15ème législature

Question N° 3668
de M. Patrick Mignola (Mouvement Démocrate (MoDem) et Démocrates apparentés - Savoie )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > élus

Titre > Hommage à Marielle de Sarnez

Question publiée au JO le : 20/01/2021
Réponse publiée au JO le : 20/01/2021 page : 236

Texte de la question

Texte de la réponse

HOMMAGE À MARIELLE DE SARNEZ


M. le président. La parole est à M. Patrick Mignola. (Mmes et MM. les députés se lèvent et applaudissent longuement.)

M. Patrick Mignola. Marielle de Sarnez, femme politique française, figure du centre, militante européenne, combattante de la justice et de la liberté, n'est plus. De la révolution ukrainienne à la transition démocratique en Tunisie, de la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité par l'Union européenne au développement du programme Erasmus, de ses engagements en Syrie et en Irak à son analyse visionnaire des crises migratoires, de ses combats, aussi, comme élue de Paris, pour le logement des classes moyennes à la couverture du périphérique pour désenclaver la capitale, elle nous laisse d'abord une œuvre politique. À une époque où beaucoup s'interrogent sur le rôle et la place des élus, le parcours et l'action de Marielle de Sarnez apporte des réponses. Elle était la politique.

C'est en portant l'action publique au plus haut degré d'exigence que Marielle de Sarnez a vécu son engagement de toujours au centre, de Valéry Giscard d'Estaing à Emmanuel Macron, ferraillant aux côtés de François Bayrou qui avait trouvé en elle un autre lui-même parce qu'elle aussi avait trouvé, en lui, un autre elle-même. Ensemble, ils ont permis à ce courant politique de vivre, de survivre aux tempêtes, de revivre, toujours au service du pays. L'affirmation de convictions profondes, tout en reconnaissant la légitimité de convictions contraires, même si on les combat, suscite le respect sur tous les bancs ; de toutes parts, les hommages ont été innombrables et unanimes comme rarement. Soyez-en tous remerciés.

Il arrive dans nos vies de rencontrer des personnes qui nous rendent meilleurs. Pour ceux qui m'entourent ici, c'est ce que fut Marielle de Sarnez, dans une sororité politique qui nous manquera tant désormais. À ses enfants dont elle était si fière, à ses petits-enfants dont elle parlait si tendrement, à tous ses amis comme à ceux qui furent ses adversaires, je veux dire qu'elle fait partie de ces êtres dont il émanait tant de lumière qu'elle continuera, telles les étoiles quand elles s'éteignent, d'éclairer encore longtemps nos chemins. (Mmes et MM. les députés se lèvent et applaudissent longuement.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Permettez-moi de vous remercier de me permettre à mon tour, au nom du Gouvernement, de rendre à Marielle de Sarnez, devant la représentation nationale, l'hommage qu'elle mérite. Mes premières pensées vont à sa famille et à ses proches, à qui je veux dire toute mon affection dans ces moments douloureux.

Vous l'avez dit, monsieur le président, Marielle de Sarnez a joué un rôle important dans la vie politique de ce pays, particulièrement dans la pérennité de votre famille politique. Il fut un temps, en effet, où d'autres majorités que la nôtre, d'autres gouvernements que le mien, travaillés par la tentation hégémonique, ont cherché à inféoder le centre plutôt que d'en faire un allié. (Murmures sur les bancs du groupe LR.) En créant le MODEM avec François Bayrou, Marielle de Sarnez assurait l'indépendance politique du centre et du centre droit, une indépendance qui a permis à votre parti politique de jouer un rôle essentiel que nous n'oublions pas.

Si Marielle de Sarnez a été une grande figure du MODEM et du centre, elle fut aussi, tout simplement, une femme politique, et c'est également en cette qualité que je veux lui rendre hommage. Une femme de caractère, une femme de conviction, une femme de fidélité, une femme qui s'est engagée corps et âme dans le militantisme à une époque où les pupitres, les estrades et même, disons-le, les bancs de cet hémicycle, étaient essentiellement occupés par des hommes. Par son talent, par son travail et par la force de ses convictions, Marielle de Sarnez a quitté le fond des réunions publiques où elle aimait à se tenir pour occuper enfin le devant de la scène, notamment au Parlement européen où elle a siégé à partir de 1999 avant d'assurer, au sein de cette Assemblée, la présidence ô combien prestigieuse de la commission des affaires étrangères. Durant tous ses mandats, cette femme de conviction a toujours défendu son attachement à la construction européenne et à ce personnalisme démocrate-chrétien dont elle était, d'une certaine façon, l'héritière.

Rendons hommage à cette parlementaire exemplaire qui s'est battue jusqu'à son dernier souffle pour achever le rapport sur les politiques européennes face à la crise sanitaire. Oui, rendons hommage à cette femme qui n'est tombée face à la maladie qu'après l'avoir relu, signé et assumé jusqu'à la dernière ligne. Avec Marielle de Sarnez, monsieur le président Mignola, mesdames et messieurs les députés, votre famille a perdu une figure centrale, mais la République et l'Europe ont perdu une combattante de la première heure. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem et SOC ainsi que sur quelques bancs du groupe LR.)