15ème législature

Question N° 3383
de Mme Josiane Corneloup (Les Républicains - Saône-et-Loire )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique
Ministère attributaire > Transition écologique

Rubrique > élevage

Titre > Attaque de Loup en Saône-et-Loire

Question publiée au JO le : 07/10/2020
Réponse publiée au JO le : 07/10/2020 page : 6936

Texte de la question

Texte de la réponse

ATTAQUES DE LOUP EN SAÔNE-ET-LOIRE


M. le président. La parole est à Mme Josiane Corneloup.

Mme Josiane Corneloup. Vendredi dernier, j'étais aux côtés des éleveurs d'ovins, devant la préfecture de Saône-et-Loire, pour exprimer l'exaspération d'hommes et de femmes passionnés par leur métier, qui subissent depuis juin les attaques d'un seul loup, qui en l'espace de trois mois a tué 109 moutons de race charolaise. J'ai vu un éleveur, victime de plusieurs attaques, en larmes devant les derniers cadavres d'ovins, qu'il avait emmenés à Mâcon. Outre l'anxiété permanente, les éleveurs subissent une perte financière très importante, car l'indemnisation, qui obéit à un barème national, ne couvre absolument pas le prix d'un ovin charolais, à forte valeur ajoutée. En effet, cette race est le résultat de longues années de recherches génétiques. De même, l'indemnisation des brebis gravides ignore les agneaux à naître. Au total, les comptes d'exploitation des éleveurs connaissent donc un manque à gagner injustifiable.

La configuration très parcellisée du bocage charolais impose un mode d'élevage dispersé, qui interdit toute cohabitation entre le loup et l'élevage ovin, en dépit des équipements de protection des troupeaux, déjà installés. Même si le loup finira – je l'espère – par être abattu par les louvetiers, le problème ne sera pas résolu. Le préfet a déjà annoncé que la Saône-et-Loire se trouve manifestement sur un front de colonisation : d'autres loups pourront donc à leur tour investir le département. Ce n'est pas aux éleveurs de modifier leur façon de travailler et de s'adapter aux comportements des loups, pas plus qu'ils n'ont à construire des bunkers pour abriter leurs moutons, au nom d'une biodiversité irréfléchie imposée par l'État. Allez-vous reconsidérer les dispositions du plan loup, afin qu'il prenne enfin en considération les intérêts des éleveurs et assure la pérennité d'une économie pastorale, à laquelle vous comme moi sommes très attachés ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – M. Jean-Paul Dufrègne applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.

M. Jean-Paul Lecoq. Elle est revenue ! On ne l'a pas vue hier soir !

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. La question est difficile. Je suis comme vous très attentive à la situation des éleveurs. Je suis allée dans les Hautes-Alpes récemment, pour rencontrer des éleveurs victimes d'attaques de loups ; ils le vivent très difficilement.

M. Fabien Di Filippo. C'est un traumatisme !

Mme Barbara Pompili, ministre . Au-delà de la question financière, ces attaques atteignent leur manière de travailler ; c'est très angoissant et il faut que nous soyons à leurs côtés pour affronter la situation.

N'oublions pas que le loup est une espèce protégée,…

M. Jean-Paul Dufrègne et M. Stéphane Viry . Et les brebis ?

Mme Barbara Pompili, ministre . …qui doit le rester. En tant que ministre de la transition écologique, mon rôle consiste à faire en sorte que la coexistence se passe le mieux possible.

M. Pierre Cordier. Elle n'est pas possible !

Mme Barbara Pompili, ministre . Oui, le loup est revenu, et nous devons nous y habituer.

Vous avez raison, on ne peut pas laisser les éleveurs tout seuls. Pour résoudre ce problème, l'État a pris des engagements, notamment avec le plan loup, ainsi qu'avec le soutien aux éleveurs de la brigade grands prédateurs de l'Office français de la biodiversité – OFB –, qui vient leur prêter main-forte sur le terrain.

Concernant la situation particulière de la Saône-et-Loire, le préfet m'a fait remonter les attaques survenues ces derniers mois. Nous travaillons pour soulager les éleveurs dans le désarroi. L'ensemble des mesures d'effarouchement n'ont pas été suffisantes ; nous avons donc décidé d'autoriser un tir de prélèvement pour ce loup, comme le préfet coordinateur l'a annoncé. De tels tirs sont possibles en dernier recours, comme c'est ici le cas.

Plus largement, je serai vigilante à ce que nous appliquions nous-mêmes, sur le terrain, ce que nous demandons aux autres ailleurs. Nous défendons par exemple, au niveau international, la protection de l'éléphant d'Afrique, qui commet d'énormes dégâts sur les cultures. Nous ne pouvons pas tenir ce discours si nous-mêmes ne réussissons pas à gérer la coexistence avec la faune sauvage.

M. Bruno Studer. Très juste !

Mme Barbara Pompili, ministre . Pour y parvenir, nous ne pouvons laisser seuls les éleveurs, qui sont en première ligne ; je suis à leurs côtés, et je sais que je pourrai compter sur vous. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

M. Pierre Cordier. Et le dédommagement ?