15ème législature

Question N° 3445
de M. Alexis Corbière (La France insoumise - Seine-Saint-Denis )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Éducation nationale, jeunesse et sports
Ministère attributaire > Éducation nationale, jeunesse et sports

Rubrique > laïcité

Titre > Défense de l'école publique et laïque

Question publiée au JO le : 28/10/2020
Réponse publiée au JO le : 28/10/2020 page : 8259

Texte de la question

Texte de la réponse

DÉFENSE DE L'ÉCOLE PUBLIQUE ET LAÏQUE


M. le président. La parole est à M. Alexis Corbière.

Un député du groupe FI. Enfin du sérieux !

M. Alexis Corbière. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, vous vous êtes permis ces derniers jours, des propos particulièrement insultants et outranciers envers des personnes et des institutions, endossant pour ce faire le costume du défenseur de l'école publique et laïque. Mais ce costume ne vous va pas, car c'est vous qui avez fait du mal à l'école publique, ces quinze dernières années.

M. Sylvain Maillard. C'est faux !

M. Alexis Corbière. C'est vous qui avez supprimé 80 000 postes d'enseignants entre 2007 et 2012, à l'époque où vous étiez Directeur général de l'enseignement scolaire. C'est vous qui avez encouragé les écoles privées, telles celles du réseau Espérance banlieues, écoles privées hors contrat dans le fondateur propose, selon la presse, qu'une messe soit dite au début de chaque conseil d'administration ! N'avez-vous pas dit d'ailleurs sur les réseaux sociaux qu'il fallait s'inspirer de ce que faisait Espérance banlieues ?

C'est votre loi, adoptée en 2019, qui a accordé 100 millions d'euros à l'enseignement privé, enseignement à 90 % confessionnel, qui fait concurrence à l'école publique et laïque. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

C'est vous qui, en 2007, comme directeur adjoint du cabinet du ministre avez imposé au recteur Morvan de l'académie de Lyon l'ouverture d'une école privée dont on sait aujourd'hui que sa filiale suédoise avait des liens avec Al-Qaïda ! La liste est longue de tous vos mauvais coups contre l'école laïque, et voilà que vous ciblez maintenant l'université française, qui deviendrait le lieu du développement dangereux d'un islamo-gauchisme que vous ne savez même pas définir. La Conférence des présidents d'université vous a répondu avec clarté : « Non, les universités ne sont pas des lieux où se développe une idéologie qui mène au pire ; non, les universités ne sauraient être tenues pour complices du terrorisme. » Mais vous avez gagné aujourd'hui une alliée de choix : Mme Marion Maréchal-Le Pen s'est réjouie de vos propos, se félicitant que le ministre de l'éducation nationale reprenne ses analyses du danger que représentent les idéologies intersectionelles.

Monsieur le ministre, il est temps d'en finir avec vos mauvais coups contre l'école laïque et publique, il est temps que vous cessiez de parler comme l'extrême droite ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

M. François Cormier-Bouligeon. M. Mélenchon est l'idiot utile de Marine Le Pen !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Je n'ai pas entendu la question dans votre intervention, mais je vais quand même essayer d'y répondre. En premier lieu, je ne suis pas étonné que ce soit vous qui preniez la parole, car vous êtes le visage républicain de LFI : j'ai lu votre ouvrage sur les Jacobins et je ne doute pas de vos convictions républicaines.

M. Mélenchon, lui, ne m'a pas lu, sinon il ne se serait pas exprimé comme il l'a fait, hier, sur une radio, en insultant non pas le ministre mais des fonctionnaires, ce qui est scandaleux, d'un point de vue républicain ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

Pour vous, être laïc et républicain, c'est être d'extrême droite ? Pour vous il faudrait laisser à cette dernière l'exclusivité de certains sujets ? Non ! In medio stat virtus : au milieu, se tient le courage, c'est-à-dire dans la mesure et non dans les positions extrémistes que vous adoptez en participant – pas vous, mais une partie de LFI – à des manifestations avec le CCIF. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

M. François Cormier-Bouligeon. Oui : manifester avec les islamistes, c'est s'en faire les complices !

M. Jean-Luc Mélenchon. C'est vous qui êtes complices !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Ce n'est pas non plus dans les propos de M. Mélenchon qui, quand il parle de communautarisme, ne sait parler que du CRIF ou ne dénonce comme seul séparatisme que celui des riches.

Après cet assassinat, vous n'avez plus le droit d'être aveugle sur la laïcité ou le séparatisme ! Vos complicités intellectuelles vous font tourner le dos aux idéaux de la Révolution française, qui devraient tous nous réunir. Si, pour vous, être républicain, c'est être d'extrême droite, alors vous avez un problème avec la République ! (Les députés des groupes LaREM et Dem se lèvent et applaudissent longuement.)