politique d'asile et d'immigration
Question de :
Mme Sonia Krimi
Manche (4e circonscription) - La République en Marche
Question posée en séance, et publiée le 20 décembre 2017
POLITIQUE D'ASILE ET D'IMMIGRATION
M. le président. La parole est à Mme Sonia Krimi, pour le groupe La République en marche.
Mme Sonia Krimi. Monsieur le ministre d'État, ministre de l'intérieur, tous les étrangers de France ne sont pas des terroristes. Tous les étrangers de France ne sont pas d'indélicats fraudeurs aux aides sociales. Dire le contraire, c'est jouer avec les peurs, c'est jouer avec les mots. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI et sur quelques bancs du groupe REM) Vous le savez les caricatures simplistes et cyniques apparaissent rapidement dans le débat public.
Pourtant, très tôt, le Président de la République a fixé notre philosophie sur l'accueil des étrangers : plus d'humanité et de dignité, des réponses plus rapides et plus respectueuses, comme il l'a rappelé à Orléans le 27 juillet 2017.
C'est pourquoi vous préparez depuis des mois un projet de loi sur le droit d'asile et une immigration maîtrisée.
M. Pierre Cordier. Il est nécessaire.
Mme Sonia Krimi. Les personnes dont nous parlons aiment la France comme au premier jour, comme je l'aime depuis le premier jour. Elles fuient des pays en guerre. Elles fuient un avenir économique et climatique leur paraissant bien ternes. La France les accueille, mais les conditions d'accueils sont aujourd'hui dans une impasse.
M. Laurent Furst. C'est la France qui est dans une impasse !
Mme Sonia Krimi. Les demandeurs d'asile sont souvent dans des situations difficiles, les délais sont longs et les solutions d'hébergements insuffisantes. Les mineurs isolés sont trop souvent abandonnés. Les moyens de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides et de l'Office français de l'immigration et de l'intégration pourraient être améliorés. Les centres de rétention deviennent des centres de détention et sont indignes de notre République. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM, FI et GDR.)
M. Thibault Bazin. C'est pour cela qu'une réforme est nécessaire !
Mme Sonia Krimi. Le traitement du séjour irrégulier en France est devenu une angoisse pour les étrangers, pour les associations, dont nous saluons tous le travail, pour les forces de police, pour les préfectures et pour les avocats.
M. Fabien Di Filippo. Gérard Collomb n'est pas d'accord !
Mme Sonia Krimi. Monsieur le ministre d'État, pourriez-vous détailler l'équilibre politique de votre réforme…
M. Fabien Di Filippo. La gauche n'applaudit plus, du coup !
Mme Sonia Krimi. …une réforme sans postures et préjugés, une réforme juste et humaine qui nous engage tous ? (Applaudissements sur les bancs des groupes REM, FI et GDR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur . Madame la députée Sonia Krimi, je vous remercie tout d'abord pour votre question…
M. Fabien Di Filippo. Parce que vous l'avez écrite !
M. Gérard Collomb, ministre d'État . …car elle nous permettra de donner quelques explications.
Permettez-moi d'abord de saluer votre parcours. J'ai regardé, et c'est un très beau parcours. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe REM.) J'aimerais que beaucoup de jeunes, demain, aient le même – mais pour cela, il faut évidemment regarder la réalité.
La réalité, c'est qu'entre 2013 et 2017, nous sommes passés de 63 000 à 97 000 demandes d'asile, qu'en l'espace de trois ans nous sommes passés de 5 000 à 14 000 mineurs isolés. Pourquoi ?
M. Jean-Paul Lecoq. À cause de la guerre, de la misère !
M. Pierre Cordier. Pas que ! Pas que !
M. Gérard Collomb, ministre d'État . Parce qu'aujourd'hui, des réseaux de passeurs, à travers l'Afrique, à travers la France, mènent des gens vers le désespoir. En France, nous avons arrêté 300 réseaux de passeurs !
Alors, que voulons-nous faire, avec le Président de la République ? Une politique équilibrée !
M. Pierre Cordier. Répondez à la question !
M. Gérard Collomb, ministre d'État. Ce matin, j'ai accueilli trente personnes, des réfugiés originaires du Darfour et d'Érythrée. Nous disons, effectivement, que demain, nous ferons la guerre aux passeurs,…
M. Jean-Paul Lecoq. Et à la misère ! Et à la guerre !
M. Pierre Cordier. Vous faites semblant !
M. Gérard Collomb, ministre d'État. …avec tous les pays d'Afrique et d'Europe qui ne veulent pas de passeurs qui traversent leurs frontières ! (Applaudissements sur les bancs du groupe REM.)
Auteur : Mme Sonia Krimi
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Étrangers
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 décembre 2017