Question au Gouvernement n° 3496 :
Élections aux États-Unis

15e Législature

Question de : M. Michel Herbillon
Val-de-Marne (8e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 11 novembre 2020


ÉLECTIONS AUX ÉTATS-UNIS

M. le président. La parole est à M. Michel Herbillon.

M. Michel Herbillon. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.

Un nouveau président des États-Unis, Joe Biden, vient d'être élu, et je tiens au nom du groupe Les Républicains à le féliciter et à lui souhaiter plein succès dans l'exercice de son mandat. Emmanuel Macron a salué ainsi son élection : « Nous avons beaucoup à faire pour relever les défis d'aujourd'hui. Agissons ensemble ! » Encore ne faut-il pas que cette volonté reste une incantation, mais qu'elle se traduise en actes concrets et en résultats. Car, hélas, dans le domaine international comme dans bien d'autres, les actes suivent rarement les paroles présidentielles.

Or c'est bien par un manque de résultats et par une succession d'échecs sur tous les dossiers clefs que s'est traduite, pour Emmanuel Macron, la relation entre la France et les États-Unis. Il n'a pas empêché leur départ de l'accord de Paris sur le climat,…

M. Erwan Balanant. Breaking News ! Les Républicains soutenaient l'accord de Paris !

M. Michel Herbillon. …ni du traité sur le nucléaire iranien alors qu'il s'était fait fort de les y faire revenir. Il a fait preuve de naïveté en ne percevant pas que les États-Unis voulaient mener une politique unilatérale et mettre en cause le organisations internationales comme l'OMS, l'OMC ou encore l'UNESCO, et l'Alliance atlantique au sein de l'OTAN, allant même jusqu'à appliquer des sanctions extraterritoriales à l'encontre d'entreprises françaises.

M. Jean-Luc Mélenchon. Scandaleux !

M. Michel Herbillon. Alors oui, désormais, la France et l'Europe devront construire une nouvelle relation avec les États-Unis et leur nouvelle équipe dirigeante, mais il faut le faire sans illusions, car la politique étrangère américaine restera marquée par une certaine forme de continuité : les États-Unis défendront toujours, d'abord et avant tout, les intérêts des États-Unis. Leur priorité risque de ne pas être le partenariat avec l'Europe, mais leur relation avec la Chine, nouvelle puissance antagoniste des États-Unis.

Dans ce contexte, pouvez-vous nous dire sur quelles nouvelles bases plus réalistes, sans illusions excessives, vont se fonder la politique étrangère de la France et la nouvelle relation à construire avec les États-Unis, afin de passer des souhaits et des rêves aux actes et aux résultats ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur Herbillon, je vous connais et je suis surpris que vous vouliez faire porter au Président de la République des décisions qui ont été prises par le président Trump ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.) Vous dérogez là, me semble-t-il, à la rigueur intellectuelle et à la sincérité qui vous caractérisent.

Le Président de la République a félicité Joe Biden pour son élection ; en effet, des ouvertures et des synergies nouvelles apparaissent devant nous, en particulier en matière de défense des biens publics mondiaux et de refondation du multilatéralisme.

Les signes sont déjà là. Ainsi, je l'ai évoqué, le président élu Biden a affirmé vouloir s'investir dans la lutte contre le changement climatique : ce sera un élément de convergence très important. Le retour des États-Unis dans l'accord de Paris – ce sera, d'après le président élu Biden, l'un de ses premiers actes – permettra de préparer ensemble, dans une bonne synergie, les échéances importantes qui nous attendent, en particulier la COP26 de Glasgow. Nous anticipons également une meilleure entente dans le domaine de la santé publique mondiale : nous devrons travailler ensemble, dans le cadre de l'OMS reconstituée, pour lutter plus efficacement contre la pandémie et pour réformer le multilatéralisme de la santé. Le partenariat économique transatlantique représente un autre enjeu important : nous avons besoin d'un dialogue plus approfondi en matière commerciale et j'espère une collaboration sur la refonte de l'OMC – une tâche qui est indiscutablement devant nous. Nous aurons aussi à travailler ensemble sur le numérique, autour du triptyque régulation, taxation et définition de normes, ainsi que sur l'enjeu de la sécurité et de la défense. L'engagement de Joe Biden à développer une réflexion stratégique sur l'avenir de l'OTAN augure ainsi d'une meilleure relation entre nos pays.

L'agenda s'annonce donc très riche, promettant une relation transatlantique équilibrée et refondée. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et Dem.)

Données clés

Auteur : M. Michel Herbillon

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 novembre 2020

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