15ème législature

Question N° 3364
de Mme Valérie Rabault (Socialistes et apparentés - Tarn-et-Garonne )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > industrie

Titre > Décision du Conseil d'administration d'Engie

Question publiée au JO le : 07/10/2020
Réponse publiée au JO le : 07/10/2020 page : 6922

Texte de la question

Texte de la réponse

DÉCISION DU CONSEIL D'ADMINISTRATION D'ENGIE


M. le président. La parole est à Mme Valérie Rabault.

Mme Valérie Rabault. Monsieur le Premier ministre, ce qui s’est passé hier soir au conseil d’administration d’Engie est une honte !

Un député . Absolument !

Mme Valérie Rabault. En effet, pour la première fois dans l'histoire de notre pays,…

M. Pierre Cordier. Elle a raison !

Mme Valérie Rabault. …l'État, premier actionnaire d’une entreprise, fleuron industriel autrefois public, a été mis en minorité par le conseil d’administration de celle-ci. (MM. Nicolas Dupont-Aignan, José Evrard et Jean Lassalle applaudissent.) Pensez-vous que quiconque aurait osé faire subir une telle humiliation au général de Gaulle, à Georges Pompidou ou à François Mitterrand ? (Murmures sur les bancs du groupe LaREM.)

Avec ce conseil d’administration, c’est l'État qui a été humilié, et donc nous toutes et tous. Or, monsieur le Premier Ministre, c’est le Président de la République et vous-même…

M. Nicolas Dupont-Aignan. Complices !

Mme Valérie Rabault. …qui portez la responsabilité de faire en sorte que l'État soit respecté.

M. Fabien Di Filippo. L'État n'a aucune autorité !

Mme Valérie Rabault. Faire respecter l'État, c'est…

M. Fabien Di Filippo. Démissionner !

Mme Valérie Rabault. …donner une ligne claire sur la stratégie d’un groupe industriel dont il est le premier actionnaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

Vous avez dit soutenir l’opération Veolia ; votre ministre de l’économie a dit le contraire. Faire respecter l’État, c’est protéger l’argent des Français et mettre des contreparties au soutien qu’il donne.

Aujourd'hui, vous êtes moins-disant que le gouvernement libéral des Pays-Bas (« Quelle horreur ! » sur plusieurs bancs des députés du groupe LR) qui, lui, demande des contreparties lorsqu'il apporte son soutien. Faire respecter l'État, c'est empêcher les démantèlements opérés par certains grands groupes internationaux, comme celui que nous craignons chez Honeywell à l'usine de Laguépie.

Je vous demande une seule chose, monsieur le Premier ministre : faites respecter l'État par cette frange du capitalisme qui ne vous respecte plus. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et LT.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Dans cette affaire comme dans les autres…

M. Thibault Bazin. C'est vrai, c'est une affaire !

M. Fabien Di Filippo. Castex, rends l'argent !

M. Jean Castex, Premier ministre . …l'État a veillé au respect de ses intérêts et de ceux des contribuables. Il a exprimé par son vote au conseil d'administration d'Engie la position qui est la sienne depuis l'ouverture du dossier.

M. Pierre Cordier. Il nous a dit le contraire en commission !

M. Fabien Di Filippo. Mythomane !

M. Jean Castex, Premier ministre . Sur cette opération, nous demandons, premièrement, la sauvegarde de l'emploi ; deuxièmement, la sauvegarde d'une logique industrielle,…

M. Pierre Cordier. Vous avez dit le contraire la semaine dernière !

M. Jean Castex, Premier ministre . …ainsi que l'a rappelé M. le ministre de l'économie de façon constante ;…

M. Thibault Bazin. Quelle honte !

M. Jean Castex, Premier ministre . …troisièmement, le respect des règles de concurrence dans les marchés d'assainissement de l'eau dans les collectivités territoriales ;…

M. Boris Vallaud. C'est un fiasco !

M. Thibault Bazin. Vous avez dit le contraire la semaine dernière !

M. Jean Castex, Premier ministre . …quatrièmement, le respect des règles de souveraineté, afin que ce segment stratégique demeure sous pavillon national.

M. David Habib. Bravo !

M. Hubert Wulfranc. Carton plein !

M. Pierre Cordier. Le Premier ministre n'a aucune autorité !

M. Fabien Di Filippo. Il subit tout !

M. Jean Castex, Premier ministre . Je rappelle à l'Assemblée nationale que la seule offre qui se soit présentée à ce jour est celle de Veolia. C'est précisément parce que nous avons demandé, par la voix de Bruno Le Maire,…

M. Fabien Di Filippo. On l'attendait !

M. Thibault Bazin. On a peur !

M. Jean Castex, Premier ministre . …que les discussions soient approfondies sur ces quatre principes que nous n'avons pas donné un vote favorable à la solution retenue au conseil d'administration, hier soir. Nous demandons que les discussions se poursuivent (Exclamations sur les bancs du groupe SOC) pour atteindre un respect clair et net des objectifs que nous avons fixés. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

M. Boris Vallaud. Mais c'est fini !

M. le président. La parole est à Mme Valérie Rabault.

Mme Valérie Rabault. Monsieur le Premier ministre, vous avez exprimé une position et l'État a été mis en minorité.

M. Boris Vallaud. Faites-vous respecter ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC et GDR.)

Mme Valérie Rabault. C'est une première dans l'histoire de la Ve République. Ce n'était jamais arrivé ! Se faire respecter passe par des actes : vous auriez pu entrer au capital de Suez si vous l'aviez voulu. Là, vous auriez créé un rapport de forces. Mais vous avez refusé le rapport de forces. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR et sur quelques bancs du groupe FI.)