15ème législature

Question N° 3391
de M. Olivier Falorni (Libertés et Territoires - Charente-Maritime )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Agriculture et alimentation
Ministère attributaire > Agriculture et alimentation

Rubrique > environnement

Titre > Néonicotinoïdes

Question publiée au JO le : 14/10/2020
Réponse publiée au JO le : 14/10/2020 page : 7196

Texte de la question

Texte de la réponse

NÉONICOTINOÏDES


M. le président. La parole est à M. Olivier Falorni.

M. Olivier Falorni. Madame la ministre de la transition écologique, vous nous avez manqué, la semaine dernière, lors du débat parlementaire sur le projet de loi permettant la réintroduction des néonicotinoïdes, ce véritable poison pour l'environnement ! En effet, j'aurais tant aimé entendre à nouveau celle qui, alors secrétaire d'État à la biodiversité, en 2016, nous disait ici-même avec justesse, que, quoi qu'il arrive, en 2020, c'en serait fini pour tous les néonicotinoïdes, que l'on savait bien que les dérogations étaient la porte ouverte à ce qu'ils ne soient jamais interdits. Or, nous sommes en 2020, et la boîte de Pandore est à nouveau ouverte ! Même chose pour le glyphosate, cet autre poison classé cancérogène probable par l'Organisation mondiale de la santé et dont le Président de la République, promettait, le 27 novembre 2017, qu'il serait interdit dans les trois ans. Sauf que les trois ans sont écoulés : c'est maintenant ! Comme le reniement et le renoncement…

M. Pierre Henriet. On nous a déjà fait le coup : « Le changement, c'est maintenant. » Or ça n'a rien donné !

M. Olivier Falorni. Et que dire des engagements pris par le chef de l'État devant la Convention citoyenne pour le climat, en juin ?

M. Pierre Cordier. C'est uniquement de la communication !

M. Olivier Falorni. Aujourd'hui, les propositions de la Convention tombent comme à Gravelotte. Madame la ministre, je sais combien il est difficile de résister face aux lobbies, mais quand on fait des promesses, on doit tenir bon pour les honorer ! André Gide disait : « La promesse de la chenille n'engage pas le papillon. » Madame la ministre, je vous invite, si j'ose dire, à être en même temps la chenille et le papillon.

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Allez-vous un jour arrêter d'opposer agriculture et environnement, monsieur le député ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM – Protestations sur les bancs LT.) Cela n'a aucun sens !

M. Fabien Di Filippo. Enlevez les masques !

M. Julien Denormandie, ministre . Cessez d'opposer l'agriculture à l'environnement et les uns aux autres ! Acceptez qu'avec la ministre de la transition écologique, nous travaillions de concert. Vous savez, un agriculteur vit de la terre ; un agriculteur chérit le sol et vit de l'environnement. Les agriculteurs étaient écologistes bien avant vous, voilà la réalité ! Alors cessez de les opposer, car cela n'a aucun sens. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

S'agissant du glyphosate, notre position est claire, et la transition a déjà commencé : un tiers des agriculteurs ont déjà arrêté d'utiliser du glyphosate. La semaine dernière, avec la ministre de la transition écologique…

Un député du groupe LR. On n'en sait rien, elle ne répond pas !

M. Ugo Bernalicis. Pourtant elle est là, Barbara !

M. Julien Denormandie, ministre . …nous avons pris connaissance d'éléments transmis par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail – ANSES –, qui montrent à quel point la transition est en route.

L'engagement du Président de la République était très clair : il n'y aura un arrêt du glyphosate que lorsqu'une alternative crédible le permettra. C'est une position pragmatique, fondée sur une écologie de terrain, une écologie des territoires ; il s'agit d'une écologie réelle et non d'une écologie de l'incantation ! Cela ne vous plaît pas, mais telle est la réalité. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

Et puisque vous adorez les citations et les idées, monsieur Falorni, je vais vous soumettre une question ô combien difficile : toute une génération d'agriculteurs…

Mme Cécile Untermaier. Il faut les accompagner !

M. Julien Denormandie, ministre . …a été accompagnée dans une agriculture de conservation. Dites à vos administrés qu'aujourd'hui, grâce aux agriculteurs, on capte le carbone dans le sol, et on empêche les conséquences des gaz à effet de serre. Mais cela nécessite des désherbants : le jour où nous aurons trouvé une solution pour empêcher la collision d'objectifs écologiques, ce sera une grande avancée. Et c'est ce à quoi nous travaillons. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)