15ème législature

Question N° 3888
de Mme Sabine Rubin (La France insoumise - Seine-Saint-Denis )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Solidarités et santé
Ministère attributaire > Solidarités et santé

Rubrique > santé

Titre > Stratégie sanitaire du Gouvernement

Question publiée au JO le : 24/03/2021
Réponse publiée au JO le : 24/03/2021 page : 2982

Texte de la question

Texte de la réponse

STRATÉGIE SANITAIRE DU GOUVERNEMENT


M. le président. La parole est à Mme Sabine Rubin.

Mme Sabine Rubin. Comme beaucoup de mes concitoyens, le casse-tête des annonces de jeudi soir m'a laissée perplexe. Nous nous sommes retrouvés plongés dans le monde kafkaïen des autorisations ; les commerçants se sont demandé s'ils étaient essentiels ou non et, plus triste encore, le corps médical s'est montré en grande partie dubitatif sur la pertinence des mesures.

Mars 2020-mars 2021 : un an après, vous persévérez dans votre logique, acceptable au début, d'une gestion erratique et d'un bricolage à la petite semaine, au gré de la circulation du virus, pilotés depuis le cadre toujours secret du conseil de défense. (M. Loïc Prud'homme applaudit.) Cette gestion amplifie les dégâts de la crise en laissant le pays dans l'incertitude et sans perspectives crédibles. Or il faut maintenant l'admettre : il y a et il y aura de nouvelles vagues ou de nouvelles épidémies comme il y a des virus mutants.

Qu'attendez-vous pour sortir de votre logique court-termiste qui délaisse la prévention et l'anticipation ? Qu'attendez-vous pour réarmer le système hospitalier en ouvrant des lits de réanimation et en formant des infirmiers spécialisés ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) Qu'attendez-vous pour organiser convenablement l'isolement des personnes contacts et contaminées ? Qu'attendez-vous pour demander la licence libre pour les vaccins et la réquisition des entreprises pour leur production ? Plutôt que les préconisations de l'OMS – Organisation mondiale de la santé –, vous préférez suivre celles de l'OMC – Organisation mondiale du commerce. (M. Loïc Prud'homme applaudit.) Pourtant, avec des vaccins pour tous, plus besoin d'établir des priorités en fonction des pénuries des doses. Enfin, qu'attendez-vous pour mettre en place ce que nous proposons depuis six mois, à savoir l'organisation de la société par roulement ? Il y aurait ainsi moins de monde dans les entreprises, qui seraient obligées d'organiser le télétravail autant que possible ; il y aurait moins d'élèves dans des classes allégées et tous les enfants pourraient aller à l'école ; il y aurait un enseignement hybride à l'université et des jauges dans les lieux culturels et cultuels.

Que pensez-vous de ces mesures et, surtout, de l'anticipation et de la vision stratégique et globale qui les sous-tendent ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Je vous remercie pour les propositions que vous formulez. Vous faites immédiatement le lien entre la prévention et l'ouverture de lits de réanimation : pardon, mais quand un patient est en réanimation, c'est que la prévention a échoué.

M. Loïc Prud'homme. Ah, c'est pour ça que vous fermez des lits ?

M. Olivier Véran, ministre . Un patient intubé, ventilé et placé dans un coma artificiel ne se trouve pas à un stade où la prévention peut l'aider en quoi que ce soit. Augmenter le nombre de lits pour soigner plus de malades et laisser l'épidémie filer répond à une logique dans laquelle je refuse de m'inscrire.

La prévention, c'est de faire en sorte, grâce aux gestes barrières, à la distanciation sociale et aux mesures de freinage, ajustées territoire par territoire, que les gens ne se contaminent pas, ne développent pas de forme grave de la maladie et n'aillent pas en réanimation.

Vous avez dit qu'il fallait augmenter l'isolement des personnes contacts : votre parti, La France insoumise, est certes le seul à ne pas répondre à l'invitation du Premier ministre aux réunions de concertation auxquelles participent tous les partis politiques de France, mais je ne l'ai jamais entendu prendre position en faveur d'un isolement contraint. Peut-être avez-vous changé de doctrine, vous nous le direz à l'occasion.

Quand vous dites qu'il faut produire des vaccins, j'en conclus que vous êtes convertie à la nécessité d'appuyer l'industrie pharmaceutique. J'attends donc votre soutien lors du vote de la prochaine loi de financement de la sécurité sociale qui visera à réindustrialiser notre pays pour fabriquer des médicaments en France.

M. Loïc Prud'homme. Vous êtes parfait, monsieur le ministre ! Ne changez rien !

M. Olivier Véran, ministre. Quand vous dites qu'il faut davantage de roulement dans l'entreprise, j'ai envie de vous répondre : et qué s'appelerio le télétravail ! C'est ce que nous appelons en effet le télétravail dans les entreprises publiques et privées. Vous avez raison de souligner son caractère efficace !

Quand vous évoquez les jauges dans les établissements culturels, cultuels et sportifs, sachez qu'elles existent ! Ces protocoles sanitaires sont appliqués dans bon nombre d'autres pays, dont le gouvernement est parfois dirigé par la gauche, y compris celle proche de vos idées.

J'ai presque envie de vous dire que nous sommes d'accord : il ne manque plus que votre vote de soutien aux prochaines mesures de protection des Français tel que l'état d'urgence sanitaire car, jusqu'ici, il nous a toujours fait défaut.

M. Loïc Prud'homme. Quel mépris !