15ème législature

Question N° 3750
de M. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise - Bouches-du-Rhône )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > pauvreté

Titre > Lutte contre la faim et la pauvreté par grand froid

Question publiée au JO le : 10/02/2021
Réponse publiée au JO le : 10/02/2021 page : 1144

Texte de la question

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE LA FAIM ET LA PAUVRETÉ PAR GRAND FROID


M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Mélenchon.

M. Jean-Luc Mélenchon. Monsieur le Premier ministre, nous l'avons tous constaté, le froid de l'hiver s'aggrave. Ce n'est pas une surprise, Météo France avait alerté. Nous savons depuis plusieurs semaines que le vortex polaire a dévié sa trajectoire et qu'il passe à présent sur nos régions.

M. Pierre Cordier. Vous pourriez vous reconvertir !

M. Jean-Luc Mélenchon. Le froid, vous vous en doutez, est aussi une calamité sociale. Les pauvres gens vont souffrir davantage encore. Il y a dans notre pays 300 000 personnes sans domicile fixe, dont 30 000 enfants. 2 000 personnes meurent de la rue chaque année. Le froid glacial sera sans pitié à leur égard. Monsieur le Premier ministre, que comptez-vous faire pour eux ? Demanderez-vous aux préfets de réquisitionner les bâtiments vides autant que de besoin ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

Il existe 7 millions de logements passoires thermiques en France. C'est là que vivent la plupart des 10 millions de pauvres de notre pays. Un Français sur trois renonce à se chauffer, faute d'argent. Monsieur le Premier ministre, que comptez-vous faire pour eux ? Peut-on décider de l'attribution gratuite des premiers mètres cubes de gaz et de celle des premiers kilowattheures d'électricité ?

Monsieur le Premier ministre, la France pour laquelle le froid est un ennemi mortel est la France qui, déjà, a faim. C'est la France des 8 millions de personnes dépendant de l'aide alimentaire. Des centaines d'étudiants et de pauvres qui ont faim font la file, chaque soir, pour un plat chaud. Ils attendront bien mal par -10o C. Pensez-vous ouvrir des lieux de restauration collective pour juguler cette famine ?

Monsieur le Premier ministre, êtes-vous conscient de l'urgence ? Pensez-vous, comme nous, que c'est l'heure de la fraternité qui a sonné en France pour les plus pauvres ? Comment y répondez-vous ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. J'ai, comme le Gouvernement, parfaitement conscience des phénomènes de détresse que vous venez de décrire et de rappeler. C'est la conjoncture, la France subit une phase de grand froid, mais aussi les affres de la crise sanitaire, de la crise sociale et économique qui en résulte et des difficultés de tout ordre qu'elle occasionne, notamment à l'endroit des plus démunis et des plus faibles de nos concitoyens.

M. Alexis Corbière. Les plus pauvres !

M. Jean Castex, Premier ministre . Ce Gouvernement et cette majorité ne sont pas restés inactifs face à cette situation et ces cas dramatiques. J'ai reçu à plusieurs reprises – je les rencontrerai d'ailleurs encore – les associations caritatives, qui sont en première ligne et auxquelles je voudrais, en votre nom à toutes et tous, rendre un vibrant hommage pour leur action au quotidien. (Applaudissements sur tous les bancs.)

Je rappelle, monsieur le président Mélenchon, que nous les soutenons de manière active et financière, que nous sommes à leurs côtés et à leur écoute pour faire face aux situations d'urgence auxquelles elles sont confrontées.

La campagne hivernale – c'était le début de votre question – a commencé le 17 octobre dernier. Depuis cette date – soyons très précis pour la représentation nationale –, nous avons ouvert pour les sans-abris 20 000 places d'hébergement supplémentaires, ce qui porte leur nombre à 200 000. Cela constitue un record, auquel s'ajoutent les 100 000 places, dont le nombre est aussi en augmentation, au sein des centres d'accueil pour demandeurs d'asile.

Hier, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du logement, a demandé aux préfets d'engager le plan grand froid pour s'occuper de toutes les situations dramatiques causées par l'aggravation des conditions climatiques.

Je vous rappelle tous les dispositifs que nous avons instaurés, et que la représentation nationale a votés, en faveur des plus démunis.

Vous avez parlé des queues qui se forment pour accéder à l'aide alimentaire ; j'en suis aussi choqué que vous, en particulier quand on y voit les plus jeunes de nos concitoyens, étudiants mais pas seulement. Nous avons décidé, je vous le rappelle, que tous les étudiants doivent pouvoir prendre deux repas par jour dans les CROUS, à 1 euro. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM ainsi que sur plusieurs bancs du groupe Dem.) Frédérique Vidal et moi-même avons donné toutes les instructions nécessaires pour que cette mesure entre progressivement dans les faits. Inédite dans l'histoire de notre République, elle est, j'en suis sûre, approuvée sur tous les bancs de cette assemblée.

Oui, mesdames et messieurs les députés, croyez-le bien : c'est une cause nationale qui nous réunit tous. Le Gouvernement agit et continuera de le faire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM ainsi que sur plusieurs bancs du groupe Dem.)