Gestion de l'épidémie à l'école
Question de :
Mme Sabine Rubin
Seine-Saint-Denis (9e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 14 octobre 2020
GESTION DE L'ÉPIDÉMIE À L'ÉCOLE
M. le président. La parole est à Mme Sabine Rubin.
Mme Sabine Rubin. De plateau de télévision en plateau de télévision, monsieur le ministre de l'éducation nationale, vous n'avez cessé de répéter que tout était prêt pour la rentrée. Or rien n'était prêt en septembre, hormis un protocole inapplicable, écrit à la va-vite quatre jours avant la rentrée et laissé à la libre interprétation de chaque collectivité.
M. Alexis Corbière. C'est vrai !
Mme Sabine Rubin. Ainsi, la distanciation sociale n'est ni respectée ni respectable : locaux exigus, insuffisance du nombre d'agents d'entretien, masques et produits en sous-nombre, entre autres. Alors que le virus progresse partout, notamment parmi les jeunes, et que les contraintes sanitaires drastiques se multiplient, vous, monsieur le ministre, ne cessez paradoxalement de relâcher votre surveillance : les cas contacts ne sont pas tracés si l'élève est asymptomatique et, en deçà de trois cas positifs, les classes ne sont pas fermées.
Pourtant, Santé publique France nous alerte : 36 % des 1 001 clusters en cours d'investigation se trouvent en milieu scolaire ou universitaire et, comme l'a rappelé le Premier ministre, on observe un rajeunissement des personnes hospitalisées. D'autre part, un article du magazine Reporterre nous apprend aujourd'hui que les masques de la marque Dim que vous avez distribués aux personnels présentent un risque sanitaire et environnemental car ils sont traités avec des zéolithes d'argent.
Nous avons tous à cœur, monsieur le ministre, de protéger la santé des 12 millions d'élèves et des personnels qui les forment et les encadrent. Or – salutaire rappel – le 31 mai, vous disiez ceci : « Si le virus est toujours là à la rentrée, il y aura toujours la règle des groupes restreints. » Un mois après la rentrée, la deuxième vague submerge les écoles. Comment entendez-vous vous mettre en conformité avec vos propres déclarations ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. L'école est l'épine dorsale de notre pays et de notre République. À chacune des réussites qu'elle enregistre, nous devrions nous réjouir ensemble plutôt que chercher de vaines polémiques. Je sais que votre registre est plutôt celui des vaines polémiques ; je vais donc vous répondre. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
M. Alexis Corbière. Voilà déjà vingt secondes de perdues !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Tout d'abord, comme je vous l'ai dit et répété, la France fait partie des pays qui ont le mieux réussi leur rentrée scolaire.
M. Alexis Corbière. Grâce à vous ?
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Vous devriez en être heureuse, madame la députée : en France, 12 millions d'élèves sont rentrés à l'école, et bien des pays aimeraient pouvoir en dire autant. Réjouissez-vous si vous aimez l'école, tout simplement !
M. Ugo Bernalicis. Vous êtes un génie !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . D'autre part, vous vous interrogez sur le respect des conditions sanitaires et prétendez que le protocole sanitaire a été préparé quatre jours avant la rentrée. Je me souviens de vous nous reprochant de l'avoir élaboré au mois de juillet en affirmant qu'à la fin août se poserait un problème d'adaptation. En réalité, nous l'avons en effet adopté en juillet puis adapté à la fin août car la méthode la plus pertinente consiste à fixer un cadre à l'avance puis à prendre des mesures d'adaptation en fonction de la situation.
Les chiffres dont nous disposons ne sont pas mauvais ; ils sont très comparables aux autres secteurs de la société. Lorsque Santé publique France agrège les chiffres des écoles, collèges, lycées et universités, la focale n'est pas adaptée parce que la réalité des universités n'a rien à voir avec celle des écoles, des collèges et des lycées, et parce que la population concernée dépasse alors 15 millions de personnes ! Il est normal, dès lors, que les chiffres soient élevés.
Quant à ce qu'on appelle des clusters et qu'en bon français on devrait appeler des foyers, ils ne représentent que 20 % des contaminations.
En clair, vos propos sont destinés à effrayer mais ne correspondent pas à la réalité d'une contamination particulière dans les écoles. Depuis sept jours, 5 279 élèves sont atteints par le virus, soit 0,04 % du nombre total des élèves. En outre, comme vous le savez, ce virus ne provoque pas chez les enfants de symptômes particulièrement graves. Seules vingt-quatre structures scolaires sur 60 000 sont fermées. Vous le voyez, rien ne sert d'inquiéter ! (M. Rémy Rebeyrotte applaudit.)
M. le président. La parole est à Mme Sabine Rubin.
Mme Sabine Rubin. Vous savez pourtant, monsieur le ministre, que les enfants fréquentent des adultes. D'autre part, vous qui aimez les comparaisons avec les pays voisins devriez regarder du côté de l'Italie, qui a ouvert 5 000 classes supplémentaires et en a agrandi 5 000 autres ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
Auteur : Mme Sabine Rubin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale, jeunesse et sports
Ministère répondant : Éducation nationale, jeunesse et sports
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 octobre 2020