15ème législature

Question N° 307
de M. Vincent Ledoux (Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants - Nord )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Affaires européennes
Ministère attributaire > Affaires européennes

Rubrique > politique extérieure

Titre > situation des migrants

Question publiée au JO le : 22/11/2017
Réponse publiée au JO le : 22/11/2017 page : 5296

Texte de la question

Texte de la réponse

SITUATION DES MIGRANTS EN LIBYE


M. le président. La parole est à M. Vincent Ledoux, pour le groupe Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants.

M. Vincent Ledoux. Madame la ministre chargée des affaires européennes, « 200, 300, 400, adjugé vendu ! » Nous ne sommes pas dans une salle des ventes traditionnelle, mais en Libye, pour une transaction sinistre, sordide, qui constitue une régression absolue de notre droit humain. Parce qu'ils sont pauvres, parce qu'ils sont migrants, parce qu'ils sont noirs. (Applaudissements sur les bancs des groupes LC, REM, MODEM, NG, GDR et sur plusieurs bancs du groupe LR.)

Pourtant, l'Organisation internationale pour les migrations – OIM – alerte les gouvernements depuis avril. Et il a fallu le choc des images incroyables de CNN, des visages stupéfaits de pauvres, pour prendre la mesure cruelle de ce scandale.

Je veux évoquer ici, non pas une figure emblématique du grand courant anti-esclavagiste, mais un jeune Africain. Il s'appelle Ismaël. Il a vingt-neuf ans. Il est électricien. Il se bat comme un beau diable pour son travail, là-bas, en Afrique. Il a traversé le désert. Il s'est fait dépouiller en Libye. Hier, je lui ai écrit par Messenger et il m'a répondu : « Je suis encore tenté par cette aventure de l'espoir, mais vivre dans la misère n'est pas vivre ». Oui, mes chers collègues, vivre dans la misère n'est pas vivre et l'on peut comprendre pourquoi tous ces migrants suivent cette route de l'espoir.

Ces faits nous interrogent sur la pertinence du dispositif européen que nous organisons pour gérer les flux migratoires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LC.) Profitons utilement du cinquième sommet Europe-Afrique à Abidjan pour définir les meilleures solutions, qui passent nécessairement par une aide publique au développement à la hauteur des enjeux, pour que chacun puisse vivre dignement de son travail au pays.

Au-delà de la phrase d'Ismaël, il me revient en mémoire cette parole de sagesse africaine : « Si tu veux aller vite, marche seul, mais si tu veux aller loin, marchons ensemble. »

Madame la ministre, la communauté internationale est à un rendez-vous historique. Elle doit trouver les voies et moyens de marcher ensemble. Pour cela, elle doit contribuer en tout point de la planète à l'extinction de l'esclavagisme. Je vous interroge sur ce point : quelle est la voix de la France, alors que nous nous apprêtons à célébrer le cent soixante-dixième anniversaire de l'abolition de l'esclavage ? (Applaudissements sur tous les bancs.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des affaires européennes.

Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Monsieur le député, nous avons tous été saisis d'horreur en voyant les images qui ont été diffusées récemment, mais aussi en entendant les témoignages, notamment celui du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, sur la situation abominable faite aux migrants en Libye.

Cette situation appelle de notre part des actes de responsabilité. Nous avons commencé, avec le Président de la République, depuis le mois d'août, à prendre nos responsabilités et à inciter nos partenaires européens à prendre les leurs, en convoquant un sommet réunissant des représentants des principaux pays européens, des pays africains et des autorités libyennes, pour traiter la question migratoire au niveau des pays d'origine et des pays de transit, pour lutter efficacement contre les passeurs – ces trafiquants d'êtres humains qui doivent être poursuivis partout, non seulement dans les pays d'origine où ils sévissent et rançonnent les migrants, dans les pays de transit où ils se livrent à des actes abominables, mais aussi dans nos pays, où ils doivent être poursuivis et condamnés.

Nous devons aussi renforcer l'aide publique au développement pour faire en sorte que cette jeunesse africaine dont vous parlez puisse avoir un avenir crédible.

M. Olivier Faure. Faites-le !

Mme Nathalie Loiseau, ministre . C'est la raison pour laquelle l’Union européenne est le premier bailleur de fonds de l'Afrique. C'est la raison pour laquelle elle a mis en place un fonds fiduciaire d'urgence à destination des pays frappés par les migrations. Nous avons triplé notre contribution à ce fonds. Nous avons aussi décidé de donner 10 millions à l'Organisation internationale des migrations et au Haut-Commissariat pour les réfugiés, afin de venir en aide aux migrants en Libye.

La semaine dernière, une mission de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides – OFPRA – s'est rendue au Niger pour interviewer des migrants évacués de Libye par le Haut-Commissariat pour les réfugiés, qui seront prochainement accueillis dans notre pays. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe REM.)