15ème législature

Question N° 387
de M. Aurélien Pradié (Les Républicains - Lot )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > collectivités territoriales

Titre > deuxième conférence nationale des territoires dans le Lot

Question publiée au JO le : 07/12/2017
Réponse publiée au JO le : 07/12/2017 page : 6084

Texte de la question

Texte de la réponse

DEUXIÈME CONFÉRENCE NATIONALE DES TERRITOIRES, DANS LE LOT


M. le président. La parole est à M. Aurélien Pradié, pour le groupe Les Républicains.

M. Aurélien Pradié. Monsieur le Premier ministre, vous avez choisi le Lot, et Cahors : vous avez bien fait ! (Exclamations sur les bancs des groupes REM et MODEM.) Vous venez d'annoncer la délocalisation de Matignon ainsi que la tenue de la conférence nationale des territoires dans cette terre lotoise que j'ai l'honneur de représenter. (Mêmes mouvements.) Cachez votre joie, mes chers collègues, cela devient gênant !

M. le président. Mes chers collègues, je vous invite à faire preuve de calme et de respect. Quel qu'ait pu être le comportement de M. Pradié lors de séances antérieures, lui seul a la parole. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM.)

M. Aurélien Pradié. Merci, monsieur le président, pour votre extrême bienveillance.

Monsieur le Premier ministre, vous venez d'annoncer la délocalisation de Matignon ainsi que la tenue de la conférence nationale des territoires dans cette terre lotoise que j'ai l'honneur de représenter.

Vous êtes le Premier ministre de la France et nous respectons le Premier ministre de notre pays. C'est précisément pour cette raison que je dois vous parler franc. Dans le Lot, nous ne sommes pas dociles. Nos tempéraments sont aussi solides que nos valeurs sont sincères.

M. Erwan Balanant. Comme partout en France !

M. Aurélien Pradié. Dans le Lot, nous avons les convictions de cette ruralité qui souffre mais aussi qui espère, et l'audace de ces territoires qui ont toujours contribué à la réussite de notre pays. Monsieur le Premier ministre, soyons clairs : si vous envisagez trois jours de sinécure gouvernementale, le Lot n'est pas la bonne adresse, car ce qui vous y attend, c'est du travail. (Vives exclamations sur les bancs du groupe REM.)

Si vous comptez travailler et entendre ceux qui ont à vous dire leurs colères et leurs réussites, si vous ne venez pas seulement pour les caméras, vous serez le bienvenu dans le département ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR. – Exclamations et huées sur les bancs des groupes REM et MODEM.) Mais vous devrez entendre ces agriculteurs lotois qui viennent d'apprendre que l'État ne tiendra pas parole en matière de zones défavorisées, ces associations qui abandonnent leurs missions faute de contrats aidés, (Exclamations sur les bancs du groupe REM)…

M. Laurent Pietraszewski. Ce n'est pas drôle !

M. Aurélien Pradié. …ces ruraux qui espèrent l'ouverture d'une ligne à grande vitesse qui ne vient pas et ces élus locaux qui se sentent méprisés et infantilisés.

Je pourrais vous dire que tout va bien, vous flatter inutilement et vous applaudir à tout rompre, monsieur le Premier ministre ; je pourrais jouer le ravi de la crèche. Mais alors je ne vous respecterais pas. (Mêmes mouvements.) Or je suis exigeant avec le Premier ministre de la France ! Monsieur le Premier ministre êtes-vous prêt à passer de la théorie à la pratique et à avancer sur les sujets importants ? Si vous êtes prêt, …

M. le président. Merci, cher collègue. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

La parole est à M. le Premier ministre.

M. Ludovic Pajot. Un peu de respect ! (Rires sur les bancs du groupe REM.)

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le député, je vous remercie de votre question ainsi que de la description de votre département à laquelle vous vous êtes livré. Ceux qui y vivent seraient donc indociles – vous n'avez pas dit « insoumis » ! (Rires et applaudissements) –…

M. Jean-Luc Mélenchon. Excellent !

Mme Caroline Fiat. Mais il y en a !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …mais respectueux. Je me permets de vous faire observer que les caractéristiques que vous revendiquez pourraient l'être, me semble-t-il, par chacun des députés qui siègent dans cet hémicycle. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM, MODEM et UAI.) Normand moi-même, je n'ai jamais entendu dire que les Normands étaient particulièrement dociles !

M. Sébastien Jumel et M. Hubert Wulfranc . C'est bien vrai !

M. Patrice Verchère. En tout cas, la majorité l'est !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Vous m'interrogez sur les raisons qui ont amené le Gouvernement à organiser la deuxième conférence nationale des territoires à Cahors. Cet exercice, nouveau et délicat, vise à organiser une façon de travailler avec tous les représentants des collectivités territoriales, dont les parlementaires. La première réunion de la conférence nationale des territoires a été organisée au Sénat, ce qui semblait bien naturel dès lors que celui-ci, aux termes de la Constitution, assure la représentation des collectivités territoriales de la République.

Vous conviendrez néanmoins avec moi que, si nous avions fait en sorte que toutes les réunions de la conférence nationale des territoires se tiennent à Paris, cela aurait posé problème : certains esprits mal intentionnés – pas vous, monsieur le député – n'auraient pas manqué de nous reprocher de n'évoquer les territoires qu'à Paris !

Mme Véronique Louwagie. Ça nous changera !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Nous avons donc décidé de tenir ces réunions ailleurs qu'à Paris au moins une fois sur deux, ce qui me semble bienvenu. La prochaine aura lieu à Cahors et c'est très bien ainsi.

Comme nous allons passer une journée à Cahors en compagnie des représentants des élus locaux et d'autres participants, il m'est apparu qu'il pouvait être utile non pas simplement de participer à la réunion puis de repartir, mais de rester un peu sur place et d'en profiter pour rencontrer les acteurs de la vie locale du département et discuter avec eux : fonctionnaires territoriaux, élus locaux, agriculteurs, représentants des corps intermédiaires et tous ceux qui, dans le département – qui ne se réduit pas à votre circonscription, monsieur le député – participent à la vie locale, s'inquiètent parfois, veulent obtenir des réponses mais aussi partager des projets et construire.

Voilà ce que nous ferons, dans le but que le plus grand nombre possible de mes collaborateurs puisse rencontrer le plus grand nombre possible d'acteurs locaux. Il me semble que cela n'est pas mauvais, et même que c'est utile. Il ne s'agit pas de faire comme si tous les services de Matignon se délocalisaient dans le Lot.

Mme Émilie Bonnivard. Je me disais aussi !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Ce n'est pas ainsi que nos institutions fonctionnent. Les réunions interministérielles se tiendront à Paris. Néanmoins, autant que possible, nous tâcherons de dépasser les postures, qui sont parfaitement légitimes et très largement partagées,…

Mme Émilie Bonnivard et M. Christian Jacob . Ça oui !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …en vue de mener un travail de fond avec les acteurs locaux.

Mme Émilie Bonnivard. Commencez par accepter nos amendements !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Il s'agit d'un sujet délicat. J'observe – et je m'en réjouis – qu'à chaque fois que nous procédons ainsi, cela se passe bien. Je suis donc certain, monsieur le député, que dans le département du Lot comme ailleurs, l'accueil sera républicain et le travail sérieux. (Applaudissements sur les bancs du groupe REM et plusieurs bancs des groupes MODEM et UAI.)