15ème législature

Question N° 3873
de M. Olivier Serva (La République en Marche - Guadeloupe )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Égalité femmes-hommes, diversité et égalité des chances
Ministère attributaire > Égalité femmes-hommes, diversité et égalité des chances

Rubrique > outre-mer

Titre > Lutte contre le racisme

Question publiée au JO le : 24/03/2021
Réponse publiée au JO le : 24/03/2021 page : 2970

Texte de la question

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE LE RACISME


M. le président. La parole est à M. Olivier Serva.

M. Olivier Serva. Madame la ministre, j'associe à cette question mes collègues Caroline Abadie et Robin Reda, qui ont produit récemment un rapport d'information transpartisan sur l'émergence et l'évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter.

Martin Luther King disait que le mal le plus pernicieux, le plus nocif, sur cette terre est le racisme. Vous le savez, c'est l'une des plaies les plus graves de notre époque.

Ce mal est indissociable de l'esclavage colonial, qui a fondé une exploitation économique de l'homme par l'homme sur le seul fait de la race. Je dois vous dire combien la France et, en son sein, les outre-mer, et la Guadeloupe où je suis né, sont attentifs à votre réponse, surtout lorsque nous attendons qu'une loi punisse le négationnisme de l'esclavage colonial.

Le racisme travestit le lien social et meurtrit le pacte républicain. Parfois, il s'exprime publiquement sur des chaînes de télévision et d'une manière tristement décomplexée. Il fait le lit de l'extrême droite. La plupart du temps, il est sournois, il rampe entre deux usagers des transports en commun, entre un employeur et son subordonné, ou encore entre un recruteur et un candidat. La douleur et l'humiliation s'ajoutent à la pauvreté de trop de nos concitoyens et, avec elles, la perte de tout espoir de réussite professionnelle – ce qui explique que, dans les sphères du pouvoir autant que dans l'administration et le secteur privé, l'égalité des chances soit trop souvent un vœu pieux. Ce racisme est un drame qui est vécu au quotidien par les Français noirs, les Français arabes, les Français asiatiques – entre autres.

Maintenant, madame la ministre, la Guadeloupe où je vis et tous les autres territoires ultramarins vous écoutent. Les femmes et les hommes d'ascendance africaine vous regardent. Tous, nous voulons savoir comme le Gouvernement compte permettre aux Ultramarins – donc Français à part entière – de ne plus être lésés dans leurs droits sur leur propre territoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances.

Mme Elisabeth Moreno , ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances. Monsieur le député, président de la délégation des outre-mer, le dimanche 21 mars a coïncidé avec la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, parce que non, le racisme et l'antisémitisme n'ont pas été éradiqués de notre société…

M. Éric Ciotti. Et à l'UNEF ?

Mme Elisabeth Moreno , ministre déléguée . …que, non, le rejet de l'autre en raison de sa couleur de peau, de ses origines ou de ses croyances, n'appartient pas à une époque révolue, et que, oui, la lutte contre le racisme et l'antisémitisme demeure malheureusement plus que jamais un combat contemporain. Parce que les époques changent, la haine s'est, elle aussi, métamorphosée. Elle a changé de visage, elle a endossé de nouvelles pratiques et elle utilise de nouveaux véhicules. Pour autant, elle n'a pas baissé d'intensité.

Cette haine est une véritable atteinte à la dignité humaine et, parfois, elle tue.

M. Éric Ciotti. Sauf à l'UNEF !

Mme Elisabeth Moreno , ministre déléguée . C'est pourquoi notre devoir républicain, à nous autres responsables politiques, est de la combattre partout dans notre territoire,…

M. Fabien Di Filippo. Y compris à l'UNEF !

Mme Elisabeth Moreno , ministre déléguée . …que ce soit en métropole ou en outre-mer. Ce combat constitue une priorité du Président de la République. C'est l'action résolue que nous avons menée lorsque nous avons créé la plateforme antidiscriminations.fr. Depuis son lancement, plus de 10 000 personnes ont consulté ce site.

C'est aussi l'action que nous souhaitons mener quand nous engagerons au mois d'avril une grande consultation citoyenne sur les discriminations. Nous allons continuer avec le Plan national de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, dont j'ai lancé les travaux aujourd'hui avec la DILCRAH – délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT – et en lien avec les associations comme la LICRA ou encore SOS Racisme.

M. Fabien Di Filippo. Nous voilà rassurés !

Mme Elisabeth Moreno , ministre déléguée . Ce plan, nous le présenterons avant l'été.

Mesdames et messieurs les députés, le racisme et l'antisémitisme sont bien plus que des entorses à nos valeurs républicaines. Ils en sont la négation. C'est ensemble, et par des actions concrètes, que nous pourrons éteindre la flamme de la haine. Frantz Fanon a dit : « Chaque génération doit […] découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » Vous pouvez compter sur moi pour remplir la mienne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM ainsi que sur quelques bancs du groupe Dem.)

M. Pierre Cordier. On en reparlera à l’assemblée générale de l’UNEF !