Question au Gouvernement n° 3934 :
Beauvau de la sécurité dans les départements

15e Législature

Question de : Mme Audrey Dufeu
Loire-Atlantique (8e circonscription) - La République en Marche

Question posée en séance, et publiée le 7 avril 2021


BEAUVAU DE LA SÉCURITÉ DANS LES DÉPARTEMENTS

M. le président. La parole est à Mme Audrey Dufeu.

Mme Audrey Dufeu. Monsieur le ministre de l'intérieur, nous le savons, les forces de l'ordre sont en première ligne pour lutter contre l'insécurité. Ce sont elles qui sont confrontées tous les jours à l'augmentation des violences, au séparatisme et à la menace terroriste. Ce sont aussi elles qui accueillent la parole des victimes. Pourtant, la relation de proximité avec les Français se dégrade. Pour la réparer, vous organisez le Beauvau de la sécurité, dont l'un des huit chantiers consiste à dresser un état des lieux du lien entre les forces de l'ordre et la population.

J'ai adapté cette consultation dans ma circonscription, à Saint-Nazaire, sous la forme d'un « Beauvau en circo ».

Cela m'a permis de dresser un diagnostic de l'insécurité croissante qui existe sur le territoire nazairien et des agressions subies par les forces de l'ordre. J'ai interrogé de nombreux acteurs – syndicats, parquet, élus, associations – et j'ai organisé des immersions sur le terrain aux côtés des policiers et des gendarmes.

Monsieur le ministre, vous le verrez dans la synthèse que je vous remettrai tout à l'heure : ces acteurs m'ont confié sans filtre la réalité de leur quotidien. Je vous l'assure : oui, l'amélioration du lien entre les Français et les forces de l'ordre est prioritaire ; oui, ils ont besoin de renforts pour ne pas laisser les trafics de drogue rendre invivable la vie dans nos quartiers.

Il faut recréer une vraie police de proximité. Il faut davantage de complémentarité entre l'action immédiate des forces de l'ordre et l'accompagnement des travailleurs sociaux sur un temps plus long. C'est la clé du succès pour créer de la confiance, car la sécurité est avant tout un combat social.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous proposer un point d'étape sur le Beauvau de la sécurité ? Comment comptez-vous vous inspirer des travaux réalisés sur le terrain pour alimenter les conclusions de votre consultation, et quelles sont les premières pistes pour renouer la confiance entre les forces de l'ordre et la population ? (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et Dem.)

M. Pierre Cordier. Allô ? Allô ?

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Pierre Cordier. Il a lui-même écrit la question !

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Voulue par le Président de la République, la grande concertation sociale menée avec les forces de l'ordre se décline sur l'ensemble du territoire national, à Paris et ailleurs. Je remercie d'ailleurs mes collègues du Gouvernement qui y contribuent, Mme Jacqueline Gourault s'agissant des relations que nous entretenons avec les maires, et Julien Denormandie, qui a rencontré des agriculteurs dans l'Allier – j'aurai moi-même l'occasion de le faire avec le ministre de la justice, garde des sceaux, dans le cadre d'une table ronde et peut-être d'un déplacement. Je pense aussi à Jean-Michel Blanquer pour la jeunesse. C'est donc tout le Gouvernement qui est mobilisé pour soutenir nos forces de l'ordre.

Augmenter les moyens, c'est évidemment ce que vous avez fait par le vote de plusieurs budgets qui ont pour la première fois créé 10 000 postes de policiers et de gendarmes supplémentaires ; ils nous permettent enfin de recréer cette police de proximité que vous évoquez, et ainsi de garantir de l'îlotage et de la présence qui s'ajoutent au renseignement, cet outil qui a tant manqué à notre territoire au lendemain des attentats terroristes que nous avons vécus.

M. Ugo Bernalicis. Ce n'est pas très sympa pour le livre blanc de Castaner ! C'est très moche, même !

M. Gérald Darmanin, ministre . L'augmentation des moyens concerne aussi le maintien de l'ordre – gendarmes mobiles et CRS –, afin d'éviter que les policiers de sécurité publique n'en assument la charge et soient malheureusement blessés parce qu'ils n'ont pas suivi la même formation que ceux dont c'est le métier.

M. Ugo Bernalicis. Que c'est laborieux !

M. Gérald Darmanin, ministre . Mais il faut aller plus loin…

Mme Caroline Fiat. Il faut aller plus loin, mais pas au restaurant !

M. Gérald Darmanin, ministre . …grâce à des mesures telles que la généralisation des caméras, notamment les caméras portatives pour les policiers et les gendarmes, la création d'une réserve opérationnelle de la police nationale, sur le modèle de celle qui existe pour la gendarmerie, mais aussi l'approfondissement de la formation – initiale et continue – des policiers et des gendarmes. Nous le devons à nos forces de l'ordre qui sont souvent projetées très rapidement sur des théâtres d'hyperviolence, susceptibles de faire naître les conflits que nous avons constatés.

Le Beauvau de la sécurité va encore durer trois mois. Au moment du prochain déconfinement, nous aurons l'occasion de poursuivre ses travaux et je serai très heureux de prendre connaissance de la synthèse issue de vos échanges avec nos compatriotes. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

Données clés

Auteur : Mme Audrey Dufeu

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Sécurité des biens et des personnes

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 avril 2021

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