Gratuité des masques
Question de :
M. Bastien Lachaud
Seine-Saint-Denis (6e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 22 juillet 2020
GRATUITÉ DES MASQUES
M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud.
M. Bastien Lachaud. Monsieur le Premier ministre, le Gouvernement nous a d'abord dit que les masques étaient inutiles, parce qu'il n'y en avait pas et qu'il était incapable d'en planifier la production et la distribution.
M. Sylvain Maillard. C'est faux !
M. Bastien Lachaud. Puis, vous avez organisé le déconfinement. Les masques sont alors devenus utiles, mais facultatifs. Nous vous avions pourtant demandé de les rendre obligatoires pour prévenir une nouvelle vague de l'épidémie.
À présent que les indicateurs nous alertent, les masques deviennent obligatoires, mais payants. La presse a estimé leur coût à 228 euros par mois pour une famille avec deux enfants, une amende de 135 euros devant punir ceux qui n'en porteraient pas.
Alors que notre pays s'enfonce dans la crise sociale, croyez-vous vraiment que nos compatriotes puissent se permettre de dépenser plus de 200 euros par mois pour se protéger et protéger les autres ? Car 228 euros, c'est une montagne pour qui gagne le SMIC ! C'est une montagne pour beaucoup d'habitants de ma circonscription de la Seine-Saint-Denis : à Aubervilliers et à Pantin, 30 % à 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et beaucoup ont désormais des difficultés à payer leur loyer, voire leurs dépenses alimentaires. Vont-ils devoir choisir entre nourrir leurs enfants et acheter des masques ?
Si le masque est obligatoire, ce n'est pas aux familles d'en payer le prix. En tant qu'êtres humains, nous sommes égaux devant la maladie ; nous devons donc être égaux devant la protection. La santé est un droit.
L'aide ponctuelle aux plus modestes que dit envisager Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance, irait dans le bon sens, mais elle est trop tardive et, surtout, insuffisante. Il faut garantir la gratuité des masques. C'est ce que dit le conseil scientifique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
Dès le 28 avril dernier, mes collègues du groupe La France insoumise et moi-même avons déposé une proposition de loi visant à instaurer la gratuité des masques. Monsieur le Premier ministre, quand vous déciderez vous à nous écouter et à rendre les masques gratuits ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – MM. Serge Letchimy, Stéphane Peu et Gabriel Serville applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Le masque que je viens d'enlever pour vous répondre coûte 1,80 euro et il est lavable trente fois. Les masques grand public qui ont été développés, notamment par les entreprises françaises, à l'initiative conjointe de mon ministère et de celui d'Agnès Pannier-Runacher, qui a travaillé sans relâche…
M. Pierre Cordier. D'ailleurs, elle est fatiguée !
M. Olivier Véran, ministre . …nous ont non seulement permis de disposer, dans des délais extrêmement courts, d'un très grand nombre de masques pour protéger la population française, mais encore de proposer au grand public des masques présentant plusieurs avantages par rapport aux masques chirurgicaux. D'une part, grâce à ces masques, on évite le problème du recyclage et celui des masques bien trop souvent jetés dans la rue. D'autre part, ces masques étant lavables et réutilisables un grand nombre de fois, leur coût est également beaucoup plus maîtrisé.
S'agissant de l'accès des publics précaires à ce type de masques,…
Mme Caroline Fiat. Pas des publics précaires, de tout le monde !
M. Olivier Véran, ministre . …sachez que, dès le début du mois de mai, avant même que les masques aient été rendus obligatoires, l'État a distribué 5 millions de masques aux populations précaires, par l'intermédiaire des associations, des centres communaux d'action sociale – CCAS –, des mairies et des préfectures. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
Mme Mathilde Panot. Notre pays compte 9 millions de pauvres !
M. Olivier Véran, ministre . Ces envois à destination des communes, des CCAS et des sites associatifs reprendront dès la semaine prochaine. En outre, lorsque ce sera nécessaire, des envois postaux directement chez les gens seront effectués. Nous nous assurerons ainsi qu'ils disposent de masques de protection sans avoir à débourser le moindre euro.
Enfin, comme j'ai eu l'occasion de le dire à tout à l'heure, des prescriptions permettront à 2 millions de Français considérés comme vulnérables en raison de leur état de santé, de voir leur achat de masques chirurgicaux, plus protecteurs encore, remboursé par l'assurance maladie.
Comme vous le constatez, nous portons une grande attention aux publics les plus fragiles et les plus précaires, et nous invitons évidemment les Français à utiliser, autant que possible, des masques lavables, réutilisables et recyclables – je vois la ministre de la transition écologique acquiescer, et elle a bien raison !
M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud.
M. Bastien Lachaud. Seulement 5 millions de masques pour 9 millions de pauvres, c'est une goutte d'eau dans un océan de misère ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
Auteur : M. Bastien Lachaud
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 22 juillet 2020