Politique migratoire et islamisme
Question de :
Mme Emmanuelle Ménard
Hérault (6e circonscription) - Non inscrit
Question posée en séance, et publiée le 3 février 2021
POLITIQUE MIGRATOIRE ET ISLAMISME
M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard.
Mme Emmanuelle Ménard. Ma question s'adresse au ministre de l'intérieur – qui ne me semble pas être présent. Invité hier matin sur France Inter, ce dernier a déclaré : « Notre ennemi, il est idéologique, il ne relève pas de l'immigration – les trois quarts des attentats commis sur notre sol l'ont été par des Français – ni n'est propre à une religion. » Le ministre de l'intérieur a raison : notre ennemi, l'islamisme, ne saurait être confondu avec une religion. Mais comment peut-il nier l'évidence, le réel, en affirmant que ce fléau, l'islamisme, n'a pas de lien avec l'immigration ?
Son argument, on l'a entendu : les trois quarts des attentats commis sur notre sol l'ont été par des Français. Mais les Français dont il parle, ils sont pour la plupart issus de près ou de loin de l'immigration, et il le sait. (Protestations sur divers bancs.)
M. Serge Letchimy. Vos propos sont scandaleux !
Mme Emmanuelle Ménard. Pourquoi, dès lors, ne pas le dire ? Pour ne pas faire d'amalgame, pour ne pas montrer du doigt toute une partie de la population – et c'est tout à son honneur.
Mais aujourd'hui, les Français musulmans ont besoin qu'on les protège de ces islamistes, et contrairement à ce que vous dites, c'est évidemment l'immigration qui nourrit l'islamisme, une immigration de masse, une immigration non contrôlée, une immigration clandestine, une immigration qui dévoie cette belle invention qu'est le droit d'asile.
Alors, s'il vous plaît, qu'on ne me réponde pas d'une pirouette contre l'extrême droite : je ne suis pas d'extrême droite (Exclamations sur divers bancs),…
M. Jean-Paul Lecoq. Eh si ! Regardez-vous dans le miroir !
Mme Emmanuelle Ménard. …pas plus que xénophobe ou raciste : je suis simplement soucieuse de combattre, comme vous, l'islamisme et donc soucieuse de tarir une de ses sources, l'immigration de masse. Vous avez rejeté tous – je dis bien tous – les amendements qui traitaient de l'immigration à l'occasion de l'examen du projet de loi confortant le respect des principes de la République.
Ma question est simple : pourquoi cet entêtement à nier la réalité ? (Applaudissements parmi les députés non inscrits.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la citoyenneté.
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté. Le projet de loi confortant le respect des principes de la République est un beau texte. Vous en avez débattu pendant plus de cinquante-cinq heures en commission et ces travaux ont vocation à apporter des réponses fortes, des réponses concrètes, et non à se jeter des anathèmes et à stigmatiser une partie de la population.
Un député non inscrit . Répondez à la question !
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée . Vous savez que la menace terroriste, en France, est une menace qui a varié et qui, aujourd'hui, est plutôt d'ordre endogène. Vous savez également que les services de renseignement déjouent des attentats – un par mois en moyenne. Les cellules départementales de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire, les CLIR, quant à elles, agissent très concrètement sur le terrain, action qui peut donner lieu à des expulsions et qui a déjà conduit à la fermeture de 20 000 structures et à des redressements à hauteur de 30 millions d'euros concernant des organisations séparatistes.
Le gouvernement de Jean Castex, sur la proposition de Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, a eu le courage de dissoudre le CCIF – collectif contre l'islamophobie en France –, de dissoudre Barakacity, de dissoudre le collectif Cheikh-Yassine.
Un député non inscrit . Répondez !
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée . Le Gouvernement agit contre le terrorisme et contre l'islamisme radical.
Mais, madame la députée, je ne peux pas vous laisser faire ce lien indigne parce que oui, l'immigration est aussi une chance pour la France, une richesse pour la France. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM, SOC et LT.) L'immigration, c'est Kader, cet agent de nettoyage qui a travaillé pendant la crise sanitaire et que nous avons naturalisé : il est aujourd'hui notre compatriote. L'immigration, c'est Rosa, aide-soignante d'origine étrangère, qui a travaillé pendant la crise sanitaire, qui a sauvé des vies, madame la députée ! (Mêmes mouvements.) L'immigration, c'est encore Khansaa, cette pharmacienne que nous avons aussi naturalisée, qui est donc devenue notre concitoyenne, eu égard à son engagement pendant la crise sanitaire. (Mêmes mouvements.)
M. Pierre Cordier. On verra aux élections…
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée . Le travail de l'Assemblée nationale, celui du Gouvernement, c'est d'être concret, c'est d'être sérieux, ce n'est pas de stigmatiser. Oui, je le répète, l'immigration est une chance, une richesse pour la France. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs des groupes SOC et LT.)
M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard.
Mme Emmanuelle Ménard. Le 4 avril 2020 à Romans-sur-Isère, le 27 avril 2020 à Colombes, le 25 septembre 2020 à Paris, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine et enfin le 29 octobre 2020 à Nice : cinq attentats et, à chaque fois, le terroriste était issu de l'immigration. (Applaudissements parmi les députés non inscrits.)
Auteur : Mme Emmanuelle Ménard
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Immigration
Ministère interrogé : Citoyenneté
Ministère répondant : Citoyenneté
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 février 2021