Usine de batterie dans le Pas-de-Calais
Question de :
M. José Evrard
Pas-de-Calais (3e circonscription) - Non inscrit
M. José Evrard attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur le projet d'usine de batteries à Douvrain dans le Pas-de-Calais. Il fut acté que les terrains laissés libres par la fin de la fonderie des blocs moteurs de la « Française de Mécanique » de Douvrain seraient affectés à la création d'une usine nouvelle pour la production de batteries. Cette nouvelle usine serait un élément d'un vaste projet européen visant à la réalisation d'un « airbus européen de la batterie ». Cette promesse concrétisait la valeur industrielle de la région et faisait suite à un ensemble de mesures qui réduisaient l'effectif de la « Française de Mécanique » de 6 500 personnes à 2 500. Il ne faut pas oublier que l'usine, à l'origine filiale de Peugeot et Renault, fut installée dans la zone Artois-Flandres en raison de la fermeture des « Houillères du Nord-Pas-de-Calais ». Il s'agissait donc d'un nouvel acte visant à maintenir de l'emploi industriel dans la région. La « Française de Mécanique » étant devenu la propriété complète de Peugeot, le projet s'inscrivait dans un engagement de la marque du lion pour le modèle électrique. Un partenariat s'enclenchait. La région apportait 80 millions d'euros. Le dossier allait être examiné par PSA le 17 décembre 2019 pour une décision finale du constructeur le 10 janvier 2020. Les délais n'ont pas été respectés et la crise sanitaire s'en est suivie laissant le projet en chantier. Or, il semble que cette possibilité n'ait plus cours. En effet des bruits circulent qui font état que le projet d'un pôle batterie sur la zone serait abandonné. Il serait, en quelque sorte ventilé, entre l'usine actuelle de batteries de Saint Laurent de Blangy et une nouvelle unité créée en Pologne. La Pologne et Peugeot viennent de faire l'actualité automobile. En effet, à proximité de Douvrain, au sein de l'usine Peugeot d'Hordain, il fut question d'intégrer des travailleurs polonais sur les chaines de montage à la place d'intérimaires locaux pour combler les déficits de fabrication de la période d'épidémie. Y a-t-il là un simple hasard ou plus fondamentalement une réorganisation des lieux de fabrication du groupe Peugeot ? Les constructeurs allemands, longtemps rétifs à l'automobile électrique, sont devenus aujourd'hui un peu moins tièdes, n'y a-t-il pas, pour eux un choix stratégique visant à favoriser la Pologne pour des raisons de coûts et de facilités quant aux normes environnementales ? Il lui demande si le projet de Douvrain est toujours d'actualité.
Réponse publiée le 8 septembre 2020
La maîtrise technologique de la production de cellules de batteries est appelée à jouer un rôle similaire à la conception des moteurs thermiques. Compte tenu de ce caractère stratégique pour le secteur de l'automobile et de la position de force des fournisseurs asiatiques, l'émergence d'une offre industrielle française est un chantier prioritaire du Gouvernement. Pour atteindre cet objectif, la France, en partenariat avec l'Allemagne, a mobilisé dès 2019 la commission européenne et ses partenaires européens pour construire l' « Airbus des batteries » et ainsi permettre le financement des travaux de recherche, de développement et d'innovation des entreprises SAFT et PSA concernant de nouvelles générations de batteries lithium-ion (un centre de R&D et une ligne pilote pour la mise au point des équipements de production à Nersac en Nouvelle-Aquitaine) ainsi que leur premier déploiement industriel avec une usine (« gigafactory ») dans chacun des deux pays. Cet ambitieux projet bénéficiera d'un financement public français pouvant aller jusqu'à 850 M€ dont 690 M€ de l'État, 80 M€ de la région Hauts-de-France et 41 M€ des communautés d'Agglomération de Béthune-Bruay-Lys-Romane et de Lens-Liévin. La majorité de la subvention allouée au projet de PSA/SAFT est liée à la phase de déploiement industriel du projet en France, ce qui exclut donc tout risque de localisation du projet en Pologne. L'usine pilote a d'ores et déjà été inaugurée en janvier 2020 par le Président de la République et la construction de la gigafactory à Douvrin est attendue en 2021. Elle pourra produire à terme 24 GWh de batteries par an, employant ainsi près de 2 500 personnes.
Auteur : M. José Evrard
Type de question : Question écrite
Rubrique : Automobiles
Ministère interrogé : Économie et finances
Ministère répondant : Économie, finances et relance
Dates :
Question publiée le 23 juin 2020
Réponse publiée le 8 septembre 2020