l'énergie, prévue à la mi-2018.

Tous les scénarios reposent sur une accélération du recours aux énergies renouvelables, sur une libération de leur potentiel, avec au moins un doublement, voire un triplement de la production. De fait, si la gestion de la production d'énergie nucléaire est un pilier d'EDF, il est indispensable que l'entreprise s'investisse dans le renouvelable, aussi bien financièrement qu'en termes de ressources humaines dédiées, de management et d'organisation de ces sujets au sein du groupe EDF, dont je rappelle que l'État possède plus de 83 % du capital.

Ainsi, monsieur le Premier ministre, alors que le Gouvernement a annoncé la semaine dernière sa volonté d'accélérer fortement le développement des énergies renouvelables, EDF aura-t-elle réellement l'ambition de réaliser cette transition énergétique ? Se donnera-t-elle les moyens d'y parvenir ? Comment comptez-vous amener l'entreprise à accomplir pleinement le virage des énergies renouvelables, qui est nécessaire à l'équilibre de notre mix énergétique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe REM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Madame la députée, depuis plus de 70 ans, EDF occupe, dans le paysage français, dans l'économie française – j'allais dire dans l'imaginaire français – une place à part, une place essentielle.

EDF, c'est l'entreprise qui a porté – en partie, mais de façon très significative – la reconstruction nationale après la Deuxième Guerre mondiale.

C'est une entreprise qui a permis la production d'électricité dans des conditions de sûreté reconnues et qui garantit aux Français et aux Françaises, mais aussi aux entreprises qui sont installées en France un accès sûr à l'électricité, et à un prix abordable.

C'est une entreprise dont nous savons tous ici combien elle est attachée à sa mission et à son outil de production. Lorsque les temps sont difficiles, lorsque nous devons répondre à des crises climatiques et matérielles, nous savons tous combien les agents qui font vivre EDF sont à la hauteur de la mission que nous leur confions. J'ai eu l'occasion de dire devant la représentation nationale qu'il y a un peu plus d'une semaine j'étais à Saint-Martin, à la suite des événements climatiques que chacun a à l'esprit. Le réseau électrique y a été rétabli plus rapidement encore que ce qui avait été indiqué, parce que l'ensemble des agents de l'entreprise se sont mobilisés. Certains d'entre eux se sont rendus le plus rapidement possible sur place, depuis la métropole, pour faire en sorte que l'électricité revienne.

EDF, c'est tout cela, chacun le sait. Je tiens à le souligner et à tirer un coup de chapeau à ceux qui font vivre l'entreprise. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM, MODEM et GDR.)

Je voudrais aussi vous dire que cette entreprise est en mouvement. Une grande entreprise, dans le monde concurrentiel dans lequel nous vivons, doit s'adapter aux technologies et aux enjeux, que nous connaissons. À cet égard, EDF sera au rendez-vous de la transition énergétique et s'en donne les moyens. Depuis 2016, avec le soutien de l'État, l'entreprise a adopté un plan stratégique ambitieux pour consolider sa situation financière et investir de façon notable dans les énergies renouvelables et le réseau.

Ce plan a déjà largement été mis en œuvre et se poursuit. Il prévoyait une plus grande maîtrise des coûts : EDF a confirmé hier qu'elle renforçait ses efforts en la matière. Il prévoyait un plan de cession important : EDF a finalisé la vente de ses centrales à gaz et au charbon en Pologne. Il prévoyait une augmentation de capital : elle a été réalisée avec le soutien de l'État, en mars dernier. Ce plan stratégique vise à conforter la place d'EDF comme un des leaders des énergies renouvelables – en France, évidemment, mais aussi dans le monde. Je souligne qu'à l'heure actuelle, EDF est le premier électricien d'Europe en termes de capacité de production d'électricité renouvelable. D'ici à 2020, l'entreprise investira 2 milliards d'euros par an dans le développement de nouveaux projets d'énergies renouvelables. EDF doit conserver cette capacité à être en mouvement. Nous l'accompagnerons dans cette voie.

L'entreprise doit s'inscrire dans la politique énergétique française, telle qu'elle est définie par le Parlement. Dans le cadre de la future programmation pluriannuelle de l'énergie, nous tracerons collectivement, dans les prochains mois, une trajectoire crédible pour atteindre l'objectif qui a été fixé et rappelé par le Président de la République d'un mix énergétique fondé sur une part de 50 % du nucléaire. (Murmures sur les bancs du groupe LR.)

M. Aurélien Pradié. On ne comprend rien !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Une trajectoire crédible, madame la députée, c'est une trajectoire qui n'augmente pas les émissions de gaz à effet de serre – les récentes interventions de scientifiques nous ont rappelé, si besoin en était, que la priorité doit être de lutter contre ces émissions.

M. Raphaël Schellenberger. Cela manque de clarté !

M. Christian Jacob. Essayez de passionner un peu plus votre auditoire !

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le président Jacob, peut-être EDF ne vous intéresse-t-elle pas ? J'essaie de répondre le mieux possible à une question posée par une députée,…

M. Christian Jacob. Visiblement, votre réponse n'intéresse pas grand-monde !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …ce qui ne devrait pas vous gêner. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

Il me semblait qu'EDF était un sujet d'intérêt suffisamment national pour qu'on puisse en parler. (Mêmes mouvements.)

M. Fabien Di Filippo. Cessez cette langue de bois !

M. Patrick Mignola. Une tisane pour les Républicains !

M. Jean-Paul Lecoq. Continuez de défendre EDF et les autres entreprises publiques, monsieur le Premier ministre !

M. le président. Mes chers collègues, seul le Premier ministre a la parole !

M. Xavier Breton. Malheureusement !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Quand je pense à ceux qui nous regardent à la télévision ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM. – Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Franck Riester. Très bien !

M. Xavier Breton. Cela fait déjà un moment qu'ils ont changé de chaîne !

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Une trajectoire crédible, mesdames et messieurs les députés, c'est une trajectoire qui n'augmente pas nos émissions de gaz à effet de serre ; c'est une trajectoire qui nous permet de renforcer de façon importante les énergies renouvelables ;…

Mme Danièle Obono. Le nucléaire !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …c'est une trajectoire qui nous permet de garantir la sécurité et la sûreté de notre approvisionnement en électricité ; c'est, enfin, une trajectoire qui prend aussi en compte et garantit le pouvoir d'achat des Français.

M. Pierre Cordier. Répondez à la question !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. C'est dans ce cadre et selon ce calendrier, mesdames et messieurs les députés, que nous définirons la stratégie énergétique française dans laquelle s'inscrira la société Électricité de France ; c'est dans ce cadre que les décisions seront prises.

Au fond, mesdames et messieurs, c'est de clarté qu'EDF a besoin, et non de mauvais débats.

M. Aurélien Pradié. Elle n'a pas besoin d'un tel baratin !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Elle a besoin de la clarté s'agissant des objectifs de l'État ;…

M. Fabien Di Filippo. Le compte n'y est pas !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. …elle a besoin de stabilité et de cohérence dans les objectifs que nous lui fixons. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes REM et MODEM ainsi que sur plusieurs bancs du groupe LC.)