Stratégie sanitaire du Gouvernement
Question de :
M. Stéphane Viry
Vosges (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 24 mars 2021
STRATÉGIE SANITAIRE DU GOUVERNEMENT
M. le président. La parole est à M. Stéphane Viry.
M. Stéphane Viry. Monsieur le Premier ministre, je fais déjà reproche à votre gouvernement de ne pas avoir répondu clairement à la question claire d'Éric Ciotti.
Un an après le premier confinement, les Français attendent toujours la sortie de crise pour retrouver la vie normale qui leur manque tant. Il faut dire que les jours heureux promis par le Président de la République semblent bien loin ! La campagne de vaccination aurait dû être synonyme d'une réouverture de nos cafés, de nos musées, de nos salles de sport et de la reconquête de nos libertés. Vous étiez le chantre du déconfinement ; vous voilà celui de la déconvenue.
Il avait été demandé aux Français de tenir encore quatre à six semaines. En réalité, trois semaines plus tard, vous reconfinez 21 millions d'entre eux. Vos tergiversations creusent un fossé entre eux et vous.
M. Pierre Cordier. Eh oui !
M. Stéphane Viry. Perte de confiance des Français en votre parole publique. Vous annonciez jeudi qu'il y aurait un confinement, alors que, dimanche, le porte-parole du Gouvernement considère que ce n'en est pas un.
Perte de confiance des Français en la stratégie globale. Vous les infantilisez avec des attestations incompréhensibles, que vous avez dû retirer en vingt-quatre heures – sans parler de votre liste de commerces non essentiels, brouillonne et aléatoire. Je pourrais également citer votre nouveau revirement : « Dedans avec les miens, dehors en citoyen », slogan opposé aux consignes des deux autres confinements.
M. Pierre Cordier. Moi, je n'ai rien compris !
M. Stéphane Viry. Enfin, perte de confiance dans le vaccin. En quarante-huit heures, celui d'AstraZeneca a été suspendu et rétabli. Résultat : des déprogrammations et de la méfiance partout dans nos territoires, et du retard. Votre stratégie incohérente ne fait que rallonger l'état d'urgence sanitaire…
M. Loïc Prud'homme. Il a raison !
M. Stéphane Viry. …et reporter le retour à nos libertés. Les Français sont fatigués, épuisés, désorientés par vos errements et votre improvisation. Monsieur le Premier ministre, quand cesserez-vous de considérer nos concitoyens comme les variables d'ajustement de votre politique sanitaire bancale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – M. Loïc Prud'homme applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le député, je crois pouvoir dire qu'on se connaît bien.
M. Raphaël Schellenberger. Mais M. Viry a bien tourné !
M. Olivier Véran, ministre . Nous avons été parlementaires ensemble et je sais votre sens habituel de la mesure. Nous pouvons nous rejoindre tous deux sur un certain nombre de constats : oui, l'épidémie est longue, oui, l'épidémie est dure, oui, la situation sanitaire est inquiétante et, oui, la vaccination est plus que jamais nécessaire.
On avance en marchant.
M. Maxime Minot. On n'en peut plus d'En marche !
M. Pierre Cordier. D'En marche arrière !
M. Olivier Véran, ministre . Il y a un an, j'étais face à vous dans cet hémicycle et je répondais aux questions que vous posiez sur le virus. On ignorait ce qu'il était. On ne savait pas comment il se transmettait, où il circulait, quels dégâts sanitaires il pouvait provoquer. On ne savait non plus quel niveau atteindraient les vagues de contamination. Souvenez-vous, c'était il y a un an. Vous étiez là ; j'y étais également. Je vous disais : nous apprendrons de ce virus, les scientifiques nous aideront et nous prendrons ensemble le chemin qui nous permettra d'aider les populations – pas uniquement la population française, car, comment pouvez-vous isoler notre pays d'un environnement mondialisé, à l'heure où tous les pays qui nous entourent affrontent les mêmes difficultés que nous face à l'épidémie et prennent des mesures identiques dans leurs fondements (Protestations sur les bancs du groupe LR) ? À ceci près que la France ne ferme pas ses écoles non plus que l'intégralité de ses commerces et que, contrairement à ses voisins européens, elle n'a pas confiné sa population pendant trois mois durant l'hiver, pour reconfiner à nouveau en mars.
Face à cette difficulté, vous avez le droit, en tant qu'opposant, de considérer que nous faisons mal notre travail…
M. Loïc Prud'homme. C'est le cas !
M. Olivier Véran, ministre . …et vous avez le droit de le dire, mais vous avez aussi, en tant que parlementaire, représentant de la nation, celui de contribuer à créer les conditions de la confiance pour les Français, qui attendent de nous qu'en responsabilité, on les protège, on les informe, on les accompagne pendant cette période difficile. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe Dem.)
Enfin, parce que vous êtes un homme intelligent et que vous avez des idées, je vous rappelle que notre porte vous est toujours ouverte pour que vous veniez nous prodiguer vos conseils, nous suggérer des orientations. (Protestations sur les bancs du groupe FI.)
C'est ensemble que nous sortirons de la crise par le haut et c'est ce que les Français attendent de la représentation nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.- Protestations sur les bancs du groupe LR.)
M. Jean-Marie Sermier. Toutes nos propositions ont été balayées !
Auteur : M. Stéphane Viry
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 mars 2021