Question au Gouvernement n° 3075 :
Mesures destinées au secteur de l'aéronautique

15e Législature

Question de : M. Jean-François Portarrieu
Haute-Garonne (5e circonscription) - La République en Marche

Question posée en séance, et publiée le 10 juin 2020


MESURES DESTINÉES AU SECTEUR DE L’AÉRONAUTIQUE

M. le président. La parole est à M. Jean-François Portarrieu.

M. Jean-François Portarrieu. Airbus, comme l'ensemble du secteur aéronautique, est fortement affecté par la crise du covid-19. Le plan de soutien à la filière, qui a été annoncé aujourd'hui, répond donc à un besoin impérieux. À la crise sanitaire a succédé une crise d'ordre économique, commercial, industriel et désormais social pour le groupe européen, avec de fortes inquiétudes en matière d'emploi et de réelles menaces pour toutes les entreprises de la filière.

À Toulouse, la baisse des cadences de production a déjà des répercussions sur les chaînes d'assemblage de l'A320, de l'A330 et de l'A350, sans compter que l'arrêt de l'A380 entraîne une situation très préoccupante pour le secteur. En plus de la crise actuelle, l'arrivée de l'A321 XLR bouleversera le carnet de commande des avions long courrier. Les spécialistes estiment que ce nouveau monocouloir à long rayon d'action pourrait supplanter ses concurrents à l'extérieur mais aussi à l'intérieur du groupe.

Anticipant ces évolutions, la direction et les syndicats ont négocié et signé, en janvier 2020, un accord de compétitivité pour implanter la chaîne d'assemblage de l'A321 en lieu et place de celle de l'A380, dans le site toulousain Jean-Luc Lagardère.

Monsieur le secrétaire d'État chargé des transports, ne pensez-vous pas que la décision stratégique d'installer la chaîne d'assemblage de l'A321 à Toulouse mérite absolument d'être confirmée, et doit susciter la plus grande attention ? En l'absence d'une garantie définitive, l'écosystème toulousain pourrait perdre le caractère diversifié de ses activités – atout qui lui permet aujourd'hui, en fonction des cadences de ses programmes, de garantir une activité à long terme à des centaines d'entreprises et à des dizaines de milliers d'emplois. C'est aussi l'assurance de renforcer notre souveraineté industrielle dans un secteur clé pour la croissance du pays.

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des transports.

M. Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'État chargé des transports. Merci pour votre question, qui va me permettre de revenir sur le plan inédit présenté ce matin par le Gouvernement en soutien au secteur aéronautique. La crise sanitaire, vous l'avez dit, a eu un fort impact sur ce secteur ; la diminution de 95 % des vols au plan mondial et la très forte réduction de la production des aéronefs civils en sont, je crois, des illustrations marquantes.

Néanmoins, l'aéronautique est et doit rester une filière d'excellence française. Il s'agit de notre premier secteur d'exportation ; 300 000 emplois lui sont liés, partout dans le territoire, et notamment chez vous, en Occitanie. Comme pour de très nombreux autres secteurs, l'État a répondu présent.

La stratégie que nous avons présentée ce matin s'articule autour de trois axes.

Premier axe : la réponse à l'urgence, par le soutien aux entreprises en difficulté et la protection de leurs salariés. Ce sont plus de 560 sites partout en France et plus de 110 000 salariés qui ont été, par exemple, concernés par le dispositif d'activité partielle.

Deuxième axe : le soutien aux PME et ETI du secteur en vue d'accélérer leur transformation, grâce à des outils financiers dédiés.

Troisième axe : le renforcement massif de la recherche aéronautique afin d'accélérer la décarbonation des transports et de préserver notre souveraineté industrielle nationale et européenne. Nous engageons un tournant majeur vers une génération d'avions plus sobres en carbone, avec des objectifs concrets : un premier avion hybride régional à l'horizon 2027 et le successeur vert de l'A320 à l'horizon 2035. C'est un grand défi, mais que nous sommes prêts à relever collectivement. Je tiens d'ailleurs à remercier Mickaël Nogal pour ses contributions sur le sujet.

S'agissant de l'A321, je partage avec vous l'idée qu'il s'agit d'un outil essentiel au site toulousain. Nous avons déjà eu l'occasion de dire que le principe de l'implantation de la chaîne n'était pas remis en cause. Toutefois, le carnet de commandes et la dynamique de celui-ci font aujourd'hui l'objet d'incertitudes. Soyez néanmoins assuré que le Gouvernement soutient ce projet et qu'il se tiendra fermement à vos côtés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Données clés

Auteur : M. Jean-François Portarrieu

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Transports aériens

Ministère interrogé : Transports

Ministère répondant : Transports

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 juin 2020

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